(BFI) – Ces dirigeants africains ont à cœur de préserver les petits porteurs et de rassurer les marchés. Le sujet a été débattu au cours d’un webinar diffusé sur Zoom le 14 mai dernier.
Faut-il payer ou reporter le paiement des dividendes en entreprise dans le contexte actuel ? Ralentissement de l’activité, tensions de trésorerie, menace sur les emplois, etc. La question a été posée durant le webinar organisé le 14 mai dernier par l’Africa CEO Forum (ACF), en partenariat avec le cabinet d’avocats Asafo&Co.
L’événement diffusé sur Zoom (plateforme de messagerie instantanée et de vidéoconférence, Ndlr) a réuni 200 personnes autour de la thématique : « conseils d’administration, assemblées, dividendes : les dirigeants face au casse-tête du covid-19 ». D’après 76,7% des participants: « tout dépend de la santé de l’entreprise, du pays et de l’activité ». Une position prudente donc, soutenue par les différents panélistes, à l’instar de Félix Edoh-Kossi Amenounvé, directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). « Pour moi, la décision doit être prise sur des bases justifiées. Il y a des petits porteurs parmi les actionnaires qui comptent sur les dividendes pour investir », arguera-t-il. De plus, de l’avis de certains observateurs, tout changement dans la politique des dividendes des entreprises pourrait être mal perçu par les investisseurs sur les marchés où elles sont cotées. Raison pour laquelle la place financière basée à Abidjan (Côte d’Ivoire) a recommandé aux sociétés, de publier des informations sur l’impact du covid-19 sur leurs activités. Une communication d’autant plus importante qu’elle permettra d’apporter toutes les explications nécessaires pour être compris par tous, si jamais la société choisissait de ne pas verser ces bénéfices aux actionnaires, précise Zita Mbuana Makumbu, associé auprès du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC). Un report qui tiendrait du souci des dirigeants de soulager la trésorerie de leurs compagnies et de se prémunir d’un futur incertain. A l’inverse, réussir à distribuer les dividendes dans un environnement aussi difficile serait un signal fort à destination des investisseurs, notamment sur la stratégie de développement des investissements. Pour les Etats en difficulté par contre, il y a, dans le paiement des dividendes soumis à des impôts, une bonne source de revenus.
Le cas des petits porteurs
« On a mis beaucoup de temps en Afrique pour avoir des marchés des capitaux et amener les sociétés à y être cotées. Il y a des petits épargnants qui attendent. S’il y avait un mot d’ordre sur la non distribution des dividendes, nous allons définitivement enterrer nos marchés des capitaux », prévient Zouhair Bennani, président directeur général de Label’Vie SA. De l’avis de Paul-Harry Aithnard, directeur général d’Ecobank Côte d’Ivoire, il faudrait reverser ces dividendes lorsque la flexibilité financière de la compagnie le permet. D’un point de vue purement juridique, la décision finale revient aux administrateurs. C’est à ces derniers qu’il revient, d’après Patrick Larrivé, associé chez Asafo&Co, de dire si la société dispose de la capacité financière pour payer les dividendes sans fragiliser l’avenir de l’entreprise. « Ma recommandation, si les conseils d’administration ont déjà arrêté les comptes, c’est de voir si la décision est toujours d’actualité. Une analyse au cas par cas est donc nécessaire », conseillet-il. L’éthique ou le capital ? Il faut aujourd’hui trancher la poire en deux.
André Noir