Quel état des lieux dressez-vous de la poliomyélite au Cameroun ?
Le Cameroun a obtenu sa certification de pays libre de poliovirus sauvage, c’est-à-dire que la poliomyélite de type sauvage ne circule plus dans notre pays. Mais la situation de l’immunité est illustrée par une faible couverture vaccinale. Ceci n’exclut pas le risque d’importation à partir des zones touchées, ni la circulation des autres types de poliovirus qui ne sont pas sauvages, mais qu’on doit considérer comme une urgence de santé publique. Actuellement, le poliovirus dérivé de type II circule dans les régions de l’Est, du Centre, du Littoral et du Sud. C’est en réponse à cette situation épidémiologique qu’une campagne de vaccination à deux passages, avec le vaccin polio oral, a été organisée dernièrement. A l’issue de cette campagne, la couverture était en dessous des objectifs souhaités. Ceci à cause de nombreux défis liés en partie à la pandémie du Covid-19. Deux autres passages, sont planifiés parce que des cas ont été confirmés récemment selon les mêmes stratégies, avec les mêmes vaccins.
Que retenir tout de même de cette récente campagne de vaccination ?
4,7 millions d’enfants de 0 à 5 ans répartis dans le Centre, l’Adamaoua, Est, Extrême-Nord, Littoral et le Nord étaient ciblés par cette immunisation de masse. D’après les résultats obtenus, nous n’avons pas atteint le chiffre de 90% espéré, mais de 88%, soit ces 4,7 millions d’enfants vaccinés au cours du deuxième passage. Ceci à cause des couvertures qui sont très faibles, surtout dans les régions du Littoral et du Centre. La stratégie qu’il faut adopter maintenant est celle d’augmenter la couverture vaccinale en routine avec les vaccins polio-oral et polio-injectable, également pour les enfants cibles de la vaccination de routine. Avec pour objectif d’augmenter l’immunité collective et d’empêcher toute circulation du virus. En réalité, le virus qui circule au Cameroun provient de la RCA, donc on n’est pas à l’abri d’une importation à partir d’un pays endémique même pour le poliovirus sauvage. Raison pour laquelle, il est essentiel de renforcer l’immunité collective.
Comment comptez-vous renforcer cette immunité collective ?
Il faut principalement augmenter la couverture vaccinale de routine. Actuellement, la couverture est de moins de 80% et il faut au moins atteindre 90%. Pour cela, on devrait avoir une communauté réactive qui demande le service de vaccination comme un droit pour la protéger. Il faut aussi être sensible au niveau de la surveillance des cas de paralysie, et à chaque fois qu’on en découvre un, il faut répondre immédiatement avec une campagne de vaccination, parce que lorsque la circulation dépasse un certain seuil, il devient difficile de la stopper et on risque d’anéantir toutes les années consenties dans l’éradication des campagnes et toutes les communications autour de la poliomyélite. On y est presque et il ne faut pas baisser les bras.