(BFI) – Le nouveau maire de Douala, Roger Mbassa Ndine, entend bien prendre la main sur le véhicule d’investissement de la ville. Mais son prédécesseur, Fritz Ntonè Ntonè, ne l’entend pas de cette oreille. La Société métropolitaine d’investissement de Douala (Smid) vit une période tumultueuse qui a atteint son summum le 12 février dernier dans la capitale économique du Cameroun.
« En date du 12 février 2021, aux environs de 14h, une escouade de policiers des Esir (Équipes spéciales d’intervention rapide), sans aucune réquisition du procureur de la République de la ville, et donc sans droit, a fait irruption au siège de la Smid SA accompagnée d’un collaborateur de Me Owona Suzanne, huissier de justice à Douala prétendant exécuter une décision de justice, mais n’ayant avec lui aucun titre exécutoire comme l’a fait observer le conseil juridique de la société, et comme l’a admis l’officier de police qui conduisait les forces de l’ordre », relate le directeur général de la société, Fabrice Petton, dans une note envoyée aux administrateurs et actionnaires.
Toujours, selon le DG, cette irruption fait suite à « une procédure engagée par la mairie de la ville de Douala, entité juridique inexistante dans les textes régissant les collectivités territorialement décentralisées, et dont le maire de la ville, arguant de son statut prétend qu’il devrait occuper de droit le fauteuil de président du conseil d’administration de la société, ce qui est contraire aux textes de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du Groupement d’intérêt économique (GIE) et aux statuts de la Smid SA ».
Guerre de leadership
En réalité, le DG de la Smid révèle en toile de fond un conflit de leadership. En effet, Roger Mbassa Ndine, le maire de la ville de Douala depuis 2020 réclame à ce titre la présidence du conseil d’administration de la structure créée en 2018 pour servir de véhicule d’investissement de la ville. Pour le nouveau maire, le poste de PCA devrait naturellement que lui revenir étant donné qu’il est le nouveau magistrat de la ville de Douala. Sauf que, Fritz Ntonè Ntonè, ancien délégué du gouvernement (ancienne appellation du maire de la ville) auprès de la Communauté urbaine de Douala (CUD), trône toujours comme président du conseil d’administration. Une situation que conteste M. Mbassa Ndine.
Seulement, le DG, lui, demande d’attendre la tenue l’assemblée générale prévue le 25 mars 2021. « La CUD qui est certes actionnaire de référence (23%, NDLR), n’est pas actionnaire majoritaire. Elle ne dispose donc pas de droits spéciaux, et il est regrettable que tous les actes aient pour objet jusqu’à nos jours, d’entraver la bonne marche de la société et la réalisation des projets pilotes malgré les différents courriers et rencontres faits par le passé », raisonne le DG.
En attendant le dénouement de cette affaire, Roger Mbassa Ndine a posté la police municipale devant la Smid pour surveiller les activités qui s’y déroulent. Ce qui, selon le DG perturbe les activités de la Société qui s’est fixé des objectifs lors de sa création.
Géographie du capital
Se référant aux dispositions législatives en matière de décentralisation, ne permettant pas aux collectivités territoriales décentralisées et aux organismes publics de détenir plus de 33 % d’une société d’économie mixte ou anonyme, les actions constituant le capital social de la Smid ont été divisées en quatre catégories d’égale valeur.
Les « actions de catégorie A » sont détenues par la Communauté urbaine de Douala et les communes d’arrondissement, à concurrence de 23 %. Les « actions de catégorie B » sont détenues par les entreprises des secteurs public et parapublic, dont : le Port autonome de Douala, la Société Immobilière du Cameroun, à hauteur de 10 %.
Les « actions de catégorie C » sont détenues par les entreprises du secteur privé à hauteur de 20%. Les actions de catégorie D sont détenues par les personnes physiques à concurrence de 4,7 %, étant entendu qu’aucune personne physique ne pouvait détenir individuellement plus de 5 % du capital social.
L’objectif final de la Smid est de mobiliser à terme 1400 milliards FCFA afin de construire certaines infrastructures telles que le « Centre international des conférences de Douala » (12,4 milliards FCFA), la « gare routière multimodale de Bonabéri » (1,9 milliard), la « Forêt urbaine » située dans la vallée de la Bessékè (2,29 milliards), le « parc des expositions de Douala » pour un coût estimatif de 8,5 milliards FCFA, etc.