(BFI) – En dépit de la fusion avec Douala Stock Exchange (DSX), la Banque gabonaise de développement (BGD) est restée le premier actionnaire de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC).
Selon l’Agence Ecofin, la BGD détient 32,15% du capital de la BVMAC nouvelle version, dont le siège a été transféré de Libreville au Gabon à Douala au Cameroun. Ce qui donne à cette banque, selon les textes qui régissent le droit des sociétés en zone Cemac (Ohada), une minorité de blocage. « En fait, tel que nous avons analysé le traité de fusion, c’est comme si on a assisté à une absorption de la Douala Stock Exchange par la BVMAC. Dans ce cas, c’est assez logique que la BGD qui était déjà l’actionnaire de référence de la bourse de Libreville ait ce niveau de participation », a expliqué un des actionnaires qui a requis l’anonymat. La valorisation des deux bourses avant leur fusion avait fait l’objet de nombreuses tractations qui ont d’ailleurs retardé le processus.
Le contrôle des entités et investisseurs gabonais est évident lorsqu’on regarde l’identité des actionnaires de l’institution. Son deuxième actionnaire (4,47%) est BGFI Capital, la filiale du groupe bancaire panafricain BGFI. On retrouve aussi d’autres filiales de ce groupe comme l’assureur Assinco, ou encore BGFI Bourse.
Les plus gros actionnaires camerounais que sont le groupe Société Générale, la Société nationale des investissements, la Caisse autonome d’amortissement, la Caisse nationale de prévoyance sociale, la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures et le Crédit foncier ne détiennent ensemble que 18,1% du capital de cette société de marché.
Lors du lancement de la BVMAC au plus fort de la rivalité avec la DSX, la BGD était une banque solide et portait l’essentiel (environ 72%) des parts de l’État du Gabon au capital de la structure. Mais les choses ont changé. En effet, la BGD est en liquidation aujourd’hui. « Techniquement, rien ne s’oppose à ce qu’une entité en liquidation soit actionnaire d’une société. Cela fait partie de son actif justement. Après, il est clair que c’est un gros défi si le premier actionnaire d’une société de bourse qui se veut crédible présente ce type de faiblesse », confie une source citée par l’Agence Ecofin.
Le regroupement des places boursières en zone Cemac s’est accéléré parce qu’il fallait donner un signal fort aux investisseurs. Mais de nombreux détails sont encore en train d’être réglés. Dans le cadre du Programme de réformes économiques et financières de la Cemac, la dynamisation du marché boursier figure en bonne place des objectifs. La Beac qui suit le dossier a invité les États à donner l’exemple en introduisant en bourse des entreprises publiques de grande importance.
Mais la société de bourse doit encore améliorer sa propre image afin de donner confiance aux investisseurs qu’elle sollicitera dans le cadre des levées de fonds via l’émission de titres de dette ou de participation.
André Noir