(BFI) – Une récente visioconférence entre experts et journalistes de la presse économique a entre autres accouché comme idée, la nécessité d’accompagner la transformation structurelle des économies de cette sous-région.
Plus on en parle, plus de nouvelles idées émergent et mieux c’est. Car, dans le débat sur l’avenir du franc CFA, les spécialistes bien que partageant des avis divergents, s’accordent sur le fait que la monnaie est une question « très sensible et technique ». A tel point que, le traitement et l’analyse des faits se rapportant à cette actualité mérite une parfaite maîtrise de la part des spécialistes de l’information économique et financière, pour mieux éclairer l’opinion et pourquoi pas, les décideurs. C’est ce qui explique que les Journalistes économiques du Cameroun regroupés au sein de l’association « Press Eco » aient décidé de se pencher une nouvelle fois sur la problématique du franc CFA. Cette fois, la conférence organisée en ligne le 14 août dernier avec le concours de la Friedrich Ebert Stiftung (FES) a mis l’accent sur le sort de cette monnaie en Afrique centrale, quelques mois seulement après que la réforme de cette monnaie a été actée par les chefs d’Etat.
En effet, en date du 22 novembre 2019, le Cameroun a abrité un sommet extraordinaire des chefs d’Etat d’Afrique centrale, à l’invitation du président camerounais Paul Biya, président en exercice de la CEMAC. La situation économique, financière et monétaire de la zone était le principal point à l’ordre du jour. Lorsque ces travaux se tiennent, la pandémie du coronavirus n’est pas envisageable et sur le plan monétaire, les réserves de change communautaires se reconstituent, suffisamment pour « préserver le régime de change à parité fixe de la monnaie commune (franc CFA) et éviter un ajustement monétaire », ainsi que le relèvera le communiqué final. Les chefs d’Etat vont également se prononcer officiellement sur la question monétaire, en réaffirmant leur volonté de disposer d’une monnaie commune « stable et forte ». Sur la coopération monétaire avec la France, portant sur le franc CFA, ils décideront « d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération ». Mission est alors confiée à la BEAC, la banque centrale commune, pour proposer dans des délais raisonnables, un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune. Neuf mois se sont déjà écoulés depuis le sommet de Yaoundé, marqué entre autres par la survenue du covid-19, qui a quelque peu déplacé les priorités. Qu’à cela ne tienne, la réflexion sur la réforme du franc CFA est en cours et d’ici à ce que la banque centrale rende sa copie, ça continue de cogiter dans les autres cercles de réflexion.
Dans son exposé sur le rôle, l’histoire et l’évolution du franc CFA lors la visio-conférence de vendredi dernier, le Dr. Nabil Aman Ndikeu Njoya a souligné le problème de fond. Selon cet enseignant-chercheur à l’Institut de relations internationales du Cameroun (IRIC), le franc CFA reste certes une monnaie stable, mais offre peu de marge de manœuvre en tant qu’outil de relance économique. Or faut-il le souligner la CEMAC aujourd’hui (52,167 millions d’habitants) n’est pas épargnée par la crise sanitaire mondiale (plus de 38 000 cas infectés au covid-19 au 1er août 2020) dont les répercussions économiques sont déjà ressenties. « En plus des conséquences sanitaires, cette pandémie va inévitablement perturber la croissance économique de notre sous-région, déjà confrontée à des défis sécuritaires et de diversification économique », faisait observer le président de la commission de la CEMAC, le Pr Daniel Ona Ondo, dans un communiqué datant de mars dernier.
Dans un tel environnement, une monnaie au service du processus de transformation structurelle serait plus appropriée, d’après le Dr. Nabil Aman Ndikeu Njoya. Pour l’heure, en 75 ans d’existence, le franc CFA a plutôt bien servi les intérêts de stabilité des prix. A l’heure de la réforme, penser à adjoindre à cette nouvelle monnaie les objectifs de croissance, d’emploi et d’équilibre extérieure serait une avancée.
Omer Kamga