(BFI) – Comment la Banque mondiale, fortement challengée par le Covid-19, entend-elle relever les défis du développement ? L’un de ses Vice-présidents Afrique répond.
C’est peu de dire que les chantiers africains sont à la fois importants et délicats pour la Banque mondiale. Cible de nombreuses critiques depuis que, dans les années 1990, elle a présidé aux ajustements structurels des économies africaines, la Banque mondiale demeure pourtant un interlocuteur privilégié des gouvernements du continent. Comptant, avec le Fonds monétaire international, parmi les principales institutions financières multilatérales avec lesquelles ceux-ci doivent tabler pour des financements de projets, pour des prêts à taux concessionnels ou pour les dossiers de rééchelonnement de dettes ou d’aide au développement, la Banque mondiale doit non seulement changer son logiciel d’approche de l’Afrique, mais elle doit clairement le faire sentir sur le terrain pour mieux contenir la défiance à son endroit d’une frange de la population africaine. Autant dire que cette période difficile du Covid-19 la défie fortement tant son approche et ses initiatives sont scrutées à la loupe. Vice-président pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de la Banque mondiale, Ousmane Diagana s’est confié sur la perception que l’institution de Bretton Woods a de l’Afrique aujourd’hui, mais aussi sur les aménagements mis en œuvre pour améliorer l’approche et le rendu sur le terrain africain.
Quand on parle de la Banque mondiale et de l’Afrique, tout le monde pense aux plans d’ajustement structurel. Autant dire aujourd’hui que le chantier du Covid-19 est d’importance. Que pouvez-vous nous en dire ?
La Banque mondiale intervient en Afrique à travers des financements divers. Les appuis budgétaires que vous appelez « programmes d’ajustement structurel » sont des appuis adossés à des réformes. Ils aboutissent à des financements vers des budgets des États pour permettre à ces derniers de faire face à leurs dépenses de souveraineté, à des dépenses récurrentes. En plus de ces appuis budgétaires, la Banque mondiale accompagne aussi les États africains par des programmes d’investissements divers et variés, des programmes d’assistance publique et des conseils. Sur tous ces points, ce partenariat entre la Banque mondiale et l’Afrique dure depuis longtemps. Quant au Covid, il est venu lui poser des challenges encore plus importants même si beaucoup de pays africains avaient auparavant enregistré une certaine embellie. La question qui nous est maintenant posée est de savoir comment faire en sorte que les difficultés nées du Covid-19 puissent être aplanies le plus rapidement possible en créant les conditions d’un retour à une croissance forte.
C’est dire combien, à la Banque mondiale, cette intervention est placée sous l’auspice à la fois de l’urgence et de l’engagement le plus important possible. Nous accordons la priorité aux investissements au regard des conséquences de la crise sanitaire du Covid-19. Dans ce contexte, les interventions de la Banque mondiale doivent aider à protéger des vies, mais aussi faire en sorte que les moyens de subsistance des populations se maintiennent. Il convient ici de rappeler que le Covid-19 a aussi entraîné une crise économique sans précédent. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que nous pourrons créer les conditions d’une reprise économique forte et durable.
Quand on se plonge dans l’historique des économies, de la souveraineté et de l’administration en Afrique, on est obligé de se rappeler un certain nombre de mesures que la Banque mondiale a prises qui ont finalement affaibli les États dans leur capacité à réagir. Faut-il le rappeler, les différents plans proposés ont, entre autres, conduit à des coupes budgétaires qui ont surtout impacté les secteurs sociaux et de la santé…
Je pense que c’est une interprétation qui n’est pas juste. La Banque mondiale a toujours placé au cœur de ses interventions le renforcement du capital humain. Depuis toujours, le financement des secteurs de l’éducation, de la santé et de la protection sociale a été privilégié. C’est vrai que, à un moment donné, la gestion des finances publiques et les problèmes de gouvernance ont conduit les États à être dans l’impossibilité de faire face à leurs dépenses, et ce, d’autant que les revenus de ces États se sont avérés insuffisants. La conséquence est qu’il a fallu définir des programmes permettant de réduire les dépenses ou de les aligner sur le niveau des revenus sans remettre en cause ce pour quoi le développement doit être fait, c’est-à-dire l’humain. Jamais la Banque mondiale n’a entrepris des mesures au détriment du secteur de l’éducation et de la santé. Je peux vous le dire avec certitude parce que j’ai travaillé sur ce type de programme à l’époque.
Restons sur ce terrain où vous dites qu’il y a eu un problème de gouvernance entraînant finalement des insuffisances en termes de ressources. Qu’est-ce que la Banque mondiale a fait après pour permettre aux États d’être à même de retrouver une vigueur améliorant leur niveau de recettes ?
Dans le cadre de la Banque mondiale, les insuffisances ou les contraintes les plus significatives sont identifiées. Nous travaillons avec les pays pour les définir ensemble de manière à prendre des initiatives qui soient de nature à leur corriger ses contraintes. C’est ainsi que nous avons financé des programmes, d’assistance technique en particulier, pour améliorer la chaîne de la dépense publique, pour renforcer la sélection et la gestion des programmes d’investissements publics ainsi que le capital humain. La Banque mondiale s’est donc attelée à former des compétences capables de gérer de manière efficace et rigoureuse les programmes de l’État.
Quand elle discute avec des États pour concevoir des projets et des programmes ou, tout simplement, pour les accompagner dans la gestion de leur propre budget, la Banque mondiale s’assure en amont que les mécanismes les plus appropriés sont définis. Elle fait très attention à la prise en compte des préoccupations des citoyens et à la nécessité de faire des budgets qui répondent aux priorités de ces populations.
Avec le recul, on se rend donc compte que l’Afrique a deux faiblesses très fortes : au niveau fiscal et au niveau industriel. Qu’est-ce que la Banque mondiale va changer dans son logiciel pour mieux s’adapter à l’environnement africain tel qu’il se révèle aujourd’hui ?
Lorsqu’on regarde la structure des économies africaines, on se rend compte que celles-ci sont fondamentalement dominées par le secteur informel. Je précise d’ailleurs qu’il y a deux types d’informel en Afrique : d’un côté, il y a un informel qui évolue dans un environnement totalement informel ; de l’autre, il y a un informel qui a un pied dans le formel, mais qui ne contribue pas aux budgets des États, comme le secteur formel peut le faire.
Quel est le défi que nous devons relever face à cette situation ? Il est de trouver les moyens de formaliser l’économie même si c’est de manière graduelle. Il faut prendre en compte le fait qu’il y a des étapes à franchir. La Banque mondiale fait beaucoup d’efforts, avec d’autres partenaires des différents États, pour que ce problème soit résolu. La règle numéro un pour y arriver, c’est la transparence. S’y ajoute l’importance qu’on accorde au système éducatif qui doit servir à d’abord former des citoyens avant que ceux-ci ne soient des entrepreneurs. Cette formation à la citoyenneté est extrêmement importante, car il faut obtenir que les habitants comprennent que la chose publique est d’abord leur chose. Et qu’un État ne peut pas se développer s’il n’est pas capable de générer les ressources qui vont lui permettre de financer ses infrastructures, de participer au fonctionnement de l’État, à celui des écoles et de la santé.
Cela devient possible si des impôts sont d’abord payés et à temps. Il est clair que c’est la valeur ajoutée qui permet la transformation économique d’un État. Ceci explique l’importance des chaînes de valeurs, de l’industrialisation et de l’agro-industrie. Aujourd’hui, cela fait partie de nos priorités en tant qu’institution comme cela l’a été dans le passé.
Cela me conduit à parler de ce que nous voulons faire au niveau du département de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.
Nous avons identifié quatre faiblesses majeures des États. J’ai déjà parlé de la problématique de la gouvernance et des institutions qui fait que le citoyen n’a pas nécessairement confiance en l’État et cela amène parfois des situations de conflits, comme on l’observe dans nombre de nos pays. La deuxième faiblesse est dans toutes ces lourdeurs administratives et bureaucratiques qui font que le secteur privé ne peut pas jouer pleinement son rôle.
Ensuite, il y a lieu de rappeler que, dans la plupart des pays, il y a une forte dépendance aux ressources naturelles. Souvent, il s’agit d’une ou deux matières premières, ce qui réduit considérablement l’espace fiscal.
La quatrième faiblesse, c’est l’impact du changement climatique auquel la plupart de nos pays sont exposés.
Par rapport à tous ces défis, nous avons bâti une stratégie qui consiste à travailler avec les États en adaptant nos programmes et nos projets. Cette stratégie nous permet aussi de mieux cibler le type d’assistance technique que nous devons mettre à leur disposition, le type de partenariat que nous devons mettre en place au niveau national, avec les gouvernements, avec le secteur privé, avec la société civile, avec les universitaires, mais également sur le plan international. Les autres accompagnateurs du développement doivent travailler ensemble sous l’égide des États et de leurs populations pour que leur contribution puisse être efficace et solide.
Quelles sont les mesures majeures que vous avez prévues pour faire les changements structurels dont les économies africaines ont besoin aujourd’hui au regard de tous les défis que vous avez cités ?
En marge de la question de la gouvernance dont nous avons largement parlé, il faut savoir qu’une économie ne peut pas se développer si l’électricité ou l’énergie ne sont pas disponibles dans le pays. En Afrique, très peu de pays ont un taux d’accès à l’électricité qui dépasse les 50 %. Dans les pays du Sahel, ce taux est de 20 % et il y a certains pays où cela ne va pas au-delà. Parallèlement, il faut savoir que seuls 25 % des écoles en Afrique ont accès à l’électricité pour seulement 20 % des hôpitaux.
Dans ce contexte, il est clair que l’agriculture ne peut pas se développer, les enfants ne peuvent pas étudier et les personnes se soigner dans de bonnes conditions. Le résultat, l’économie comme les populations sont en souffrance d’où la nécessité absolue d’accorder la priorité à un accès significatif des populations à l’énergie. C’est là une condition indispensable pour que la modernisation de l’agriculture soit possible. Et les conditions d’une croissance forte, inclusive, durable, créatrice d’emplois seront également remplies. Si je dis que l’électricité et l’accès à l’énergie sont une priorité absolue, c’est aussi parce que je considère que le développement du capital humain est essentiel. Dans le même ordre d’idées, je rappelle que nous devons tirer avantage d’être des contemporains du développement de l’économie numérique.
Je souhaite insister sur le fait que tout le monde doit pouvoir faire l’objet de l’attention de la Banque mondiale, en particulier les jeunes et les femmes qui sont parmi les populations les plus affectées par les conséquences d’insuffisances de la mauvaise gouvernance. Quand nous parlons de développement, nous pensons d’abord à l’inclusivité des femmes et des jeunes qui assurent à la fois prospérité et postérité dans les sociétés mais aussi au niveau économique. Cela nous ramène à nouveau au point essentiel de la nécessité d’avoir des ressources propres. En tout cas, de trouver les moyens de les avoir.
Deux conventions internationales, le plan d’action BEPS et la norme commune de déclaration (NCD), plus connue sous son acronyme anglais CRS (Common Reporting Standard), sont à même de permettre aux pays africains d’augmenter leur base d’imposition, de lutter contre l’évasion fiscale et d’améliorer la transparence sur les flux financiers dans lesquels ils sont impliqués. Ce sont des préoccupations d’actualité au regard de la décision des pays de l’OCDE de fixer à 15 % au moins le taux d’imposition sur les bénéfices des multinationales. Est-ce que la Banque mondiale appuie les pays africains dans la démarche d’adhérer à ces conventions ? Si non, pourquoi ? Si oui, comment ?
Je pense que, pour être durable et pérenne, le financement du développement doit être porté par des étapes dans la mobilisation des ressources domestiques. C’est une priorité que nous soutenons de façon très forte. Partout où nous avons des projets, nous accordons la priorité à l’économie numérique et au digital. L’explication de cette approche va au-delà de la volonté de formalisation de l’économie, de la lutte contre la mauvaise gouvernance ou contre la corruption.
En effet, lorsque vous décidez de dématérialiser un processus de financement, vous réduisez significativement les risques de corruption et, par conséquent et mécaniquement, vous contribuez à augmenter les recettes et l’assiette fiscales. Autrement dit, au-delà du contenu des conventions, ce sont les mécanismes en place qui vont nous permettre d’arriver à élargir le champ fiscal, responsabiliser les individus, situer les faiblesses du système et atteindre les objectifs. Je suis très heureux de constater que de nombreux acteurs, y compris les gouvernants, placent ces questions au centre de leur stratégie de développement. La Banque mondiale se tient à leurs côtés pour les accompagner et les aider à les adresser.
Un sujet qui préoccupe beaucoup les Africains en ce moment, c’est celui des vaccins. Vous avez évoqué la reprise de l’économie africaine, mais comment faire quand les populations ne sont pas vaccinées ? Comment la Banque mondiale peut-elle appuyer le continent dans l’objectif de produire ses propres vaccins ?
Nous avons agi en intégrant la dimension urgente du problème. D’une part, parce qu’il est de notre ressort de répondre aux problèmes sanitaires. D’autre part, parce que la vaccination des populations est une des conditions d’une reprise économique rapide et durable.
Nous avons déjà financé des projets d’acquisition de vaccins pour vingt des vingt-deux pays que couvre mon département. Nous avons ainsi engagé un milliard de dollars. Nous venons d’avoir une discussion avec l’Union africaine et avons décidé de financer 400 millions de doses de vaccins pour permettre la vaccination de 60 % de la population africaine d’ici la fin de l’année. C’est une condition indispensable pour assurer l’immunité des Africains et, par conséquent, créer les conditions d’une ouverture totale de l’économie.
Cela dit, vous avez raison ! Il ne s’agit pas simplement d’acheter des vaccins ; il faut renforcer la capacité de production vaccinale sur le continent. Il faut savoir que, pour toutes les maladies qui existent, seuls 5 % des vaccins sont produits en Afrique. Ce n’est acceptable ni moralement ni économiquement.
De fait, la Banque mondiale est en train de discuter avec des États africains pour renforcer leur capacité de production de vaccins. La Société financière internationale, qui est la filiale de la Banque mondiale qui travaille avec le secteur privé, a signé à cet égard une convention avec Aspen, une entreprise pharmaceutique sud-africaine. Nous sommes également en discussion avec l’Institut Pasteur au Sénégal pour faire en sorte que ce site qui produit déjà des vaccins contre la fièvre jaune puisse aussi produire d’autres vaccins. C’est une priorité pour nous. Elle est fondamentalement économique, mais aussi et surtout de nature à répondre à des problématiques humaines.
Allez-vous continuer à acheter des vaccins dans le cadre de l’initiative Covax alors même que certains d’entre eux ne sont pas reconnus sur d’autres continents comme l’Europe ?
Covax, le dispositif mis en place par la communauté internationale, est soutenu par la Banque mondiale et ses partenaires. Son objectif au départ était de faire en sorte que les vaccins puissent être disponibles. Le mécanisme demeure et est en train d’être renforcé. Il y a d’autres canaux qui sont en train d’être prévus pour faire en sorte que le vaccin puisse être disponible au niveau africain, en grande quantité et le plus tôt possible.
En effet, lorsque vous décidez de dématérialiser un processus de financement, vous réduisez significativement les risques de corruption et, par conséquent et mécaniquement, vous contribuez à augmenter les recettes et l’assiette fiscales. Autrement dit, au-delà du contenu des conventions, ce sont les mécanismes en place qui vont nous permettre d’arriver à élargir le champ fiscal, responsabiliser les individus, situer les faiblesses du système et atteindre les objectifs. Je suis très heureux de constater que de nombreux acteurs, y compris les gouvernants, placent ces questions au centre de leur stratégie de développement. La Banque mondiale se tient à leurs côtés pour les accompagner et les aider à les adresser.
Un sujet qui préoccupe beaucoup les Africains en ce moment, c’est celui des vaccins. Vous avez évoqué la reprise de l’économie africaine, mais comment faire quand les populations ne sont pas vaccinées ? Comment la Banque mondiale peut-elle appuyer le continent dans l’objectif de produire ses propres vaccins ?
Nous avons agi en intégrant la dimension urgente du problème. D’une part, parce qu’il est de notre ressort de répondre aux problèmes sanitaires. D’autre part, parce que la vaccination des populations est une des conditions d’une reprise économique rapide et durable.
Nous avons déjà financé des projets d’acquisition de vaccins pour vingt des vingt-deux pays que couvre mon département. Nous avons ainsi engagé un milliard de dollars. Nous venons d’avoir une discussion avec l’Union africaine et avons décidé de financer 400 millions de doses de vaccins pour permettre la vaccination de 60 % de la population africaine d’ici la fin de l’année. C’est une condition indispensable pour assurer l’immunité des Africains et, par conséquent, créer les conditions d’une ouverture totale de l’économie.
Cela dit, vous avez raison ! Il ne s’agit pas simplement d’acheter des vaccins ; il faut renforcer la capacité de production vaccinale sur le continent. Il faut savoir que, pour toutes les maladies qui existent, seuls 5 % des vaccins sont produits en Afrique. Ce n’est acceptable ni moralement ni économiquement.
De fait, la Banque mondiale est en train de discuter avec des États africains pour renforcer leur capacité de production de vaccins. La Société financière internationale, qui est la filiale de la Banque mondiale qui travaille avec le secteur privé, a signé à cet égard une convention avec Aspen, une entreprise pharmaceutique sud-africaine. Nous sommes également en discussion avec l’Institut Pasteur au Sénégal pour faire en sorte que ce site qui produit déjà des vaccins contre la fièvre jaune puisse aussi produire d’autres vaccins. C’est une priorité pour nous. Elle est fondamentalement économique, mais aussi et surtout de nature à répondre à des problématiques humaines.
Allez-vous continuer à acheter des vaccins dans le cadre de l’initiative Covax alors même que certains d’entre eux ne sont pas reconnus sur d’autres continents comme l’Europe ?
Covax, le dispositif mis en place par la communauté internationale, est soutenu par la Banque mondiale et ses partenaires. Son objectif au départ était de faire en sorte que les vaccins puissent être disponibles. Le mécanisme demeure et est en train d’être renforcé. Il y a d’autres canaux qui sont en train d’être prévus pour faire en sorte que le vaccin puisse être disponible au niveau africain, en grande quantité et le plus tôt possible.
Ce qui est important, c’est que les vaccins soient de bonne qualité, qu’ils soient certifiés par l’OMS. Je ne suis pas médecin pour aller dans les détails, mais je pense que ce qui est important pour les Africains, et comme partout ailleurs, c’est bien sûr d’avoir accès aux vaccins et que ceux-ci soient de très bonne qualité. La Banque mondiale, en tant qu’organisation créée par et pour les États, sera au service des États. Partout où elle va intervenir, elle va faire entendre leurs voix afin que les populations puissent avoir accès à des biens et des services de bonne qualité et en temps voulu. C’est pour cela aussi que nous portons la voix des Africains auprès d’autres organisations, y compris auprès de l’industrie pharmaceutique pour dire qu’il faut que les vaccins soient accessibles à la fois sur le plan géographique et sur le plan financier.
Qu’est-ce que la Banque mondiale prévoit pour changer la donne au niveau de l’agro-industrie afin de permettre aux pays africains de partir au moins de ce qu’ils ont, c’est-à-dire l’agriculture ?
Je dis toujours que l’agriculture, au-delà de sa fonction première qui est d’assurer la sécurité alimentaire, est une source de création d’emplois et de richesses. Et pour remplir ces deux rôles, il est nécessaire que l’agriculture soit transformée. Il faut que les produits agricoles soient transformés, qu’il y ait de la valeur ajoutée et donc que des chaînes de valeur soient créées.
La promotion de l’agro-industrie est une priorité de la Banque mondiale. Nous avons des projets spécifiques dans la plupart des pays africains et avons placé au cœur de nos interventions la promotion de l’agro-industrie pour accélérer le processus de transformation économique des pays, ce qui est aussi une condition sine qua non pour la création d’emplois parce que ce dont les pays africains ont besoin, c’est de beaucoup d’emplois, des emplois décents et de qualité. De mon point de vue, à travers l’agro-industrie, cet objectif fondamental peut être atteint.
Qu’est-ce que la Banque mondiale met en place pour éviter que des détournements de fonds et des faits de corruption puissent être exercés sur ses propres fonds ?
La Banque mondiale a une présence forte sur le terrain. Dans chacun des pays où nous intervenons, nous avons un bureau composé d’un staff international, d’un staff national en étroite collaboration avec nos partenaires, qu’il s’agisse des gouvernements ou du secteur privé. Il y a une supervision régulière des programmes que la Banque mondiale conduit sur les projets qu’elle finance. Il y a également des audits indépendants annuels qui sont organisés.
À part ça, la Banque mondiale a mis en place un système de suivi et d’évaluation et dispose, par ailleurs, en son sein d’un département baptisé « Intégrité ». Sa mission fondamentale est de lutter contre la corruption. Cela dit, la Banque mondiale ne part pas sur l’a priori que les États ou les responsables des projets sont corrompus. Elle travaille en partenariat avec les États et met en place des mécanismes de prévention et de surveillance dans le cadre de l’exécution des programmes. Lorsque des insuffisances doivent être corrigées, nous mettons en place des mécanismes pour renforcer les capacités parce que nous sommes une institution d’accompagnement du développement. Il faut que les capacités soient créées et que l’accompagnement soit fait. Bien sûr, lorsque nous constatons qu’il y a de la corruption, nous réagissons de manière très forte parce que sur ces questions, c’est la tolérance zéro.