(BFI) – Partout en Afrique le virus continue de progresser avec environ 3.300 cas et plus de 90 décès. Des mesures de confinement et de couvre-feu ont été prises. Avec toute la difficulté de leur mise en application dans un continent où la vie communautaire est très forte.
Avec plus de 3.300 cas et plus de 90 décès, selon un bilan établi par l’AFP, l’Afrique reste encore épargnée par la pandémie mais la propagation du virus suit une « évolution dramatique », a alerté la responsable régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Matshidiso Rebecca Moeti.
Malgré les mesures prises dans une quarantaine de pays africains, de confinement, d’isolation des cas suspects, d’interdiction de regroupements religieux ou sportifs, de fermetures d’écoles dans vingt-cinq pays, le coronavirus progresse et le continent est mal armé pour faire face à une crise sanitaire de grande ampleur, a implicitement reconnu la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique Matshidiso Rebecca Moeti, qui parle de « défi » à relever.
Evoquant dans un entretien à la chaîne France24 la vie communautaire très forte sur le continent, elle a insisté sur la nécessité de trouver d’autres moyens d’hygiène pour minimiser la propagation du virus. Il faut adapter les mesures pour limiter la propagation du virus au contexte africain, et travailler avec ceux qui appuient l’accès à l’eau, a-t-elle ajouté. Avec le constat que certains efforts portaient leurs fruits : « Il y a quelques semaines seulement deux pays avaient la capacité de diagnostic, maintenant quarante-deux pays sont capables de diagnostiquer la maladie ».
Sur le continent peu de pays se sont engagés dans la voie du confinement national tant ses conséquences économiques et sociales sur des populations privées de services de base semblent risquées. Mais des mesures de plus en plus strictes sont mises en application.
Vendredi dernier, à la veille du confinement prévu de Kinshasa, les autorités sanitaires en République démocratique du Congo annonçaient un cas de coronavirus dans la province de l’Ituri, le premier signalé en dehors de la capitale. Samedi matin, les dix millions d’habitants de Kinshasa auraient dû être placés en confinement « intermittent » pour trois semaines afin d’éviter la propagation du Covid-19 au reste du pays. Une décision finalement reportée. Le président Félix Tshisekedi avait annoncé mercredi soir l’isolement de la capitale du reste du pays avec interdiction des déplacements aériens, fluviaux et terrestres dans les deux sens jusqu’à mardi inclus.
L’Afrique du Sud a annoncé ses deux premiers morts quelques heures après son entrée dans une période de confinement national de trois semaines destinée à enrayer la progression rapide de la maladie. Le pays compte plus d’un millier de contaminations recensées. La progression de la maladie a conduit le président Cyril Ramaphosa à imposer vendredi à ses 57 millions de concitoyens de rester chez eux pendant trois semaines afin « de prévenir une catastrophe humaine aux proportions énormes ». Depuis plusieurs jours, les autorités ont exhorté la population à respecter strictement le confinement, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’à six mois de prison.
Si certains pays comme le Rwanda, l’Ile Maurice, la Tunisie ont imposé le confinement national, le Sénégal, le Kenya, la Côte d’Ivoire ont préféré l’état d’urgence et des couvre-feux, moins stricts. La Guinée les a rejoints jeudi et ordonné la fermeture des restaurants, bars, écoles, universités, églises et mosquées pour deux semaines. En Ouganda, la police a indiqué vendredi avoir ouvert le feu et gravement blessé deux personnes qui n’avaient pas respecté les ordres de distanciation.
En Algérie, où le confinement est total dans la région de Blida près de la capitale, et partiel à Alger avec un couvre-feu de 19 heures à 7 heures, un avion en provenance de Pékin a atterri vendredi avec à son bord une équipe de virologues chinois, des respirateurs et du matériel de protection et de dépistage, selon les médias locaux. Cette assistance médicale est un don du groupe de BTP chinois CSCEC (China State Construction Engineering). Un deuxième avion est attendu dimanche. 409 cas de la maladie Covid-19 ont été officiellement déclarés sur le sol algérien.
A Addis-Abeba, le président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat est en quarantaine après que l’un des membres de son équipe a été testé positif au nouveau coronavirus. Le membre de la Commission touché est un Mauricien de 72 ans qui est rentré à Addis-Abeba en provenance de la République démocratique du Congo (RDC) le 14 mars. L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé du continent avec quelque 100 millions d’habitants, compte officiellement 16 cas de coronavirus.
Au Nigeria, l’entourage du président Muhammadu Buhari démentait vendredi toute rumeur de maladie du chef de l’Etat, qui n’a fait aucune apparition publique depuis que son bras droit a été testé positif au Covid-19 en début de semaine. Ses porte-parole ont également relayé une note d’information, signée du président, dans laquelle il annonce un plan de 27 millions de dollars pour lutter contre la propagation de la pandémie dans le pays le plus peuplé d’Afrique, avec près de 200 millions d’habitants. Les autorités de Lagos et d’Abuja ont invité la population à rester chez elle, conscientes des difficultés à faire respecter de strictes mesures de confinement tandis que le président du Sénat Ahmad Ibrahim Lawan a appelé à « être inventif » pour soulager les plus pauvres. « Si nous confinons le Nigeria, ça va causer des troubles parce que la majorité de nos concitoyens ont besoin d’aller au marché tous les jours pour manger, » a-t-il indiqué.
La Centrafrique a de son côté durci les mesures de prévention après l’annonce d’un premier cas de transmission locale dans le pays. Le pays avait été relativement épargné par l’épidémie. « Avec la détection du cinquième cas le 24 mars 2020, il y a lieu de craindre une transmission locale », a déclaré le chef de l’Etat Faustin Archange Touadera dans un communiqué.
Les autorités ont annoncé de nouvelles mesures pour limiter l’épidémie dont la suspension pendant 15 jours des entrées sur le territoire centrafricain des étrangers venant de pays à transmission locale, à l’exception des diplomates et du personnel d’ONG. Autres mesures, la fermeture des écoles de la crèche à l’université, ainsi qu’une restriction des mouvements de population entre Bangui et le reste du pays. Cette dernière mesure paraît difficile à appliquer, les deux tiers du territoire national étant contrôlés par des groupes armés.
Mercredi, le représentant spécial du secrétaire général
de l’ONU pour l’Afrique centrale, François Louncény Fall, avait appelé à un
cessez-le-feu entre les parties en conflit dans la région « afin de
permettre la mise en œuvre rapide et efficace des stratégies nationales de
riposte ».
« Nous devons ensemble combattre, maintenant, ce fléau qui n’épargne ni les
belligérants, ni les populations civiles ni les dirigeants politiques », avait-il
ajouté.