(BFI) – Au cours d’un conseil d’administration, tenu ce 18 octobre à Yaoundé, tous les dirigeants de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam) ont été limogés. Le Camerounais Samuel Libock, jusqu’ici directeur général (DG) de filiale de Somdiaa, désormais contrôlé par le groupe Castel, a été remplacé par le Français Jean-Pierre Champeaux.
Avant sa nomination, ce dernier était le directeur général de la Sucrerie africaine – Côte d’Ivoire (Sucaf CI, filiale ivoirienne de Somdiaa). Il sera secondé par Jean Louis Luscio qui vient de la direction générale de Somdiaa à Paris. Ce dernier remplace Emmanuel Castells qui occupait le poste de directeur général adjoint (DGA).
Samuel Libock avait été promu au poste de DG il y a deux ans, après le départ de son prédécesseur Gilles Drouin. Un an avant, il occupait les fonctions de DGA. Les motifs officiels de ces limogeages ne sont pas révélés. Pour une source interne à l’entreprise, ces décisions sont à mettre en lien avec les tensions enregistrées depuis le départ en décembre 2018 de Louis Yinda qui occupait alors le poste de président-directeur général.
« Son départ a entraîné une chasse aux sorcières menée de main de maître par des cadres camerounais, lesquels ont cru bon de persécuter tous ceux qu’ils croyaient être les protégés de l’ancien top management. D’anciens cadres persécutés, humiliés… ont été contraints au départ », souffle notre source.
En 2021, la Sosucam a annoncé le licenciement de 250 employés pour « insuffisance professionnelle ». Ce qui a perturbé la production. Au point où le gouverneur de la Région du Centre, puis le ministre du Travail sont intervenus pour apaiser les tensions. Mais le top management est resté ferme sur position.
Le nouveau directeur général a occupé par le passé le poste de directeur d’usine de Sosucam. Ses derniers résultats à la tête de la Sucaf-Ci poussent à l’optimisme. Il a réussi à atteindre une production de 112 324 tonnes de sucre pour une récolte record de 1 151 000 tonnes de cannes au cours de la campagne sucrière 2021-2022, et s’était engagé franchir la barre de 125 000 tonnes de sucre d’ici à l’horizon 2025. Cette filiale a fait face, entre 2018 et 2021, à d’énormes difficultés liées à la dégradation des conditions climatiques et à des problèmes agronomiques. Mais les performances de la dernière campagne, par rapport à l’année 2018 où la production a culminé à 108 801 tonnes de sucre, montrent que la Sucaf-Ci se remet de mauvaise passe.
Leader du marché camerounais du sucre (70% de couverture), Sosucam, détenu à 74% par des capitaux français et 26% par l’État du Cameroun, a été créé en 1965. La société revendique 8000 emplois directs et indirects pour une masse salariale annuelle de 14 milliards de FCFA.
Elise Nguélé