(BFI) – Parti de 2500 Fcfa le sac dans les années 90 à 7000 Fcfa, voire 8000 Fcfa aujourd’hui selon les variétés, le prix du sac de ciment fait couler beaucoup d’encre et de salive dans la région de l’Extrême-Nord. Malgré qu’il soit disponible, « les prix actuels du sac de ciment ne nous arrangent pas du tout », lâche Denis Wamba, revendeur. Douala et Figuil sont les seuls lieux d’approvisionnement. Il faut noter que dans la chaîne de distribution, depuis que Cimencam a fermé ses points de vente, c’est le branle-bas. Aucun point de vente au nom de l’entreprise. Pire, aucun réseau de distribution structuré n’existe. C’est chacun qui y va de son gré. Chaque grossiste va à l’usine s’approvisionner. Conséquence : le prix du sac oscille non seulement selon les localités, mais parfois selon les humeurs du grossiste. Comme constat, le consommateur final a une gamme de prix divergents pour le même produit. Voilà pourquoi « même à Figuil où il y a une usine de production du ciment, le prix n’est pas abordable », fait constater Denis Wamba.
Approchés sur le sujet, les distributeurs pointent du doigt l’instabilité du prix d’achat du sac à l’usine, le transport et la manutention. A titre d’exemple, le prix du sac de ciment de marque Robust 42.5 qui coûte 4.255 Fcfa à l’usine à Douala, peut revenir à 6800 Fcfa à Maroua, explique Markus Yohana, directeur général de Sté Tourou Sarl, un distributeur de ciment dans la région de l’Extrême-Nord. D’après ce dernier, « ce sont ces facteurs qui dictent le prix au consommateur final, nous autres jouons juste le rôle d’intermédiaires », dit-il. Même son de cloche à la Sté Trade Plus, l’un des plus grands grossistes dans les régions septentrionales qui pense que, « si le prix d’achat du sac de ciment à l’usine est bas et stable, le consommateur final va aussi le ressentir », renchérit une autre source. « Nous tournons très souvent à perte et ce sont les ristournes qui nous permettent de nous maintenir », poursuit-elle.
A ce tableau pas du tout gai, vient s’ajouter depuis un certain temps le covid-19 qui, d’après plusieurs sources concordantes, a considérablement limité l’importation du clinker à cause des multiples mesures barrières pour limiter la propagation de la maladie. « La rareté de cet élément qui rentre dans la fabrication du ciment a eu un impact sur le prix du sac de ciment », révèle Markus Yohana. Des situations qui, d’après notre source, ne peuvent pas permettre au consommateur d’acheter le sac de ciment au prix homologué. A la question de savoir si les marges imputées sont règlementaires ? Difficile d’obtenir une réponse exacte auprès des distributeurs. Toutefois, « Le prix est fixé par rapport au prix d’achat du sac à l’usine et toutes les autres charges qui sont liées, puisque personne ne peut s’engager dans le commerce pour perdre », explique le directeur général de Sté Tourou Sarl.