(BFI) – La CEMAC, confrontée à une conjoncture économique fragile, voit ses finances publiques chancelantes se traduire par des retards de paiement des États, qui alourdissent les bilans bancaires et génèrent des créances douteuses.
Les créances douteuses, également appelées créances non performantes, désignent les prêts dont le remboursement est compromis, soit en raison d’un défaut de paiement prolongé, soit en raison d’une détérioration manifeste de la situation financière du débiteur.
Dans la zone CEMAC, leur volume a connu une progression alarmante de 17 % de l’ensemble des crédits bruts au T1. Ce niveau critique met en lumière les faiblesses des dispositifs de gestion des risques bancaires en zone CEMAC.
Les économies de la région, fortement tributaires des ressources naturelles, restent vulnérables aux chocs exogènes (cours du pétrole, instabilités régionales). Avec des recettes fiscales en réduction, les États peinent à honorer leurs obligations, fragilisant la perception de solvabilité des débiteurs souverains.
Ces retards accrus alourdissent les portefeuilles bancaires de créances à risque, érodant la qualité des actifs et limitant la capacité des banques à financer le secteur privé.
Les banques, considérant les États comme des débiteurs « sûrs », se tournent massivement vers eux, délaissant les PME. Ce choix, déjà discutable en temps normal, s’avère aujourd’hui contre-productif : les retards de paiement rendent même les dettes souveraines moins fiables.
Privées de financements, les PME souffrent d’un accès restreint au crédit, freinant leur développement, leur contribution à la création d’emplois et la dynamique économique locale.
Pour inverser la tendance, plusieurs leviers s’imposent :
– Assainir les finances publiques : réduction des délais de paiement, transparence budgétaire, gestion rigoureuse de la dette.
– Renforcer la gouvernance bancaire : régulations prudentes, incitations au crédit aux PME, diversification des risques.
– Développer des outils dédiés aux PME : fonds de garantie, fintechs, plateformes de financement innovantes.
– Améliorer le climat des affaires : réformes structurelles et numériques pour attirer les investissements durables.
La montée des créances en souffrance dans la zone CEMAC n’est pas un simple accident conjoncturel, mais le symptôme d’un déséquilibre profond entre les impératifs de stabilité financière et les besoins de développement économique. Tant que les banques continueront à privilégier les États au détriment des acteurs économiques locaux, le cercle vicieux de la fragilité bancaire et de la stagnation productive perdurera.
Il appartient aux autorités monétaires, aux régulateurs et aux gouvernements de repenser le modèle bancaire régional, en le rendant plus inclusif, plus transparent et plus résilient.
Darly Nguema, Analyste financière
Ces PME-PMI sont destinées à mourrir dès leur naissance, faute de tissus industriel lourd.
Pas de vraies Grandes Entreprises – Grandes Industries = pas de vraie PME – PMI. La Banque n’y peut rien, elle ne reflète que la grave et absurde carence en Grandes Entreprises / Industries, ce maillon manquant garantit la durabilité des economies prospères et la stabilité des pays riches en matières premières comme les nôtres, depuis la nuit des temps.
C’est triste et douleureux, mais c’est çà, hélas.
Les Comptoirs coloniaux doivent implanter les Grandes Entreprises / Industries s’ils aspirent à changer de statut.
Qui les dirigent vraiment?
Qui les maintient à l’État de comptoirs coloniaux sans véritables tissus industriels capables de transformation in situ pour améliorer les conditions de vie des populations, des États et de facto celles des banques? Soigner seulement les symptômes contribue à rendre encore plus résistant le germe de la maladie. Modeste point de vue.