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EDC devient le principal producteur d’électricité au Cameroun

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(BFI) – Le décret présidentiel du 4 mai portant réorganisation et fonctionnement d’Electricity Development Corporation fait de cette société étatique le principal dépositaire de la production de l’énergie électrique au Cameroun. Avec un élargissement de ses prérogatives sur la gestion du patrimoine public, la réalisation et le développement des projets d’infrastructures, la promotion des investissements dans le secteur, et l’appui-conseil.

C’est acté. Dans les semaines ou mois à venir, l’Unité opérationnelle de l’aménagement du barrage hydroélectrique de Memve’ele va complètement disparaitre. Le barrage sera entièrement géré par Electricity Development Corporation (EDC). C’est l’une des principales informations contenues dans le décret présidentiel du 4 mai 2020, portant réorganisation et fonctionnement de la société. A travers ce décret, l’Etat a décidé de transférer à EDC, en propriété ou en jouissance et selon le statut juridique de ses biens, les actifs ainsi que le patrimoine de l’ensemble des aménagements hydroélectriques. Parmi lesdites infrastructures, on a le barrage hydroélectrique de Memve’ele, construit par l’entreprise Synohydro dans la région du Sud et achevé depuis juin 2017.

Ce cas intéresse particulièrement. Depuis plus de deux ans, des tensions autour de la gestion dudit barrage opposaient en effet l’Unité opérationnelle à EDC, à propos de leurs compétences respectives sur le projet. En juin de l’année dernière, le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba avait dû intervenir pour clarifier la situation, en menant des actions afin de reverser le barrage dans le portefeuille d’EDC. Les responsables de Memve’ele, de leur côté, espéraient voir le projet transformé en producteur indépendant d’électricité au Cameroun. Des résistances qui ont persisté, et que le décret du président de la République vient d’annihiler. « A propos de Memve’ele, EDC conseillait déjà l’Etat. Aujourd’hui, il a le rôle d’exploitant du barrage », souligne à cet effet Théodore Nsangou, directeur général de l’entreprise.

Des missions clarifiées

Outre ce barrage, tous les autres aménagements hydroélectriques appartenant à l’Etat tombent définitivement dans l’escarcelle d’EDC. Il s’agit, entre autres, de Lom Pangar, Mbakaou, Bamendjin, et Mapé ; « ou tout autre [aménagement hydroélectrique] constitué d’immeubles bâtis ou non, par nature ou par destination, localités sur le territoire nationale ». En somme, EDC va assurer la gestion de tous les ouvrages hydroélectriques et de stockage de l’eau pour la production de l’électricité dont la gestion lui est confiée par l’Etat. « En réalité, EDC faisait pratiquement tout ce qui est contenu dans le décret. Cependant, ce n’était pas clarifié (…) En prenant en compte la régulation de la Sanaga à partir des barrages, EDC le faisait mais les rôles n’étaient pas clairs. En ce qui concerne Lom Pangar, ça fait 5 ans qu’il est en service. EDC vendait de l’eau à Eneo [Energy of Cameroon, Ndlr] mais n’était pas rémunérée car Eneo disait attendre l’instrument juridique (…) Le décret clarifie le côté juridique qui est maintenant l’instrument important pour faire vivre EDC », clarifie Théodore Nsangou.

Ce texte conforte en tout cas Electricity Development Corporation dans sa position de principal producteur d’électricité au Cameroun. En effet, l’entreprise a comme charge la gestion d’au moins 90% environ de toute la production nationale de cette ressource. Ce qui la met quelque peu en concurrence avec quelques structures déjà existantes. En principe, la société Hydro Mekin, mise sur pied pour gérer le barrage hydroélectrique de Mekin (région du Sud), ne devrait pas tomber dans le patrimoine d’EDC, mais sa production, 30 mégawatts environ, est trop marginale pour être véritablement considérée.

Il existe des producteurs indépendants, à l’instar de Kribi Power Development Company (KPDC) qui exploite une centrale à gaz d’une capacité de 216 mégawatts dans les environs de Kribi. La KPDC est une société indépendante détenue par Globeleq Africa, anciennement contrôlée par le fonds d’investissement Actis, mais passée aux mains d’un consortium formé par le fonds d’investissement norvégien, Norfund, et l’institution de financement britannique, CDC Group.

Globeleq Africa est également actionnaire majoritaire de Dibamba Power Development Company (DPDC) qui gère la centrale à fuel de Yassa-Dibamba à l’entrée Est de la ville de Douala. Ces deux structures ont une capacité cumulée de 304 mégawatts. Ce qui représente un presque 25% de toute l’énergie électrique produite au Cameroun. A côté, des producteurs marginaux n’arrivent pas à porter cette production à plus de 362 mégawatts. De fait, c’est donc à peu près 1 000 mégawatts dont la gestion revient entièrement à EDC, si l’on s’en tient aux données publiées par Eneo en octobre dernier, qui indiquaient une puissance installée de quelque 1 360 mégawatts d’électricité au Cameroun.

Commercialisation

Les missions d’Electricity Development Corporation lui donnent également une plus large manœuvre en ce qui concerne la commercialisation de l’énergie électrique au Cameroun. EDC a en effet pour mission « d’assurer la vente de l’énergie électrique issue des ouvrages qui lui sont confiés par l’Etat » ou encore « de négocier, le cas échéant, les conditions financières de la mise en exploitation des biens dont la gestion lui est confiée ». Autant le dire en peu mots simples : EDC devient le grossiste de l’électricité dans le pays.

« On peut le dire, approuve en effet le directeur général. Par ce décret, l’Etat a clarifié le rôle d’EDC notamment en ce qui concerne la production, en particulier la production hydroélectrique ». Dans le décret présidentiel, l’Etat revient en effet sur le Programme thermique d’Urgence (PTU), un investissement mis à la disposition d’Eneo pour un franc symbolique parce qu’il y avait une défaillance au niveau du système électrique. C’est désormais à l’entreprise de patrimoine public que revient le rôle d’implémenter ce programme.

Développement des infrastructures

Sur un tout autre plan, les missions d’EDC en termes de réalisation et de développement des projets d’infrastructures dans le secteur ont également été clarifiées. Elle assure la construction et l’exploitation des ouvrages de régularisation des eaux de bassins ainsi que la gestion des barrages réservoirs non concédés ; conduit, réalise et participe à la réalisation des études de toute nature, relatives à la mise en valeur des ressources ; et veille au transfert des technologies et des compétences.

Electricity Development Corporation est également compétente en matière de promotion des investissements publics et privés en matière d’électricité. L’entreprise peut donc prendre et suivre des participations au capital d’autres sociétés opérant dans la production, le transport, la distribution, la vente, l’importation et l’exportation de l’électricité. Enfin, EDC est confortée dans son rôle d’appui-conseil auprès de l’Etat dans le cadre de ses activités liées à son objet social ; en l’accompagnant dans la validation des études et analyses de la faisabilité technique des projets ; en lui fournissant une assistance technique pour le développement des projets énergétiques ; ou encore en participant à la certification des curricula de formation dans le secteur de l’électricité.     

EcoMatin

Rédaction
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