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Énergies vertes : encore trop de gisements en Afrique sont inexploités

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(BFI) – Alors qu’il concentre l’essentiel de la ressource solaire de la planète et qu’il pourrait être un acteur majeur de l’hydrogène vert, le continent peine encore à tirer avantage de ses atouts.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie bouscule tout. Sommée tout récemment encore de renoncer aux ressources fossiles afin de sauver la planète suffocante, l’Afrique est désormais pressée d’ouvrir davantage son sol aux forages. Une volte-face qui présente un leurre commercial et cache une énième erreur tactique pour l’Afrique : les matières premières énergétiques ont eu peu d’incidence sur le développement, avec un environnement ravagé ; et retourner dans l’archaïsme dévastateur, alors qu’il existe un potentiel révolutionnaire confirmé, est totalement insensé.

Superpuissance de l’hydrogène

L’Afrique possède 40 % du potentiel solaire mondial, la part d’ensoleillement la plus élevée du monde. Et pourtant, plus de la moitié de ses habitants n’a toujours pas accès à l’électricité, et sa population est celle qui souffre le plus au monde de la pollution des énergies nocives.

Son immense gisement photovoltaïque est un atout majeur pour les besoins en électricité et les objectifs climatiques. En ce sens, plusieurs pays ont franchi le pas. L’Afrique du Sud, la première à s’être lancée, représente le parc le plus important en activité. Le Maroc a inauguré en 2016 sa centrale Noor Ouarzazate, et en Égypte, un parc a vu le jour en 2019. Le Kenya, le Ghana, le Togo, le Sénégal, le Burkina Faso, la Zambie et la Namibie ont installé des parcs solaires kilométriques au cours des dernières années, et l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest connaissent en plus, une percée de l’énergie solaire off-grid, avec les kits solaires.

L’Afrique a aussi la capacité d’être la superpuissance de l’hydrogène, une ressource énergétique décarbonée qui apporte des carburants propres. Nombreux sont les pays sur le continent qui disposent des conditions naturelles et des avantages compétitifs appropriés. La Namibie a lancé un projet dont la production commencera en 2026. Quant à l’Égypte, elle a signé cette année deux accords avec la Norvège et l’entreprise allemande Siemens, afin de développer la production d’hydrogène. Parmi les autres énergies propres, l’Afrique bénéficie aussi d’un environnement naturel très avantageux pour l’énergie hydroélectrique, l’énergie éolienne et la biomasse.

Chiffres dérisoires

L’engouement en faveur des énergies renouvelables n’a jamais été aussi convaincant entre les ambitions climatiques et la demande en énergie. La position géographiquement stratégique de l’Afrique, proche de toutes les grandes voies de navigation mondiales, lui donne un accès aux marchés du globe pour exporter l’hydrogène.

La proximité de l’Afrique du Nord avec l’Europe, permet au Maroc d’envoyer bientôt, l’énergie solaire au Royaume-Uni par le plus long câble sous-marin du monde. La mauvaise nouvelle, c’est que le continent africain, comme on le voit, demeure sollicité pour ses énergies fossiles. Les financements continuent d’affluer, alimentant les freins au développement durable. Outre cela, si le déploiement solaire est enfin une réalité, les chiffres restent dérisoires. Alors qu’elle concentre la majorité de la ressource solaire de la planète et qu’elle pourrait jouer un rôle de premier plan à l’échelle globale de l’hydrogène vert, l’Afrique dispose seulement de 1 % des panneaux solaires existant dans le monde et représente moins de 1 % de la production mondiale.

Tout reste à faire et des efforts colossaux méritent d’être immédiatement consentis. L’Afrique doit se montrer à la hauteur des enjeux – qui lui sont évidemment favorables –, exploiter massivement ses ressources énergétiques vertes, tout en résistant à la tentation de la facilité destructrice des combustibles fossiles.

Par Serge Eric Menye, Fondateur de Grassfields Ventures

Rédaction
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