(BFI) – Selon le rapport de prévision sur l’économie de la Banque mondiale (BM) publié jeudi 16 janvier, plusieurs indicateurs économiques se sont améliorés sur un an en Afrique subsaharienne : la croissance s’est accélérée, passant de 2,9 % en 2023 à 3,2 % en 2024, sur fond de reflux d’inflation et d’assouplissement des conditions financières. Cependant ces bons résultats cachent des disparités importantes selon les pays et les défis et risques restent nombreux, souligne l’institution internationale.
Le conflit violent qui sévit au Soudan, ainsi que les difficultés rencontrées par de grandes économies, telles que le Nigéria et l’Afrique du Sud, ont freiné la reprise économique dans la région. L’inflation devrait baisser cette année même si les prix de l’alimentation sont restés élevés en 2024. Dans ce contexte, la Banque Mondiale anticipe une baisse des taux directeurs, ce qui devrait stimuler la consommation privée et donc l’investissement.
Cependant les marges de manoeuvres budgétaires des États devraient rester limitées, et donc contraindre les dépenses publiques.
Mais ces évolutions macro-économiques impactent peu le quotidien des populations. Dans les deux prochaines années, le revenu par habitant progressera, mais de manière moindre comparée aux autres économies émergentes et en développement. Il régressera même dans des pays comme l’Angola, la Centrafrique ou le Soudan, prévoit la BM.
Parmi les risques de dégradation pointés par l’organisation : l’aggravation de l’instabilité politique et l’intensification des conflits violents dans la région, des taux d’intérêts qui resteraient élevés et pèseraient sur les pays déjà lourdement endettés, l’insécurité alimentaire ou encore de nouveaux phénomènes météorologiques extrêmes.
« Affronter de nombreux vents contraires »
Plus généralement, les prévisions de croissance pour les pays en développement devraient être les plus faibles enregistrées depuis 2000, à un niveau « inférieur à ce qui serait nécessaire pour réduire la pauvreté et atteindre les principaux objectifs de développement mondiaux », s’est inquiété l’institution. « La majorité des éléments qui avaient aidé à leur développement se sont peu à peu dissipés et ils doivent désormais affronter de nombreux vents contraires », a souligné le chef économiste de la BM, Indermit Gill, qui appelle ces pays à « envisager une nouvelle approche en accélérant l’investissement privé et en promouvant un usage plus efficace des talents et du capital ».
L’institution prévoit justement que l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne pourraient profiter d’une demande intérieure forte, ce qui pourrait doper la croissance des pays. D’autant que la croissance devrait connaître un ralentissement en Asie de l’Est et Pacifique, ainsi qu’en Europe et Asie centrale.
Placide Onguéné