(BFI) – Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a souligné, mardi 30 avril 2024 au symposium du 50e anniversaire de la Banque islamique de développement, le besoin urgent d’une « approche audacieuse et innovante » des banques multilatérales de développement pour relever efficacement les défis en rapide évolution auxquels le monde est confronté.
M.Adesina a rappelé plusieurs initiatives transformatrices qui s’alignent à la fois sur les Objectifs de développement durable et sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Il s’exprimait sur le thème du symposium intitulé « Envisager les propositions de valeur futures pour les banques multilatérales de développement : de nouveaux horizons pour la coopération ». Participaient également à ce panel de haut niveau Muhammad Al Jasser, président de la Banque islamique de développement (BID), Alamine Ousmane Mey, ministre camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire et Ousmane Dione, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Leurs discussions ont porté sur l’évolution du rôle des banques multilatérales de développement (BMD) face aux défis complexes auxquels sont confrontés les pays du Sud. « Nous vivons dans un monde où les défis sont énormes, un monde qui évolue rapidement et qui nécessitera une nouvelle approche », a déclaré M. Adesina, soulignant que « personne ne peut y arriver seul. Nous devons marcher ensemble, et nous devons le faire d’une manière innovante, impactante, et surtout, d’une manière audacieuse et plus rapide. »
M.Adesina a souligné l’engagement de la Banque africaine de développement en faveur de ses priorités transformatrices, les « High 5 » Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, Nourrir l’Afrique, Industrialiser l’Afrique, Intégrer l’Afrique, Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique qui sont étroitement alignées sur les Objectifs de développement durable et sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Il a indiqué qu’une étude indépendante menée par le Programme des Nations unies pour le développement a conclu que « si l’Afrique parvient à atteindre ces « High 5 », elle aura réalisé 90 % de l’ensemble des Objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063. »
Il a révélé que lors de la finalisation de la Stratégie décennale 2024-20233 du Groupe de la Banque, qui a été récemment approuvée, les pays membres ont massivement appuyé la poursuite des « High 5 », ajoutant qu’« au cours des huit dernières années, notre travail a eu un impact sur 400 millions de personnes ».
Il a souligné l’importance cruciale d’augmenter le financement concessionnel pour les pays à faible revenu, en particulier en Afrique. La part de la dette commerciale de l’Afrique est passée de 17 % à 44 % entre 2000 et 2024. « Nous ne pouvons pas nous développer sur la base de la dette commerciale », a-t-il déclaré. Il a appelé à une augmentation significative du financement concessionnel dans toutes les banques multilatérales de développement. Il a plaidé en particulier pour un triplement des ressources du Fonds africain de développement, le guichet de financement concessionnel du Groupe de la Banque, pour atteindre au moins 25 milliards de dollars lors de son prochain cycle triennal de reconstitution de ses ressources.
Il a également présenté certaines des innovations financières introduites par la Banque africaine de développement pour mobiliser davantage de fonds pour l’Afrique. « L’autre chose que nous faisons pour augmenter le niveau de financement concessionnel pour ces pays à faible revenu est que nous avons obtenu l’approbation de notre conseil des gouverneurs pour utiliser les capitaux propres que nous avons accumulés au sein du Fonds africain de développement pour aller sur les marchés des capitaux et mobiliser plus d’argent. Cette mesure à elle seule nous permettra de mobiliser 27 milliards de dollars supplémentaires pour financer des prêts modérément concessionnels en faveur de ces pays ».
Al Jasser, a dévoilé des plans visant à doubler les approbations de projets et les décaissements pour atteindre 364 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, afin d’accélérer le développement durable dans ses pays membres. L’initiative vise à tirer parti de stratégies de financement et de partenariats innovants pour catalyser la croissance économique et le développement dans les pays du Sud.
Ousmane Mey, a présenté une vision globale pour les banques multilatérales de développement, centrée sur le financement du développement durable à grande échelle, le soutien à la stabilité macroéconomique et aux réformes structurelles, et la promotion d’un secteur privé dynamique.
Il a exhorté les banques multilatérales de développement à donner la priorité à l’évolutivité de leurs interventions et à adapter leurs stratégies pour mieux s’aligner sur les programmes nationaux des pays membres, garantissant ainsi que les initiatives de développement soient à la fois efficaces et durables.
En réponse, M. Al Jasser a souligné l’engagement de la BID en faveur d’un développement piloté par ses membres. « Au cours de ces 50 années, la BID a financé plus de 12 000 projets. C’était vraiment ce dont les pays avaient besoin, en fonction de leurs propres réflexions, à leur manière et dans le cadre de leurs propres plans ».
Il a souligné que cette initiative renforcera non seulement la capacité de la BID à opérer des changements, mais aussi à développer de véritables partenariats avec les pays membres.
Dione, a souligné l’importance de la collaboration et de l’intégration régionales comme stratégies essentielles pour relever les défis pressants dans les pays du Sud. Il a relevé la nécessité pour les banques multilatérales de développement de favoriser une meilleure compréhension des complexités au sein des différentes régions, plaidant pour des solutions sur mesure qui respectent les contextes socio-économiques uniques de chaque région.
Dion a également souligné l’importance de tirer parti des connaissances et des ressources collectives pour obtenir des résultats impactants et durables qui propulsent le développement régional vers l’avant.
Le symposium a réaffirmé l’urgence de remodeler l’avenir du financement du développement, en veillant à ce que les banques multilatérales de développement restent des catalyseurs indispensables du progrès et de la prospérité durable dans les pays du Sud.
Adesina, a résumé le consensus qui s’est dégagé des discussions en déclarant : « Ce n’est pas une question de banque, ce n’est pas une question de drapeau. Il s’agit plutôt de la manière dont nos mains se connectent pour nous permettre de passer à l’échelle supérieure et d’accélérer le développement des populations. »