(BFI) – Depuis quelques semaines, la deuxième place de la filiale du cimentier nigérian est chahutée sur le marché local en termes de capacité de production. La faute à Mira Cement, filiale du groupe libano-chinois Mira, représenté par Helen Lu et Hassan Mortada, qui vient de tripler ses capacités pour les porter à 1,5 million de tonnes.
L’entreprise a, pour ce faire, décidé, il y a deux ans, d’investir près de 30 milliards de F CFA (près de 46 millions d’euros) pour installer une deuxième chaîne d’emballage, entraînant ainsi un bouleversement du secteur, désormais en pleine mutation.
Mira abandonne la queue du peloton au marocain Cimaf (groupe Addoha, 500 000 tonnes, qui passeront bientôt à 1,5 million de tonnes) pour faire jeu égal avec Dangote et coiffer Medcem Cameroun (600 000 tonnes) au poteau. Leader, les Cimenteries du Cameroun (Cimencam, LafargeHolcim) et ses 2,2 millions de tonnes seront rattrapées dans quelques mois par le groupe libano-chinois, qui entend investir 120 milliards de F CFA pour installer une unité de 700 000 tonnes dans le nord du pays.
Bouleversements
Une situation de courte durée, puisque l’opérateur historique passera à 2,5 millions de tonnes à la fin de 2023, en augmentant la capacité de son usine de Figuil, dans la région du Nord, de 300 000 tonnes. Des bouleversements qui se poursuivront avec l’arrivée de deux autres acteurs, dont la cimenterie du tycoon ivoirien Bernard Koné Dossongui, dans la zone portuaire de Kribi.
Dans la foulée, Mira Cement a décidé de réduire ses prix en direction des grossistes – la modification des prix au consommateur étant soumise à une décision des autorités. En prenant une telle option, annoncée avec enthousiasme par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, qui espère une répercussion sur le consommateur, Mira navigue ainsi à contre-courant par rapport à la concurrence, regroupée au sein de l’Association des producteurs de ciment du Cameroun (APCC).
Celle-ci, dont Mira ne fait pas encore partie, plaide plutôt pour une augmentation, compte tenu de la cherté des intrants, dont le clinker, et de la révision à la hausse du prix de l’énergie que la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel) vient d’imposer aux cimentiers locaux.
Diversification
« Nous examinons cela avec attention et ne serons pas étonnés que cette baisse soit compensée par des avantages en retour », clame un concurrent. Ce que conteste Adnen Bouattour, le directeur commercial de Mira Cement. « Si j’ai 1,5 million de tonnes, je peux me permettre cette concession en comptant sur l’effet volume », argue-t-il. Le Tunisien fait valoir deux autres atouts. La carrière de clinker que l’État camerounais leur a récemment concédée à Limbé, dans la région du Sud-Ouest, réduit leur dépendance à l’importation de cet intrant de pratiquement 60 %.
L’autre avantage du groupe, qu’il partage avec Dangote, étant la flotte interne de 500 camions gérée par Mira Transport, qui permet des économies dans la distribution de leurs produits en territoire camerounais. « Nous comptons du reste doubler ce parc automobile dans six mois », ajoute-t-il.
Outre l’accroissement des capacités, Mira Cement diversifie son offre avec le concours du tunisien Oasis Ciment, en ajoutant, outre le ciment 42,5, le 32,5 et bientôt du ciment colle. L’ambition commerciale étant de s’emparer d’au moins 35 % de part de marché, contre les quelque 20 % actuels.
