(BFI) – La start-up ivoirienne Daba Finance a remporté vendredi 27 septembre, l’édition 2024 d’Ecobank Fintech Challenge, une compétition annuelle organisée par le groupe bancaire panafricain pour récompenser l’innovation technologique dans le secteur financier. C’est à Lomé, au Togo, que se sont affrontés les 12 finalistes retenus parmi plus de 1550 candidatures venues de 70 pays.
Un carrefour de l’innovation où la jeune pousse d’Abidjan a su tirer son épingle du jeu après cinq minutes de pitch face à des concurrents venus du Kenya, du Rwanda, du Nigeria, d’Afrique du Sud, du Cameroun, du Togo, de la RDC et de Guinée. Si la kényane Melanin Kapital est arrivée en seconde position, c’est YMO, une super-app dédiée à l’envoi et à la réception d’argent en Guinée, qui complète le podium. Le prix du public a, quant à lui, été décerné à la start-up togolaise MiaPay.
L’inclusion financière
Daba Finance a pour mission de « démocratiser l’investissement en Afrique », comme le présente son patron. A l’heure où de nombreuses initiatives peinent à toucher les populations locales, souvent exclues des circuits financiers traditionnels, la fintech ivoirienne propose une solution « simple et sécurisée », explique Junior Boum III, entrepreneur d’origine camerounaise et cofondateur de la start-up avec Anthony Miclet.
Via une plateforme d’investissement unifiée, Daba Finance permet à ses utilisateurs – qu’ils soient particuliers ou institutions – de placer leur argent sur des marchés africains souvent perçus comme risqués et peu accessibles. Actions, obligations, fonds communs de placement : « l’éventail d’opportunités est large, et tout est conçu pour simplifier l’accès aux marchés financiers », détaille Junior Boum III, qui a notamment travaillé au Nasdaq, au sein de la division qui fournit des données sur les investissements institutionnels.
« Aujourd’hui, nous sommes spécifiquement concentrés sur les produits de la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Cependant, pour d’autres actifs, comme le capital-risque, nous permettons d’investir dans d’autres pays. Mais pour ce qui est des marchés cotés — bourse, actions, obligations, fonds communs de placement — c’est principalement en zone UEMOA », a confié le jeune entrepreneur.
Daba Finance collabore déjà avec plusieurs sociétés de gestion et d’intermédiation (SGI) dans la zone, qui restent les seuls intermédiaires habilités à opérer directement sur la BRVM. « Nous ne les remplaçons pas, nous collaborons avec elles. Actuellement, sur le marché de la zone UEMOA, nous avons des partenariats avec cinq ou six SGI, notamment en Côte d’Ivoire et au Sénégal » précise Boum III. BOA Capital, EDC Investment, BNI Finance, Imparxis et CGF Group figureraient parmi ses partenaires.
Mieux, selon son dirigeant, « la fintech offre aux SGI l’opportunité d’accéder à un segment d’investisseurs qu’elles ne touchent pas encore », notamment à l’international. « Il y a actuellement environ 100 000 comptes actifs sur la BRVM, répartis entre 40 SGI. Nous, nous apportons des millions d’utilisateurs potentiels, qu’ils soient aux Etats-Unis, en Europe, ou ailleurs en Afrique, qui aujourd’hui ne connaissent pas encore ces marchés », explique Boum.
Lancé en 2021, Daba Finance compte aujourd’hui plus de 25 000 utilisateurs à travers le monde, principalement aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique de l’Ouest francophone, revendiquent ses dirigeants. « Mais le potentiel est encore immense : dans la seule zone UEMOA, 200 millions de personnes n’investissent pas encore, ce qui représente un marché largement inexploité. »
Outre sa plateforme d’investissement pour particuliers et institutions, la fintech dit travailler actuellement sur de nouveaux produits, notamment des solutions d’épargne, et cherche à renforcer des partenariats avec des acteurs du secteur technologique. L’objectif est de permettre à plus d’Africains d’accéder à des opportunités financières autrefois réservées à une élite.
Pour Junior Boum III, ce n’est que le début : « Nous sommes encore loin de notre potentiel maximal. Notre ambition est de toucher des millions d’investisseurs à travers le continent et au-delà. »
L’entrepreneur avait déclaré, en janvier dernier, que dans les 5 prochaines années, son ambition est de faire de Daba « la première destination pour tout investisseur, qu’il s’agisse d’un particulier ou d’un investisseur institutionnel, lorsqu’il souhaite commencer ou gérer ses investissements sur le continent africain ».
Ecobank, un tremplin
Daba Finance repart avec une enveloppe de 50 000 $, mais surtout un partenariat stratégique avec Ecobank. Présente dans 34 pays africains, la banque panafricaine offre à la start-up ivoirienne une rampe de lancement pour accélérer son expansion. « Ecobank nous apporte principalement de la distribution, facilite les paiements et met à notre disposition son vaste réseau à travers le continent », note Junior Boum III qui ajoute : « ils nous offrent également un soutien technique si nécessaire »
Des propos appuyés par Jérémi Awori, Ceo d’Ecobank : « grâce à notre Sandbox, une plateforme API dédiée, nous leur [fintech lauréates , Ndlr] offrons la possibilité de tester et d’affiner leurs produits, de les intégrer à notre écosystème et de les déployer non seulement à travers le continent africain, mais aussi vers la diaspora ».
La fintech ivoirienne rejoint ainsi plus de 60 fintech qui ont intégré, depuis la création d’Ecobank Fintech Challenge en 2017, le programme Ecobank Fintech Fellowship, une initiative offrant un soutien technique et stratégique pour aider ces jeunes pousses à évoluer dans un environnement souvent complexe.