(BFI) – Selon les chiffres révélés par la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), dans son rapport 2022 sur la situation des entreprises et établissements publics, la Compagnie camerounaise de l’aluminium (Alucam), unique producteur d’aluminium dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), a enregistré une perte de 7,9 milliards de FCFA au cours de l’exercice clos au 31 décembre 2022. Ces pertes, qui surviennent après un résultat net bénéficiaire de 447,9 millions de FCFA en 2021 (après une perte de 14,3 milliards de FCFA en 2020), sont enregistrées dans un contexte d’augmentation du chiffre d’affaires de l’entreprise.
En effet, selon le rapport de la CTR, grâce à une hausse de 4% en glissement annuel de sa production commercialisée (59 540 tonnes), en 2022, cette société d’État a affiché un chiffre d’affaires d’un peu plus de 121 milliards de FCFA. Ce qui correspond à une « augmentation significative de 32% », apprend-on. Pour parvenir à cette performance, en plus de l’augmentation du tonnage commercialisé, Alucam a bénéficié des effets induits de « la hausse du cours moyen de l’aluminium sur le marché de Londres (LME) et de l’appréciation de 12% (de la parité) du dollar par rapport au FCFA », souligne la CTR.
Mais, cette embellie autour du chiffre d’affaires d’Alucam a été neutralisée par une augmentation significative des charges au cours de l’exercice, induisant un résultat net négatif. À titre d’exemple, le rapport de la CTR révèle qu’au cours de la période sous revue, les charges d’exploitation ont explosé. C’est le cas des achats de matières premières, dont les coûts ont augmenté de 49%. Dans le même temps, les coûts des « autres achats » ont progressé de 36%, contre 33% pour les « services extérieurs » et 104% pour les « autres charges ».
Une entreprise en situation de faillite
« En outre, nonobstant la comptabilisation d’un écart de réévaluation de 11 milliards de FCFA au 31 décembre 2022, qui a permis d’améliorer les capitaux propres, ceux-ci sont restés inférieurs à la moitié du capital social. À cet égard, en vue de se conformer aux dispositions des articles 664 et 665 de l’acte uniforme de l’Ohada (recapitalisation ou dissolution de l’entreprise, NDLR), l’assemblée générale des actionnaires s’est prononcée pour la poursuite des activités de la société », peut-on lire dans le rapport de la CTR. À cet effet, l’organisme spécialisé du ministère des Finances révèle « la signature de la convention en compte courant actionnaire d’un montant de 33 milliards de FCFA en mai 2023, dans l’optique de renforcer les capitaux propres de l’entreprise ».
Depuis 2014, Alucam est à la peine, suite au retrait de son actionnariat de la firme canadienne Rio Tinto, qui détenait 46,7% des actifs du groupe. Le transfert en 2015 à l’État du Cameroun des actifs alors détenu par le groupe industriel canadien, sera suivi d’un appel à investisseur. Mais, à ce jour, soit près de 9 ans plus tard, aucun partenaire stratégique ne semble être intéressé par le mastodonte de l’aluminium au Cameroun.