(BFI) – Après une année 2019 de pertes et une année 2020 qui le sera tout autant, ENEO, la société en charge de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun, qui fait partie d’un des portefeuilles du fonds d’investissement britannique Actis prévoit de réaliser un bénéfice net cumulé de près de 165 milliards FCFA (265 millions $) sur la période allant de 2021 à 2025.
Cette performance serait soutenue par des revenus, de nouveau en hausse dès 2021, après les difficultés de l’exercice 2020 du fait de la pandémie de coronavirus. Le chiffre d’affaires de l’entreprise devrait franchir le cap de 500 milliards FCFA en 2024, et se rapprocher des 580 milliards FCFA en 2025, apprend-on d’une source proche de l’entreprise, qui a requis l’anonymat, car ces prévisions ne sont pas publiques.
Ce rebond est attendu, car visiblement, l’année 2019 n’a pas été très solide, selon les premières estimations qui attendent d’être confirmées par les résultats de l’entreprise. Malgré une hausse de plus de 10% du chiffre d’affaires, les marges ont été mises sous pression par une augmentation des charges aussi bien fixes que variables.
L’une des causes évoquées est le retard pris dans le lancement de certains barrages qui ont nécessité d’investir dans des alternatives onéreuses. L’entreprise a aussi géré un défi fiscal qui a constitué une charge exceptionnelle non négligeable.
Le mauvais temps est cependant en train de passer de manière définitive. ENEO a reçu un boost dans sa trésorerie avec le paiement par l’Etat de 45 milliards FCFA d’arriérés dus. Une autre tranche qui peut atteindre les 30 milliards FCFA (contre 23 milliards FCFA initialement) est aussi en voie d’être régularisée ; ce qui permettra à l’entreprise d’avoir un bilan plus équilibré.
Aussi, il est prévu que le gouvernement règle la facture de la reprise par la Sonatrel des infrastructures de transport d’énergie. Rien n’est encore décidé, mais on parle d’une cagnotte qui pourrait atteindre les 45 milliards FCFA.
Même si elle a pu financer ses dépenses courantes grâce à la confiance dont elle jouit au sein du secteur bancaire local, les paiements du gouvernement ont été suffisamment significatifs pour lui donner plus de marges de manœuvre dans son ambition visant à mobiliser 100 milliards FCFA sur le marché local de la dette. Il est ainsi prévu de réduire progressivement la dette et de sortir des besoins de prêts bancaires à court terme, dès 2023.
Le redressement d’ENEO est devenu un objectif partagé par toutes les parties prenantes. Mais l’achèvement de son ambition dépendra fortement de la discipline dans la mise en œuvre du plan d’investissement quinquennal, mais aussi de la capacité du gouvernement à honorer ses engagements, en qualité de deuxième actionnaire de référence.
Une mission difficile, car pour la hausse de son chiffre d’affaires, ENEO compte sur une hausse aussi bien des consommateurs que des prix, et dans le même temps de nouveaux acteurs sont entrés dans la chaine de valeur de l’électricité et augmentent les coûts pour la distribution.