(BFI) – Selon un rapport produit par le Centre pour l’environnement et de développement (CED) et l’Environmental Investigation Agency (EIA), le Vietnam est devenu une destination importante pour le bois camerounais. Les chiffres indiquent une valeur de 73% de commerce de bois entre le Cameroun et ce pays entre 2016 et 2019.
Selon les estimations de l’EIA, ce sont 132 000 m3 de grumes au minimum qui ont été exportés du Cameroun vers ce pays, en violation de l’interdiction partielle d’exportation de grumes entre janvier 2016 et juillet 2020. Des sorties évaluées à 58 millions de dollars américains, soit près de 33 milliards de F environ. L’étude montre que les grumes constituent la grande majorité de ces opérations. Les chiffres indiquent une valeur de 73% de commerce de bois entre le Cameroun et le Vietnam entre 2016 et 2019. Entre 2015 et 2018, la demande était de 82,2%, principalement pour les grumes et seulement 17,7% pour les produits dérivés transformés. D’après ces organismes, les volumes et valeurs de grumes non autorisées à l’exportation depuis le Cameroun ont été enregistrés par la douane vietnamienne comme d’importation du Cameroun et ne concorderaient pas avec ceux de la douane camerounaise.
Les essences les plus demandées par ce pays d’Asie du Sud-ouest sont notamment le Doussie et la Tali, deux essences dont l’exportation sous forme de grumes est interdite. Le CED et l’EIA révèlent qu’en fait, c’est un groupe de sociétés qui est au cœur ce commerce illégal. Quelques conséquences engendrées par ces pratiques illicites sont décriées dans ledit rapport. L’on apprend par exemple que beaucoup de ces entreprises font de fausses déclarations, fiscales sans oublier le non-respect des aires protégées. L’évasion fiscale n’est pas en reste. Le CED parle également de la perte d’opportunité d’emplois, de violation des droits de travail avec notamment les emplois sans contrats et mal payés aux locaux.
Toujours d’après ces deux ONG, le mo blanchiment du bois s’effectue au niveau des lettres de voiture dont la délivrance reste la principale faille ou porte d’entrée. Il y a également l’exploitation des ventes de coupe, la transformation du bois dans les scieries, l’utilisation frauduleuse généralisée du marquage de bois, sans oublier la création de sociétés écrans. Afin de lutter contre des opérations illégales, le CED et l’EIA formulent quelques recommandations. Le Cameroun et le Vietnam pourraient par exemple formaliser, via un protocole d’accord, le partage des données, les enquêtes, ainsi que la poursuite des criminels forestiers.
Omer Kamga