(BFI) – Selon Véronique Moampea Mbio, la directrice générale (DG) de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), les manipulations frauduleuses des produits pétroliers par des trafiquants de toute sorte causent chaque année à l’économie nationale, une perte sèche estimée à 32 milliards de FCFA. Ceci, sans compter « la destruction de l’environnement. Car, déplore-t-elle, ces opérations de frelatage sont pratiquées dans des espaces non appropriés, permettant ainsi aux résidus physicochimiques de s’infiltrer dans le sol et de détruire la faune et la flore » revèle Investir au Cameroun.
À la SCDP, l’on range dans le terme « manipulations frauduleuses » des phénomènes tels que le frelatage des produits pétroliers en les mélangeant à d’autres substances, le transport des hydrocarbures dans des équipements non adaptés, le stockage des produits pétroliers à des endroits n’obéissant pas aux standards de sécurité requis, le siphonnage des camions-citernes ou des bouteilles de gaz domestique…
Telles sont autant de pratiques qui, selon les experts de la SCDP, exposent leurs auteurs (qui n’ont par ailleurs aucune expertise dans le domaine) à de nombreux dangers, provoquant souvent des pertes en vies humaines. De ce point de vue, l’on se souvient encore des dégâts causés par l’explosion récente à Yaoundé, la capitale du pays, d’un domicile privé transformé en centre emplisseur de gaz domestique par des trafiquants.
Afin de conscientiser les populations sur les dangers de ces pratiques, et pouvoir ainsi réduire l’ampleur des dégâts y afférents, la SCDP vient de lancer une campagne nationale contre la manipulation frauduleuse des produits pétroliers. « Nous envisageons la mise sur pied de centres d’appels et peut-être plus tard des émissions télé et radio de sensibilisation et de dénonciation », annonce Véronique Moampea Mbio.
La campagne a été lancée dans la partie septentrionale du Cameroun, où s’est développée, depuis des années, une intense activité de contrebande des produits pétroliers avec le Nigeria voisin. Le phénomène y est d’autant plus prégnant que ces régions (Nord, Adamaoua et Extrême-Nord) du Cameroun ne disposent pas d’assez de stations-service, pour assurer le ravitaillement des populations en produits pétroliers. D’où le recours quasi systématique au « zoua zoua », nom usuel de ce super ou gasoil frelaté, importé en contrebande du Nigeria, que des personnes de tous âges vendent librement dans les rues de cette partie du pays.