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Coronavirus : « Drôle de guerre » sur le continent Africain

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(BFI)- Les États renforcent les contrôles mais les experts ont des craintes vu la faiblesse des structures sanitaires.

Dans la bataille pour contenir le nouveau coronavirus, ce sont les ports et les aéroports qui sont en première ligne. Et c’est là que les pays africains mettent toute leur énergie pour éviter l’irruption sur leur territoire de l’épidémie qui s’est déclarée à Wuhan, en Chine. L’Afrique est jusqu’à présent épargnée mais la question est de savoir pour combien de temps ? En tout cas, des équipes médicales sont mobilisées qui vérifient la température des voyageurs, comme à Dakar, où de petites caméras thermiques ont fait leur apparition avant le contrôle des passeports la semaine dernière. « Le premier symptôme de ces maladies contagieuses, c’est la fièvre », explique, cité par l’AFP, le responsable des contrôles sanitaires de l’aéroport Blaise Diagne de Diass, proche de Dakar, le docteur Barnabé Gning. Il a « par chance », dit-il, justement suivi en novembre une formation pour réagir rapidement aux épidémies.

L’urgence internationale justifiée

En cas de fièvre, la procédure prévoit de mettre les voyageurs à l’isolement, le temps d’effectuer des tests. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié jeudi « d’urgence internationale » l’épidémie partie de Chine, qui s’est étendue à plusieurs régions du monde. L’essentiel des cas de contagion directe entre humains a été observé en Chine. D’autres ont été rapportés au Vietnam, en Allemagne, au Japon, aux Etats-Unis et en France. « Notre plus grande préoccupation est la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles », a déclaré à Genève le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le risque de telles transmissions est « très bas dans les pays développés », souligne J. Stephen Morrison, du Centre pour les études stratégiques internationales (CSIS) à Washington.

La crainte de la propagation en Afrique

Cependant, si des cas étaient exportés « vers certains pays d’Afrique ou d’autres continents où les moyens de sécurité sanitaire sont limités, de gros foyers épidémiques pourraient alors éclater hors de Chine », redoute l’expert. Les Etats sont conscients du danger des virus. L’Afrique de l’Ouest a été touchée en 2014-2016 par la pire épidémie connue d’Ebola qui a tué plus de 11.000 personnes en Guinée, Sierra Leone et au Liberia et atteint dix pays, dont l’Espagne et les Etats-Unis. Cette fièvre hémorragique a aussi fait plus de 2.200 morts depuis sa réapparition dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) en août 2018.

La RDC a d’ailleurs appelé ses ressortissants à « s’abstenir de voyager pour la Chine jusqu’à nouvel ordre », dans un communiqué gouvernemental lu samedi à la télévision publique. Au Liberia, le chef de l’institut de santé publique, Mosoka Fallah, a estimé à 3 millions de dollars le coût des mesures à engager immédiatement. « Il faut prendre des mesures le plus vite possible pour éviter qu’il rentre ici », a-t-il dit devant le Parlement, qualifiant de « catastrophique » la vitesse de propagation du coronavirus. « C’est fichu » si le coronavirus rentre dans le pays, estime à Luanda un étudiant angolais, Anciao Fabiao Paulo. « Notre système de santé est vulnérable et nous n’avons pas de bons spécialistes. Les gens tombent déjà comme des mouches à cause de la malaria », dit-il. Un « effort particulier » de surveillance est attendu des pays ayant des liens forts avec la Chine, dont le Maroc, l’Ethiopie, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Rwanda et l’île Maurice, a déclaré à Addis Abeba le directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC), John Nkengasong.

Attention aux rumeurs

Au Cap-Vert, les habitants se ruent sur le fenouil, réputé –à tort– être un remède contre le nouveau coronavirus. A Abuja, capitale du Nigeria, la fermeture d’un magasin chinois a fait craindre à la population l’arrivée de la maladie, alors qu’il s’agissait simplement de retirer des rayons des aliments périmés. Sans tomber dans la psychose, les autorités de plusieurs pays, dont le Sénégal, recommandent à la population de prendre des mesures de précaution, comme bien se laver les mains au savon ou éternuer dans des mouchoirs, et les services médicaux ont été sensibilisés. Au Mozambique, les autorités ont suspendu la délivrance de visas pour les citoyens chinois. « Dans le même but, les visas destinés aux Mozambicains désireux de se rendre en Chine sont également suspendus jusqu’à ce que la situation se normalise », a expliqué la porte-parole du gouvernement, Helena Khida. En Mauritanie, l’ambassade de Chine a demandé à ses ressortissants récemment rentrés de Chine de rester confinés à la maison pendant deux semaines. Une mesure similaire a été demandée à toute personne rentrant de Chine par le ministre nigérian de la Santé, Osagie Ehanire.

Rédaction
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