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La filière Ouest africaine des fèves de cacao en manque de traçabilité et de transparence

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(BFI) – Chez le premier producteur et exportateur de cacao, la Côte d’Ivoire, plus de la moitié des fèves ne sont pas traçables. C’est ce que montre une étude, à l’heure où la règlementation européenne devient de plus en plus exigeante en termes de durabilité et de traçabilité du cacao importé.

Un manque « criant » de traçabilité et de transparence dans la filière cacao ouest-africaine, c’est ce qui ressort de l’étude de plusieurs chercheurs de l’université de Louvain publiée dans la revue Environmental Research Letters. Ces scientifiques ont remonté les chaînes d’approvisionnement des exportateurs via des données collectées par Trase, une initiative de transparence basée sur une cartographie du commerce international et du financement des produits agricoles de base.

Et le bilan se résume en un chiffre : en 2019, seulement 45% des exportations de cacao étaient tracées jusqu’aux coopératives de producteurs et encore moins jusqu’aux cacaoculteurs ou aux plantations. L’origine du reste des fèves commercialisées, soit plus de la moitié, était inconnue à la date de l’étude : soit parce que les négociants s’approvisionnent auprès d’intermédiaires, soit parce qu’ils ne divulguent pas d’information sur leur fournisseur. « Or la traçabilité ne vaut que si elle est publique », explique Cécile Rénier, la coordinatrice de l’étude, en réponse à ceux qui avancent un besoin de confidentialité.

Traçabilité insuffisante pour répondre à la règlementation européenne

Les données obtenues par les chercheurs reflètent une moyenne et diffèrent selon les exportateurs et les destinataires : si l’on ne s’intéresse qu’au cacao exporté vers l’Europe, une plus grande proportion est issue de plantations cartographiées. Mais dans tous les cas, la traçabilité était en 2019 et est encore très largement insuffisante pour répondre aux nouvelles exigences européennes de ne plus importer de cacao issu de zones déforestées depuis le 31 décembre 2020.

La campagne de traçabilité « ambitieuse » lancée depuis trois ans dans le pays, va dans le bon sens, selon la coordinatrice de l’étude, mais n’est pas un gage automatique de transparence de la filière.

Tracer pour freiner la déforestation

Vingt-cinq pour cent des cacaoyères se trouvent aujourd’hui dans des forêts classées ivoiriennes qui continuent d’être détruites, et les fèves qui y sont cultivées trouvent de facto leur chemin jusqu’aux exportateurs et chocolatiers. Selon les données compilées par les chercheurs belges, entre 2000 et 2019, près de 2,5 millions d’hectares de forêt ont été remplacés par des plantations de cacao en Côte d’Ivoire.

Selon cette étude scientifique, l’exploitation incontrôlée de cacao menace en particulier les forêts frontalières du Liberia : dans cette zone, 80 à 100% du cacao exporté n’est pas traçable jusqu’à son premier acheteur et encore moins jusqu’à son planteur. Un cacao 100% tracé serait en théorie le gage d’une filière zéro déforestation. Mais les experts du secteur ne sont pas dupes : le cacao n’a pas de couleur, rappelle l’un d’eux, et rien ne ressemble plus à une fève issue d’une parcelle défrichée récemment qu’une fève issue d’une ancienne plantation.

Rédaction
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