(BFI) – Après l’acquisition en octobre 2020 de la filiale de BNP Paribas, Vista Bank poursuit sa vision stratégique sur le marché guinéen. Le groupe bancaire fondé et présidé par l’homme d’affaires burkinabè Simon Tiemtoré s’attaque désormais à la relance des PME et PMI. Il vient de lever 10 millions d’euros pour appuyer leur croissance, afin de contribuer à l’industrialisation.
Le groupe Vista Bank continue d’avancer ses pions en Guinée. Sa filiale locale va investir 10 millions d’euros dans la croissance des petites et moyennes entreprises (PME) et petites et moyennes industries (PMI). Obtenus sous forme de ligne de crédit auprès de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), ces fonds serviront à proposer des financements à moyen terme aux entreprises guinéennes.
Booster l’industrialisation
Selon Yassin Bayo, directrice générale de Vista Bank Guinée -qui a signé l’accord de cette ligne de crédit avec George Agyekum Donkor, PCA de la BIDC, le groupe bancaire vise surtout à apporter sa pierre à l’industrialisation du pays, dans le cadre du plan de développement 2020-2025 visant à développer le secteur privé et transformer l’économie. « La facilité de crédit de la BIDC nous permettra d’accroître notre financement des PME et PMI guinéennes, ce qui renforcera leurs capacités, augmentera leur participation aux chaînes de valeur et favorisera l’industrialisation de la Guinée », a-t-elle déclaré, soulignant la détermination de Vista, « à être une force pour le bien dans le développement économique et la prospérité de la Guinée ».
Des objectifs qui rejoignent ceux présentés par le patron du groupe bancaire il y a quelques mois lors de l’acquisition de la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de la Guinée (BICIGUI) des mains de BNP Paribas en octobre dernier. En effet, Simon Tiemtoré estimait désormais son groupe bancaire -également acquéreur de la filiale de BNP Paribas au Burkina Faso- à même de « mettre en œuvre notre stratégie commerciale, orientée vers le digital et les échanges intra-africains, en Afrique de l’Ouest », afin notamment de tirer parti de la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf).
Le financement des PME & PMI, un «vieux » problème
Riche en ressources naturelles, la Guinée concentre le tiers des réserves mondiales de bauxite. L’on y retrouve également l’or, le diamant, le fer, le pétrole, l’uranium, les phosphates ou encore le manganèse, tout en étant pas mal loti sur le plan agricole. Mais tout comme dans la majorité des pays du continent, l’industrialisation de l’économie y est devenue une urgence, pour permettre que l’exploitation des ressources naturelles crée de la valeur pour l’économie nationale, en lieu et place d’une exportation brute systématique. Un opérateur comme United Mining Supply (UMS) est en train de jeter les bases d’une industrie à haute échelle autour de la bauxite après avoir racheté le français Alteo, mais les PME et PMI locales restent encore limitées pour s’aventurer sur le terrain de la transformation tant des ressources minières qu’agricoles. L’un des principaux freins étant l’accès au financement. Un problème qui dure depuis longtemps.
Bien avant l’apparition de l’épidémie d’Ebola qui a frappé le pays à partir de décembre 2013, les PME et PMI affichaient déjà un besoin de financement de 900 millions de dollars et seules 6% d’entre elles accédaient au crédit, selon des données de la Société financière internationale (SFI), bras de la Banque mondiale dédiée au secteur privé. Frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19, la croissance du PIB est tombée à moins de 2% en 2020 contre 6,2% en 2019, mais devrait remonter à plus de 5% en 2021 selon les perspectives de la Banque africaine de développement (BAD).
En Guinée, Vista Bank partage le gâteau bancaire avec d’importants groupes dont le français Société générale ou le camerounais Afriland First Bank qui ont également chacune fait du financement des PME un de leurs chevaux de bataille. Pour sa part, la banque de Simon Tiemtoré dit financer plus de 2000 entreprises guinéennes dont 80% des PME et se projette en leader depuis l’acquisition de la BICIGUI.
Vanessa Ebouli