(BFI) – Le succès qui entoure l’opération de refinancement de l’eurobond 2015 entrevoit de bonnes perspectives pour l’économie camerounaise. Après un Roadshow du 23 au 29 juin 2021 à Paris, en France, plus de 200 investisseurs ont répondu présent à l’appel du Cameroun qui a eu recours à une émission obligataire internationale pour en grande partie refinancer l’eurobond.
Les principales caractéristiques obtenues au terme des négociations le 30 juin 2021 montrent un réel intérêt des investisseurs sur les perspectives de développement du Cameroun.
Sur un montant sollicité de 450 milliards de FCFA (685 millions d’euros), le montant obtenu s’élève à 1481,15 milliards de FCFA, (2, 258 milliards d’euros) pour un taux de couverture de 321%. Le montant limite retenu 450 milliards FCFA avec un taux d’intérêt de 5.95% correspond à la dette contractée lors de l’eurobond 2015.
Les échéances de remboursement entre 2021 et 2024 d’une valeur de 150 milliards de FCFA par an exerçaient une énorme pression sur le Cameroun au regard de la conjoncture économique défavorable. En renvoyant la maturité de cet eurobond à 11 ans, cette nouvelle donne une marge de manœuvre pour le Cameroun qui pourrait orienter ses priorités de financement en l’adaptant au contexte actuel.
« Concernant l’opération de rachat, la principale information à retenir est que l’Etat a atteint un taux de rachat record, qui se situe à environ 80% du montant de la souche de 2015. Après l’émission inaugurale de 2015 dont le taux d’intérêt était de 9,50%, le Cameroun en ce premier semestre de l’année 2021, fait un retour apprécié sur les marchés internationaux des capitaux, notamment celui des eurobonds » a indiqué le ministre des Finances Louis Paul Motazé.
Malgré un environnement économique difficile renforcé par la crise sanitaire liée au Coronavirus, il s’agit d’une bonne nouvelle pour le Cameroun dans la perspective de la signature d’un nouveau programme économique et financier avec le Fonds monétaire international (FMI) où plus de 375 milliards de FCFA (571 euro) sont attendus.
« L’opération attire des capitaux étrangers » Dr Fabien Clive Ntonga Efoua, enseignant-chercheur à l’Université de Yaoundé II-Soa
En quoi un eurobond diffère-t-il des autres titres émis par un Etat ?
Les eurobonds sont des « obligations » classées dans la catégorie de valeurs mobilières, c’est-à-dire des titres négociables sur les marchés financiers. À l’opposé des actions (qui sont des titres de propriété), elles représentent une dette ou une créance. Ensuite, contrairement à ce que suggérerait leur nom, les eurobonds sont généralement libellés en dollars (qui constituent la principale monnaie de réserve dans le monde). Ainsi, parlant spécifiquement du cas du Cameroun, il faut bien distinguer les euro-obligations des obligations domestiques (i.e. celles qui sont émises sur le marché camerounais) et des obligations internationales (émises sur les marchés financiers internationaux) en francs CFA.
Pourquoi émettre des eurobonds ?
L’émission d’eurobonds permet à un État d’emprunter auprès des marchés financiers internationaux. Les eurobonds présentent également l’avantage d’attirer des capitaux étrangers, ainsi que des devises. En effet, comme la plupart des pays en développement, le Cameroun a besoin d’importantes ressources non seulement pour financer ses projets d’infrastructures, mais également pour atteindre ses objectifs de développement. Or, la crise sanitaire qui sévit depuis 2019 a eu des conséquences néfastes sur l’ensemble de la planète. Les échanges ont connu une baisse drastique, aussi bien à l’intérieur du territoire qu’avec l’étranger ; ce qui fragilise davantage notre économie.
Par ailleurs, depuis quelques années, les pays de la Cemac (dont le Cameroun est membre) font face à une (pseudo) pénurie de devises. En outre, de manière générale, les pays situés hors du continent africain comptent davantage d’investisseurs étrangers aussi bien en quantité qu’en qualité, qu’il s’agisse des Occidentaux, des investisseurs du Moyen-Orient ou des Chinois. De ce point de vue, l’émission d’obligations d’un État africain dans une devise internationale de référence (en Dollars et/ou en Euros) peut se justifier. De fait, ces investisseurs doivent se couvrir contre le risque de change.