(BFI) – Le chemin qui mène vers la fusion entre la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) pour se conformer à l’esprit et à la lettre de l’Union Africaine (UA) qui préconise l’existence d’un seul regroupement par région reste encore long.
L’intégration régionale en Afrique centrale reste dominée par l’absence d’une réelle volonté politique des dirigeants pour parvenir à la création d’une seule institution. Pourtant, cette bipolarisation institutionnelle a montré ses limites car elle constitue à n’en point douter, un frein au développement. Selon toute vraisemblance, même l’entrée en vigueur le 1er janvier 2021 de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZECLAF) censée doper cette dynamique unitaire n’apporte pas jusque-là, les fruits escomptés.
Autant la CEMAC constituée de six Etats, (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) semble former une communauté homogène indépendamment de quelques atermoiements politiques, autant l’on ne retrouve pas cette dynamique pour ce qui est de la CEEAC, composée des Etats cités en sus, plus l’Angola, le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) et Sao Tomé et Principe. En effet, l’Angola, le Burundi et la RDC sont à la fois membres des regroupements régionaux d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe à l’instar de la SADC, ce qui dilue leur implication dans le fonctionnement de la CEEAC.
Suivant les résolutions des chefs d’Etat, le président de la Commission de la CEEAC Gilberto Da Piedade Verrissimo et le président de la Commission de la CEMAC Daniel Ona Ondo se sont rencontrés le 24 février 2021 à Libreville, au Gabon, « dans le cadre du dialogue entre les deux institutions dont l’objectif est d’œuvrer en synergie à la recherche et à la mise en œuvre de solutions idoines, permettant de faciliter l’intégration régionale, d’accélérer la transformation économique et de favoriser le développement économique et social de la sous-région ».
Un marché de plus de 200 millions de consommateurs
Selon de fiables informations, l’état d’avancement du processus de réforme institutionnelle de la CEEAC et les objectifs attendus de la nouvelle Commission d’ici 2025 n’est pas satisfaisant. Il s’agit entre autres, de la poursuite de ladite réforme avec notamment l’opérationnalisation des organes d’intégration communautaires que sont le parlement, la cour de justice, la cour des comptes, la banque centrale. Dans l’optique d’atteindre une transformation structurelle bénéfique, d’autres chantiers font encore l’objet de réflexions notamment la Taxe Communautaire d’Intégration (TCI) « dont l’application effective, aurait permis un développement encore plus important de notre sous-région ». A en croire le président de la CEMAC, « beaucoup a été fait, surtout en ce qui concerne les textes, les réglementations et les institutions mais le chemin pour atteindre la satisfaction est encore long ».
Face à ces défis multiformes, les deux parties ont convenu de la signature « dans les plus brefs délais, d’un Mémorandum d’entente établissant la nécessité pour les deux Commissions de travailler en symbiose afin de parvenir à une convergence coordonnée et cohérente des programmes et projets communs telle que souhaitée par les chefs d’Etat et de gouvernement ». Au-delà d’un discours officiel visiblement volontariste, l’on a du mal à réaliser des avancées provenant du Comité de pilotage de la rationalisation des Communautés économiques régionales en Afrique centrale (Copil/CER-AC) mis en place depuis quelques années à l’initiative des dirigeants régionaux. Un retard qui traduit l’état d’esprit des gouvernants qui semblent s’y accommoder au statu quo.
La CEEAC constitue un marché de plus de 200 millions d’habitants est la région la moins intégrée d’Afrique, avec un taux d’échanges autour de 3% seulement contre une moyenne continentale d’environ 17%, tandis que l’insuffisance criarde des moyens de communication constitue un énorme frein à l’intégration communautaire. Par ailleurs, restent attendus, l’adoption des projets de Traité constitutif et des projets de convention et protocoles devant régir les institutions, organes et agences d’exécution qui formeront la nouvelle architecture institutionnelle communautaire après l’approbation des chefs d’Etat.
De quoi espérer que le sommet de la CEEAC prévu le 27 février 2021 à Luanda, en Angola, permettra à l’Afrique centrale de se déterminer davantage dans l’option réaffirmée de la mise en place d’une seule et unique institution communautaire, véritable catalyseur de l’intégration et du développement en Afrique.