(BFI) – La relance économique post-Covid en Afrique pour laquelle la BAD a lancé un fonds de 10 milliards de dollars et surtout la réélection (sauf coup de théâtre) du président Akinwumi Adesina, candidat unique à sa propre succession sont les principaux sujets des 55ème assemblées générales de l’institution qui se tiennent en ligne ces 26 et 27 août.
Placées sous le thème « Mieux reconstruire l’Afrique après la pandémie de COVID-19 », les 55ème assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) qui se tiennent virtuellement ces 26 et 27 août en raison de la pandémie de Covid-19, officialisent l’entrée de l’Irlande en tant que 81ème pays membre de l’institution dont les 54 africains. A l’occasion, les gouverneurs se pencheront en détail sur le fonds stratégique de 10 milliards de dollars lancé en avril dernier pour aider l’Afrique à faire face à la pandémie et l’aider à relancer son économie, alors que les déblocages de fonds se mettent progressivement en place.
Mais au-delà, le dossier le plus chaud de ces assemblées est sans aucun doute l’élection du président de la BAD pour les cinq prochaines années. Akinwumi Adesina, en poste depuis 2015, est candidat unique à sa propre succession. Alors que le vote est prévu à la fin des travaux, sauf coup de théâtre, le chemin semble complètement balisé pour l’ancien ministre nigérian de l’Agriculture.
Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, a été réélu pour un second mandat de cinq ans, jeudi 27 août, en marge des assemblées générales annuelles de l’institution. Les gouverneurs des 81 États membres se sont prononcés en mode virtuel et par bulletin secret. Seul candidat à sa succession, le Nigérian a été réélu au deuxième tour ce qui en dit long sur les dissensions entre actionnaires.
Ce scrutin marque un nouveau départ pour l’institution panafricaine à l’image fragilisée depuis janvier 2020 par la crise dite des lanceurs d’alerte. A la sortie de cette épreuve éprouvante, le président Adesina devrait engager des chantiers urgents en faveur de la bonne gouvernance mais aussi de la recapitalisation d’une banque confrontée à la baisse des cotes de crédits de 9 de ses États membres régionaux et, à l’extérieur, à un risque de décote sur l’un de ses grands membres non régionaux. Discrète durant les assemblées, les USA ont rappelé l’exigence des réformes dans une courte note postée hier sur le département américain du Trésor.
Comment est élu le président de la BAD ?
Créée en 1964, la BAD compte 80 pays actionnaires (54 pays africains et 26 non africains, d’Europe, d’Amérique et d’Asie), d’où le nombre de gouverneurs qu’on appelle communément les « faiseurs de rois ». Elle est la seule institution africaine cotée triple A par les agences de notation financière. Le président élu doit avoir recueilli la majorité des suffrages exprimés. Soit 58,8 % des pouvoirs de vote des membres africains et 41 % des membres non africains. Cette nouvelle évolution du pouvoir nigérian pourrait garantir à Adesina un autre mandat à la tête de la BAD. En effet, plus un pays souscrit au capital de la banque, plus il pèse au moment du scrutin. Le Nigeria a toujours été le seul pays africain à être aussi influent au sein du conseil des gouverneurs.
Habituellement, le suspense débute dès le premier tour puisque chaque gouverneur est appelé à voter pour l’un des candidats en lice. Après chaque tour, le candidat ayant reçu le moins de voix se retire. Mais il peut arriver qu’aucun ne remporte le scrutin. Cela s’est déjà produit en 1995, lors de l’élection du Marocain Omar Kabbaj et, en 2005, pour le premier mandat de Donald Kaberuka.
Reste à savoir si les gouverneurs tiendront compte des efforts déployés par la banque pour contrer la pandémie du Covid-19 sur le continent. Depuis que la pandémie de Covid-19 a frappé les côtes du continent début mars, plus d’un million de cas confirmés de virus ont été enregistrés en Afrique. Elle a durement frappé les économies de la région à la suite de la chute des prix des produits de base et des mesures de confinement prises par les gouvernements qui ont conduit à des fermetures de pays. Au mois d’avril, la Banque a mis en place un plan de riposte de 10 milliards de dollars. Elle a également levé un montant de 3 milliards de dollars grâce à une obligation sociale Covid-19 introduite à la Bourse de Londres.
André Noir