(BFI) – Mobile money, intelligence artificielle, crowdfounding et autres outils numériques ont été mis en avant par les experts à l’occasion de la semaine de l’investisseur Cemac close le 22 novembre dernier.
La dynamisation du marché financier de l’Afrique centrale préoccupe. Depuis le processus d’unification intervenu en 2019, les performances de la place de Douala laissent sur la faim. Entre des actions qui cherchent preneurs et une cote animée par seulement six entreprises, il y a encore du chemin à faire. Les autorités cherchent alors à faire sortir le marché financier de la sous-région de sa torpeur.
A la faveur de la semaine internationale de l’investisseur Cemac 2024 (SIIC), les acteurs du marché ont ouvert les échanges pour explorer les opportunités de la finance digitale dans l’accroissement de la capitalisation boursière en zone Cemac. Dans son propos introductif, Dr Marlize Ngnidjio Tsapi, modérateur, a rappelé les dernières opérations ayant permis de relever la capitalisation boursière du marché de la BVMAC. Mais à l’unanimité, les experts au panel ont démontré qu’avec l’aide de la finance digitale, on peut faciliter l’investissement sur le marché financier et relever le niveau de capitalisation.
C’est ce qu’a soutenu Noëlle Kouo Ngamby, directeur général de EDC Asset Management Cemac et présidente de l’Association des sociétés de gestion de portefeuille d’Afrique centrale. « Le digital agit comme facilitateur. Il permet un accès plus rapide et plus facile sur le marché », a-t-elle déclaré. Prenant alors l’exemple du mobile money, elle a démontré comment à l’aide de cet outil, l’investisseur peut facilement faire des placements, sans plus dépenser d’argent de transport tout en gagnant en temps.
En outre, le digital a permis qu’on puisse fractionner les produits financiers. Les asset manager permettent qu’on ait accès à ces produits à prix réduit, a-t-elle expliqué. Le crowdfounding, l’intelligence artificielle, les robot adviser ou encore les cryptos sont d’autres outils mis en exergue par les experts et à partir desquels on peut travailler à augmenter la capitalisation boursière de la bourse de l’Afrique centrale. On peut aussi utiliser le big data pour anticiper le comportement des acteurs et des actifs sur le marché et orienter l’investisseur vers des produits/actifs rentables. Pour Aristide Ngalani, directeur réseau et distribution chez Digi Capital Asset Management, il faut trois facteurs clé pour dynamiser le digital : la régulation, les produits et une plateforme.
« En tant que société de gestion, nous sommes limités. Mais, nous travaillons sur des produits qui seront soumis à l’appréciation du régulateur. Une fois qu’ils seront validés, nous allons les mettre sur le marché », a-t-il confié. Pour lui, il y a une opportunité à dynamiser le marché financier à travers des outils digitaux. « Il y a une vraie appétence à l’épargne dans notre région. Un montant représentant environ 10 à 15% du PIB est une épargne qu’il faut encore capter » et cela est possible avec le développement des outils et des plateformes sécurisées, a-t-il expliqué. Seulement, dans le monde digital, le risque n’est jamais très loin.
« Cela va être un jeu d’équilibriste entre saisir les opportunités du digital et minimiser les risques », prévient Aristide Ngalani. La sécurité passe alors par l’éducation financière, afin de construire une communauté d’investisseurs prudents, résilients et intelligents. Elle passe aussi par la régulation qui garantit l’attractivité du marché.
Placide Onguéné