(BFI) – Un groupe d’experts vient de publier un rapport sur l’accès aux financements en zone Cémac, deux mois après l’adoption des mesures prises par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) pour soutenir la croissance. Le faible niveau de « l’inclusion financière » limite la mise en œuvre des mesures, estiment les analystes.
Pour essayer d’aider la République du Congo et les cinq autres pays de la sous-région à faire face aux conséquences économiques de la crise sanitaire de Covid-19, la banque centrale a adopté le 27 mars 2020 des mesures de facilités des financements. La solution d’injection de fonds devrait permettre aux banques de financer l’économie à travers les prêts à des conditions avantageuses.
Pour cela, la banque centrale a décidé de revoir à la baisse le taux de la facilité de prêt marginal de 6% à 5%, le taux d’intérêts d’appels d’offres (TIAO) de 3,5% à 3,25% et les décotes applicables aux effets publics et privés admis comme collatéral pour les opérations de refinancement à la BEAC en sus de ces mesures d’accompagnement ; ainsi que d’élargir la gamme des effets privés admis comme collatéral des opérations de politique monétaire.
À l’endroit des établissements de microfinance, il est recommandé l’évaluation des risques associés au portefeuille client conformément aux dispositions réglementaires ; le respect du règlement de la Commission bancaire EMFR-2017/07 relatif à la classification ; la restructuration prudente des crédits… Quant aux banques, il leur est demandé d’assouplir les conditions bancaires pour les clients par la veille sur la qualité des services et de mettre à disposition des fonds dans leurs réseaux.
Malgré ces engagements, les experts émettent des réserves sur l’efficacité des mesures de la BEAC qui s’est engagée à injecter plus de 240 milliards FCFA à 500 milliards FCFA et à se rendre disponible à revoir ce plafond à la hausse en cas de besoins. « La dernière injection de liquidité de la BEAC n’a pas suscité la frénésie des banques primaires : c’est la preuve que ce type de mécanismes utilisé pour irriguer financièrement les économies de la zone n’alimente qu’imparfaitement les acteurs de l’économie réelle », souligne le groupe d’experts, dont le cabinet Ghomeg & Associés du Congo Brazzaville.
Ceux-ci suggèrent à la banque centrale d’agir en faveur du taux de bancarisation, du dynamisme du secteur informel et de l’accès dudit secteur aux financements et services bancaires. « Si le volume de crédit des établissements de Microfinance croît de 1%, alors le taux de croissance économique croît de 0,95%(…) La baisse du taux d’intérêt pratiqué par les établissements de microfinance stimule leurs clients à recourir aux emprunts. L’obtention de ces crédits va permettre aux emprunteurs de réaliser leurs projets », ont plaidé les experts.