(BFI) – La Chine est sortie le plus rapidement de la secousse provoquée par le coronavirus. Sa croissance et des taux d’intérêt attractifs sur son marché de la dette attirent les investisseurs et une forte demande pour sa monnaie. Une évolution à suivre par les autorités en Afrique.
Plusieurs hommes d’affaires africains qui s’approvisionnent en Chine ont dû réaliser que le prix des produits a augmenté le vendredi 9 octobre 2020. La raison est simple, le yuan, la monnaie chinoise, a connu une hausse de sa valeur. Elle a en effet bondi de 1,45%, sa plus forte progression depuis 2005, date à laquelle la Chine a abandonné la parité fixe avec le dollar.
Cette situation est à suivre sur le continent noir pour lequel la Chine s’est présentée comme une alternative pour l’approvisionnement en biens d’équipement, dont les prix sont jugés plus accessibles. Le yuan qui se renforce c’est une hausse future de la facture des importations en provenance de ce pays. Le risque n’est pas léger, car la performance de la monnaie chinoise semble liée à une volonté politique concrète de renforcer son statut de réserve internationale.
Presque négligée par les pays développés lorsqu’elle a annoncé ses premiers cas de coronavirus et confiné sa population, la Chine est aussi le pays qui s’est le plus rapidement remis de la pandémie. Pendant ce temps, l’Europe et l’Amérique du Nord plongeaient dans un chaos économique et social sans précédent. Le coup dur est surtout pour les Etats-Unis.
Bien ancrées dans leur statut de pays abritant la réserve de change par excellence dans le monde, les autorités américaines ont pris des décisions qui ont affaibli le dollar. Entre les rachats d’obligations, l’augmentation des dollars disponibles pour des pays partenaires, et les stimuli budgétaires, la Banque centrale américaine a injecté des milliers de milliards $ dans l’économie mondiale.
L’une des conséquences de ces politiques d’injections massives de liquidité sur le marché de la dette a été une baisse des taux d’intérêt sur les obligations. Or, la Chine a bien compris que pour renforcer la domination internationale de sa monnaie, elle doit doper son marché de la dette. Son gouvernement a donc apporté un appui budgétaire massif à l’économie ; ce qu’il sait bien faire en tant que pays socialiste, et sa Banque centrale a maintenu les rendements élevés sur les obligations.
Cette situation a rendu attractif le marché chinois de la dette, et attiré de nombreux investisseurs souhaitant acquérir des titres émis en yuan, afin de tirer profit des gains situés entre 2,5 et 3% de la mise initiale. Avec une solide reprise globale de son économie, la Chine a de quoi plaire aux investisseurs internationaux.
Selon des données de Standard Chartered Bank citées par Le Financial Times, près de 7000 milliards de yuans étaient détenus par des investisseurs internationaux sous la forme de produits financiers à fin mai 2020. Ce chiffre a dû évoluer entre-temps.
Agence Ecofin