AccueilFinanceBanques« Il n'est pas possible d'être leader dans tous les domaines sur chaque...

« Il n’est pas possible d’être leader dans tous les domaines sur chaque marché » Jeremy Awori, DG d’Ecobank

-

L’UEMOA continue de jouer un rôle crucial dans le développement du groupe ETI, surtout face aux défis persistants sur des marchés clés comme le Nigeria et le Ghana. Pouvez-vous nous expliquer comment la nouvelle stratégie du groupe intègre ces dynamiques de performance géographique pour améliorer ses résultats ?

Tout d’abord, l’UEMOA est une partie essentielle de notre groupe. En examinant notre stratégie, l’un des atouts d’Ecobank réside dans notre présence dans de nombreux pays. Cette présence nous offre une diversification à travers les 35 marchés sur lesquels nous opérons en Afrique.

Nous constatons parfois que certains pays sont en baisse tandis que d’autres sont en hausse, puis la tendance s’inverse. Ainsi, la diversification est un élément clé de notre stratégie. Lorsque nous avons analysé les performances de nos activités dans ces 35 pays, nous avons également fait appel à des experts pour identifier les opportunités. Nous croyons en notre potentiel de croissance. Comme nous l’avons déjà mentionné, il existe des opportunités dans la banque de détail pour attirer des clients comme vous et moi, ainsi que pour le développement des PME sur ces marchés.

Nous prévoyons d’introduire de nouveaux produits et solutions numériques répondant aux besoins de nos clients. Nous travaillons déjà sur le développement de ces solutions. Dans certaines géographies, nous nous concentrons davantage sur le secteur des entreprises, dans d’autres sur les PME ou sur les consommateurs. Nous serons très précis sur les secteurs dans lesquels nous intervenons et investissons là où nous sommes déjà bien positionnés. En effet, il n’est pas possible d’être leader dans tous les domaines sur chaque marché. Dans l’UEMOA, par exemple, nous voyons de grandes opportunités dans les secteurs du détail, des PME et du numérique.

Dans d’autres régions, nous identifions des opportunités plus importantes dans le secteur des entreprises, tandis que dans certaines, nous avons des opportunités dans ces trois domaines. Nous souhaitons également tirer parti de notre présence sur les 35 marchés pour les paiements, et exploiter la diaspora à l’étranger afin d’apporter des affaires en Afrique. Ainsi, nous voyons de nombreuses opportunités, plus que nous n’avons de temps pour les exploiter. Il nous faut donc faire preuve de discipline dans notre approche, en définissant clairement nos priorités et en les abordant l’une après l’autre. 

Alors que l’action ETI a connu une hausse de 110% sur la bourse de Lagos en 2023, cette augmentation est relativement modeste lorsqu’elle est comparée au secteur bancaire nigérian coté en bourse. Compte tenu du potentiel de croissance indiqué par le faible ratio cours/bénéfice, comment la stratégie d’ETI s’aligne-t-elle avec les attentes des investisseurs et envisagez-vous de fixer de nouveaux objectifs de performance ?

Oui, évidemment, dans le cadre de tout cycle stratégique, nous définissons les indicateurs que nous souhaitons mesurer. Ceux-ci deviendront clairs, surtout à chaque fois que nous publierons nos résultats.

Au cours de cette année, vous verrez, en particulier lors des sessions avec les investisseurs, que nous discutons avec eux et nos actionnaires de leurs attentes. Celles-ci deviendront donc très claires pour tous. Mais j’en ai déjà parlé. Nous voulons voir plus de croissance.

Notre défi a été que nous rapportons en dollars américains alors que nous avons subi des dépréciations monétaires. Ainsi, lorsque nous examinons la croissance en monnaie locale, comme en 2023, nous avons connu une croissance plus rapide que la concurrence dans de nombreux cas. Mais une fois converti en dollars, cela affecte les chiffres.

Certains concurrents ont un problème inverse, rendant leur performance meilleure parce qu’ils apportent des dollars au Nigeria, par exemple. Mais en regardant leur performance en monnaie locale, elle pourrait ne pas être aussi bonne. Donc, nous examinons la performance sous-jacente. Ce qui sera également important, c’est que nous devons donner aux actionnaires les rendements attendus, donc nous devons générer suffisamment de profit pour deux choses. D’abord, réinvestir dans l’entreprise pour la croissance future, et ensuite, payer les actionnaires. Nous nous concentrons donc sur les actions nécessaires pour offrir ces retours aux actionnaires. Jusqu’à présent, au moins, les actionnaires semblent raisonnablement satisfaits de la performance des actions. Elle est passée de presque 10 à 26. Cela diffère du passé où la valeur stagnait. Les actionnaires semblent satisfaits de la stratégie et la soutiennent. Maintenant, nous devons simplement aller de l’avant dans sa mise en œuvre.

« Faire fonctionner correctement le Nigeria est important en tant qu’entreprise car ce pays est un grand marché pour nous. Il y a plus de 200 millions de personnes. »

Concernant le Nigeria en particulier, vous avez dit que l’élection du nouveau gouvernement vous donne de l’espoir pour aider le groupe à mieux performer. Avez-vous reçu des signes clairs de soutien à cet égard, ou est-ce simplement une perspective positive que vous exprimez sur la base du niveau de collaboration que vous entretenez avec les autorités locales ?

Je pense que nous en sommes encore au tout début. Et aussi, le Nigeria ne fonctionne pas en isolement. Il opère dans le contexte de l’Afrique et dans celui du monde entier. Si l’environnement macroéconomique mondial s’améliore, alors je pense que l’Afrique en bénéficiera. Par là, je veux dire que si par exemple l’inflation baisse aux États-Unis et en Europe, alors les taux d’intérêt commenceront à baisser, et les investisseurs voudront revenir en Afrique. Aujourd’hui, ils sont satisfaits de leurs rendements là-bas. Évidemment, nous ne pouvons pas prédire ce que le gouvernement va faire, mais nous travaillons étroitement avec eux. Bien informés, nous pouvons adapter notre stratégie au fur et à mesure. Pour être plus précis, faire fonctionner correctement le Nigeria est important en tant qu’entreprise car ce pays est un grand marché pour nous. Il y a plus de 200 millions de personnes.

Si nous faisons bien les choses, nous retrouverons une bonne dynamique. Je pense, d’après nos discussions avec les autorités, que nous avons des possibilités. Cela signifie-t-il que ce sera facile ? Je ne pense pas. Il va falloir faire preuve de patience.

Vous avez mentionné que le groupe souhaite mieux capter les envois de fonds de l’étranger et aider la diaspora à investir en Afrique. Cependant, ces dernières années, nous avons observé que la diaspora utilisait les transferts de fonds principalement pour soutenir des besoins familiaux, tels que l’éducation et autres. Comment la banque se positionne-t-elle pour que ces envois de fonds favorisent davantage les plans de développement de pays comme le Nigeria et le Kenya, qui bénéficient de flux importants de transferts ?

Sur les transferts de fonds entrants, que nous y participions ou non, nous n’avons pas encore formalisé autant qu’il le faudrait nos relations avec ceux qui envoient de l’argent. Des partenariats seront donc essentiels pour mieux les comprendre. Les gens pensent que les transferts de la diaspora concernent seulement ceux qui vont des États-Unis vers l’Afrique, mais il y a aussi de l’Afrique vers l’Afrique. Cette dimension n’est pas prise en compte par certaines de ces entreprises.

Nous devons d’abord nous intéresser à ce qui existe déjà. Nous pouvons les aider à ouvrir des comptes chez Ecobank. Ils peuvent ainsi envoyer de l’argent depuis les États-Unis, directement sur un compte Ecobank.

Une fois cet argent déposé, notre rôle en tant que banque est l’utiliser pour effectuer des prêts aux entreprises et aux PME. Cela nous aidera à augmenter nos dépôts. Deuxièmement, je pense que les gouvernements vont de plus en plus proposer des produits attractifs pour les investissements de la diaspora, car ils veulent attirer les devises étrangères. Aujourd’hui, ce n’est pas facile. Certains disent vouloir acheter une maison ou construire quelque chose, mais ne savent pas où trouver de l’aide. Les gens me disent qu’ils aimeraient investir dans tel ou tel pays, mais il n’y a pas de produits disponibles pour eux. Nous voulons travailler avec des partenaires pour développer ces produits.

En ce qui concerne les projets de développement, nous devrons voir comment cela évolue. Cela dépendra de la capacité des acteurs de ces projets de développement à les faire connaître, et ensuite nous pourrons les structurer et l’offrir en placement aux investisseurs… Tout cela nous permettra de générer des revenus et des devises étrangères, ce qui est important pour les pays. 

ecobank
« Les gens pensent que les transferts de la diaspora concernent seulement ceux qui vont des États-Unis vers l’Afrique, mais il y a aussi de l’Afrique vers l’Afrique (…). Cette dimension n’est pas prise en compte par certaines de ces entreprises.»

Concernant le financement du commerce, vous avez dit que vous alliez investir davantage et essayer de mieux performer dans ce secteur. Quels sont les défis actuels qui empêchent un financement efficace du commerce en Afrique en général et en Afrique de l’Ouest en particulier ? Comment Ecobank essaie-t-elle de se positionner pour résoudre ces défis ?

Il existe plusieurs défis dans le domaine du commerce. Certains ont été évoqués par d’autres leaders d’entreprises. Par exemple, la facilité de déplacement des Africains entre les pays est un enjeu. Dans certaines régions d’Afrique, le processus de visa est assez fastidieux, ce qui rend difficile la circulation des personnes. Si les gens ne se déplacent pas, ils ne peuvent pas découvrir les opportunités commerciales. Nous constatons des efforts de la part de certains gouvernements pour faciliter cela. De plus, il est encourageant de voir que les gouvernements ont signé les accords de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine, mais nous sommes maintenant à l’étape suivante. Il faut clarifier les modalités de commerce entre les pays.

Un problème persistant est le paiement entre l’acheteur et le vendeur. C’est pourquoi le secteur des paiements est important pour nous. Vous verrez que nous faisons partie du Système de Paiement Panafricain (PAPPS). Ce dernier nous utilise déjà dans 24 pays pour effectuer des paiements. C’est crucial car nous voulons commencer à voir des transactions de monnaie locale à monnaie locale, ce qui rend le règlement plus rapide et plus facile. À cause de l’environnement macroéconomique actuel, beaucoup de pays manquent de dollars. Je pense qu’avec l’assouplissement de cet environnement, plus de dollars reviendront en Afrique. Prenons l’exemple du Kenya, qui exporte du thé vers l’Égypte et le Pakistan, deux pays confrontés à des pénuries de dollars américains. Cela représente un autre défi. Je pense que les gouvernements doivent travailler avec le secteur privé pour organiser des missions commerciales. Tel que j’envisage notre approche, il sera question de choisir quelques pays qui commercent entre eux et de voir si nous pouvons rendre les choses plus efficaces, en travaillant avec le gouvernement pour stimuler ce commerce et être le partenaire bancaire dans cette transaction.

In Agence EcoFin

Rédaction
Rédaction
Média multi-support édité par l’Agence Rhéma Service, cabinet de communication et de stratégie basé à Douala, Business & Finance International regroupe des partenaires internationaux issus du monde des médias, des affaires et de la politique, mus par la volonté de fournir une information vraie, crédible et exploitable pour un investissement sûr en Afrique.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici