(BFI) – » Dynamique de la dette et relance post-Covid « . Tel est le thème du rapport 2021 de la Banque africaine de Développement (BAD), pour l’Afrique centrale (six pays de la Cemac + la République démocratique du Congo), rendu public le 17 novembre dernier, au cours d’un atelier de dissémination que présidait Serge N’Guessan, directeur général du bureau régional de la BAD pour l’Afrique centrale.
Au menu de cette rencontre virtuelle, des exposés mais surtout des échanges pour mieux étayer et comprendre la posture de la Banque, tant sur les prévisions de croissance pour cette année qui tire à sa fin, que sur le niveau d’endettement de cette partie du continent, alors qu’on pense résolument à l’après Covid-19.
Dans le détail, le rapport phare de la BAD est revenu sur la gestion de la pandémie sur le continent, avec son impact sur les économies africaines. Ainsi, il est indiqué que l’Afrique centrale a » efficacement contenu la pandémie, à partir de mesures de riposte rigoureuses, comme le confinement, le port du masque et la fermeture des frontières « .
Toutefois, bien qu’ayant moins frappé sur la sous-région sur le plan humain (3743 décès au 2 novembre 2021), le Covid-19 aura provoqué une contraction de 2,7% du produit intérieur brut réel de l’Afrique centrale en 2020. Faisant de cette partie du continent, la deuxième plus affectée économiquement après l’Afrique australe, dont le PIB aura chuté de 7%.
Mais au regard du rebond des prix du pétrole et des minéraux et de la reprise des activités commerciales, la BAD table sur une croissance de 3,2% en moyenne dans la région en 2021. Surtout que dès le premier trimestre 2021, les pays d’Afrique centrale ont pleinement repris leurs activités économiques, malgré la menace de nouvelles vagues épidémiques à partir du deuxième semestre de cette année. De bonnes nouvelles qui n’ont pas occulté le niveau de l’endettement dans la région qui, avec une prédominance de la dette extérieure à long terme, reste préoccupant pour la Banque.
Niveau d’endettement
Selon la BAD, la dette globale de l’Afrique centrale est passée de 48% de son Pib en 2019 à 54,8% en 2020, avec des pays qui ont atteint les 105%. Situation inquiétante pour la banque panafricaine. Mais de l’avis du Cameroun, il serait nécessaire de relativiser. » Je regrette que chaque fois qu’on parle de dette, on oublie la production qui est faible en Afrique et qui impacte la disponibilité des ressources « , a martelé Louis Paul Motaze, ministre des Finances.
Pour lui, il faut que tous les acteurs travaillent non seulement à contrôler le niveau de la dette des Etats, mais aussi la qualité des projets soumis à financements, remettant ainsi au goût du jour, la sempiternelle question de maturation des projets. Et de conclure que » si la production augmente plus vite que la dette, le taux d’endettement va baisser. » La recommandation du rapport de la BAD de mettre en place une loi fiscale pétrolière communautaire, de renforcer la gestion des entreprises publiques et la gouvernance économique en général, de même que de restructurer la dette des pays de la région n’est donc pas fortuite.
De même, revenant au Covid-19 et à ses conséquences économiques, l’édition 2021 des Perspectives économiques en Afrique centrale propos d’identifier et soutenir financièrement les ménages les plus vulnérables, accompagner les Pme, surtout dans les secteurs les plus touchés par la pandémie comme le tourisme, l’hôtellerie et le transport, et de rééchelonner, voire renégocier, la dette. A moyen terme, il est suggéré de réformer le système de subventions publiques pour de meilleurs ciblages et affectations, de parvenir à mobiliser des revenus autres que pétroliers et miniers, de renforcer et améliorer la politique monétaire dans l’ensemble de la région.