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Intercéréales France et l’Union européenne entendent séduire les marchés africains de blé, en particulier le Cameroun

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Cette initiative, annoncée le 8 octobre dernier, entend valoriser les atouts du blé européen, présenté comme offrant une « mie aérée » et une « croûte dorée », en adéquation avec les préférences de consommation locale. « Cette initiative s’inscrit résolument dans une perspective de soutien aux objectifs de souveraineté alimentaire de ces pays. La disponibilité d’un blé de qualité, associé à un partage des savoir-faire, permet d’assurer une sécurité alimentaire durable », affirment Intercéréales et l’UE.

Pour Philippe Heusèle, président des relations internationales d’Intercéréales France, cette campagne va au-delà de la promotion. « Nous sommes fiers de collaborer avec les meuniers africains. Cette campagne est une invitation à construire ensemble un avenir de qualité pour la boulangerie en Afrique. En mettant en valeur les atouts de notre blé, nous voulons fournir aux professionnels locaux les moyens de se différencier et de fidéliser une clientèle toujours plus exigeante en matière de goût », a-t-il dit, cité dans le document.

 Pour concrétiser cet engagement, des sessions de perfectionnement technique sont organisées au profit des meuniers camerounais, ivoiriens et sénégalais, du 29 au 11 octobre 2025. L’objectif, selon Intercéréales, est de « valoriser la transmission de compétences en investissant directement dans le renforcement de leurs savoir-faire et la création d’opportunités durables pour l’ensemble de la filière ». À terme, l’organisation espère contribuer à produire au Cameroun une « baguette d’excellence » reposant sur les qualités intrinsèques du blé européen, capable de satisfaire une demande croissante pour un pain « savoureux et de qualité constante ».

Enjeu économique

 Cependant, derrière cette valorisation du blé européen se cache un enjeu économique majeur pour le Cameroun. Selon les données officielles, le pays importe chaque année entre 800 000 et 1 million de tonnes de blé, principalement de France, de Russie et du Canada. En 2023, la facture s’élevait à 178 milliards de FCFA, selon le site Business in Cameroon.  Ces importations pèsent lourdement sur la balance commerciale et exposent le pays aux fluctuations des cours mondiaux. En 2022, le prix de la baguette de 200 g avait grimpé à 150 FCFA (contre 125 FCFA depuis 2008), avant de redescendre à 135 FCFA fin 2023 après des négociations entre l’État et les acteurs du secteur.

Au Cameroun, le pain est un aliment de base consommé quotidiennement par toutes les catégories sociales. Mais derrière cette habitude bien ancrée, un défi de taille se pose : répondre à une demande croissante en farine de qualité, alors que les meuniers font face aux fluctuations des importations de blé et à la volatilité des prix sur le marché international. Si Intercéréales affirme que son initiative « s’inscrit (…) dans une perspective de soutien aux objectifs de souveraineté alimentaire » des pays ciblés, les autorités camerounaises privilégient, elles, une autre piste : l’intégration progressive des farines locales (manioc, maïs, patate douce…) dans la production de pain. Les expérimentations menées montrent qu’une incorporation allant jusqu’à 15 % est possible, sans altérer ni le goût ni la texture.

Pour les boulangers, le dilemme est clair : satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante tout en absorbant le coût élevé du blé importé. Pour l’État, l’enjeu est double : réduire la lourde facture des importations et soutenir les filières locales. Cette orientation s’inscrit dans la politique d’import-substitution, inscrite dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30), qui ambitionne de renforcer la production et la transformation locales, notamment dans l’agriculture et l’agroalimentaire, afin de tendre vers une véritable souveraineté alimentaire.

Rédaction
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