(BFI) – Pour relever le défi de la mondialisation et opérer le changement de paradigme tant attendu, le Cameroun doit s’appuyer sur sa formidable jeunesse qui dispose d’un énorme potentiel d’énergie et, surtout, qui affiche une certaine audace, le tout devant absolument être capté et canalisé. C’est le défi majeur que se donne Rosine Danielle Ekambi Soppo, entrepreneure camerounaise, cofondatrice et présidente de la start-up numérique SuiTch, à la tête du Cercle des Jeunes Dirigeants du Gicam (CJD-Gicam), l’organisation la plus représentative du secteur privé au Cameroun. Elle est également, depuis 2014, la directrice générale de Malaïka Investment Partners, un club d’investissement qui soutient les toutes petites entreprises en fonds propres et quasi-fonds propres au Cameroun.
Dans cette interview exclusive accordée à Business & Finance International, Rosine Danielle Ekambi Soppo livre son bilan à mi-parcours de sa mandature à la tête de cette institution au sein de laquelle, elle souhaite faire du label « Jeune Dirigeant », un gage de fiabilité et de sérieux pour quiconque l’aura obtenu.
Comment fonctionne le Cercle des Jeunes Dirigeants du GICAM et quelles sont ses missions ?
Le Cercle des Jeunes Dirigeants du GICAM s’est donné pour missions de :
• Rassembler toute la jeunesse dirigeante camerounaise au sein d’une même organisation de manière à bénéficier mutuellement de nos expériences respectives et rompre avec la solitude qui peut être un véritable frein à l’avancement ;
• Former en mettant en place des programmes d’accompagnement adaptés au parcours de chacun d’entre eux pour améliorer leurs performances en terme de savoir-faire mais aussi et surtout de savoir-être ;
• Influencer en agissant en tant que porte-voix de cette jeunesse auprès des pouvoirs publics et toutes les organisations ayant la possibilité d’améliorer ses conditions d’activité.
Dans cette démarche, nous avons identifié quatre aspects qui, selon nous, sont nécessaires à la construction d’une jeunesse dirigeante camerounaise capable de compétir face à la concurrence internationale qui s’annonce rude. Nous avons l’intime conviction que le jeune dirigeant doit être :
• Conquérant : en allant à la rencontre des autres afin d’acquérir des connaissances et conquérir de nouveaux marchés ;
• Ouvert : en étant attentif à ce qui se passe autour de lui, s’intéresser à des disciplines autres que celles qui concernent de manière stricto sensu son activité, et porter un intérêt aux enjeux mondiaux de manière générale qui peuvent influencer son évolution, tant directement qu’indirectement ;
• Ancré dans son environnement, c’est-à-dire être proche des populations, connaître son marché et identifier les problèmes à résoudre ;
• Innovant donc capable de proposer des solutions locales, adaptées à la résolution de ces problèmes.
C’est dans cette perspective que l’architecture de notre organisation repose sur quatre commissions qui ont été baptisées : Conquête, Innovation, Ancrage et Ouverture.
Déjà 6 mois passé à la tête du Cercle des Jeunes Dirigeants du GICAM, cette organisation née de la volonté du patronat de dédier un cadre propice aux jeunes dirigeants camerounais, quel bilan peut-on faire de ce premier semestre ?
Le premier semestre a été très dense. Notre stratégie pour les six premiers mois s’est déclinée en trois phases :
• Dans un premier temps, nous avons organisé une série de consultations avec la communauté de Jeunes Dirigeants qui ont marqué leur intérêt pour une adhésion au CJD dès l’Assemblée Constitutive du 4 Avril dernier. Il est important de signaler que nous avons reçu plus de 200 bulletins d’adhésion immédiatement après cet évènement, ce qui démontre à suffisance l’accueil favorable que cette initiative a reçu auprès de sa cible.
Ces consultations nous ont permis d’avoir une compréhension profonde des enjeux et des priorités et de proposer une stratégie co-construite avec la communauté, basée sur le recueil de leurs besoins. Elles nous ont aussi permis d’identifier très rapidement des profils qui avaient à cœur de s’engager et de nous accompagner dans la réalisation de notre mission.
• C’est ainsi qu’après cette étape, nous avons pu nommer des responsables et constituer les équipes des quatre commissions qui constituent le cœur de notre association, à savoir : Conquête, Innovation, Ouverture, Ancrage.
• Une fois, les équipes constituées, nous avons finalisé le plan d’actions global qui s’étend sur toute notre mandature pour éviter de naviguer à vue et fixer d’ores et déjà le cap. Il était important pour nous, en tant qu’équipe pionnière, de poser des fondations solides permettant à cette institution d’être pérenne et d’aborder tous les chantiers avec visibilité et sérénité. Ce plan ambitieux a été présenté en Juillet dernier à nos mentors, qui l’ont approuvé.
Quelle est la contribution de cette organisation au sein du patronat camerounais et quel problème vient-il résoudre ?
Pour relever le défi de la mondialisation et opérer le changement de paradigme tant attendu, le Cameroun doit s’appuyer sur sa formidable jeunesse qui dispose d’un énorme potentiel d’énergie et, surtout, qui affiche une certaine audace, le tout devant absolument être capté et canalisé.
C’est la raison pour laquelle il a semblé crucial de structurer une relation pérenne entre le mouvement patronal et la jeunesse, dans l’optique de créer un cadre propice à la prise en compte des intérêts spécifiques des Jeunes Dirigeants. Ce cadre permettra, d’une part, aux Jeunes Dirigeants de bénéficier de l’expertise de dirigeants plus expérimentés et, d’autre part, de parler d’une seule et même voix pour qu’enfin leurs messages soient entendus.
Quelques jours plus tôt, vous avez rencontré certains responsables des institutions et organisations internationales installées au Cameroun. Quel était l’objectif de ces rencontres ?
Afin que notre action soit impactante et retentissante, nous avons le devoir de nous faire connaitre de l’ensemble des acteurs qui peuvent avoir dans leur mandat un intérêt particulier pour l’amélioration des conditions d’exercice de nos activités en tant que dirigeant d’entreprise.
Nous recevons d’ailleurs à chacune de ces rencontres un accueil très chaleureux, tant il est clair que la jeunesse camerounaise représente à plusieurs égards un potentiel encore inexploité.
Les rencontres avec ces responsables d’institutions ont pour objectif de nouer des partenariats stratégiques qui nous permettront de mettre en exécution notre plan d’actions avec le soutien de l’écosystème dans l’intérêt de nos membres.
Ce type d’exercice fait-il partie des missions et/ou des activités du Cercle ?
Comme évoqué plus haut, c’est la pertinence des partenariats noués localement et à l’international qui nous permettra d’apporter une véritable valeur ajoutée à nos membres qui sont à la recherche d’opportunités de croissance.
Qui peut être membre du Cercle des Jeunes dirigeants du GICAM et comment s’acquiert la qualité de membre ?
Pour être membre du Cercle des Jeunes Dirigeants du GICAM, il est important de répondre aux quatre critères suivants :
• Avoir entre 18 et 45 ans ;
• Être entrepreneur (e) ou occuper des fonctions managériales au sein d’une organisation publique ou privée ;
• Être recommandé(e) par un membre du Cercle des Jeunes Dirigeants du GICAM ou soumettre une demande d’adhésion fournissant des informations sur le Jeune Dirigeant et ses aspirations, les objectifs qu’il souhaite atteindre en s’inscrivant mais aussi et surtout ce qu’il peut apporter à notre communauté ;
• S’engager à suivre un de nos parcours d’immersion qui comprennent tous les modules de formation indispensables pour le développement et l’épanouissement du Jeune Dirigeant.
Une fois ces conditions remplies, le Jeune Dirigeant doit nous soumettre son bulletin d’adhésion signé et s’acquitter de sa cotisation annuelle de 100.000 F CFA pour acquérir la qualité de membre.
Quels sont les défis à relever aujourd’hui pour cette instance de réflexion et de proposition ?
Comme tout projet qui en est encore à ses prémices, nous devons absolument fédérer le plus de personnes possibles autour de cette initiative, qu’il s’agisse des Jeunes Dirigeants ou des institutions publiques ou privées souhaitant être partenaires.
Pour cela, il est impératif que nous ayons un positionnement unique, basé sur la personne du Dirigeant car nous sommes convaincus qu’au-delà des problématiques de croissance de chiffre d’affaires, de ventes ou de réseautage, beaucoup de jeunes s’engagent dans l’aventure entrepreneuriale sans les prérequis permettant de hisser leurs entreprises vers des sommets.
De notre point de vue, les difficultés rencontrées par les Jeunes Dirigeants ne sont pas uniquement liées à notre environnement qui peut s’avérer difficile, mais aussi à une absence de formation sur les bases nécessaires pour être un bon dirigeant.
Nous souhaitons à travers notre organisation créer un label « Jeune Dirigeant » qui sera dans l’écosystème un gage de fiabilité et de sérieux pour quiconque l’aura obtenu. À terme, l’ensemble de nos membres devront avoir reçu à minima une formation de mise à niveau à 360°, qui leur permettra, non seulement d’identifier leurs forces et leurs faiblesses, mais aussi de travailler à mieux exploiter leurs atouts et combler leurs lacunes.
Par la Rédaction