(BFI) – La somme est impressionnante : 10,883 milliards de Fcfa. C’est le montant total de l’argent échangé au Cameroun en 2020, à travers 19,5 millions de comptes Mobile Money ouverts auprès des deux opérateurs de téléphonie mobile qui offre ce service. Un chiffre révélé par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), dans son rapport sur les services de paiement par monnaie électronique dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) Une illustration, s’il en était encore besoin, de l’engouement autour de cette innovation introduite il y a dix ans, mais qui ne cesse de s’amplifier, s’enraciner sur l’ensemble du triangle national. Il n’y a d’ailleurs qu’à voir le fourmillement des possibilités qu’offre ce porte-monnaie électronique pour s’en convaincre.
En effet, au quotidien, tout peut être désormais payé depuis son téléphone. Des frais de scolarité aux frais de santé, en passant par le taxi, le ticket de train, les vêtements, les factures d’eau, d’électricité, de câble, etc. Même pour les forfaits de communications téléphoniques ou Internet, plus besoin de se déplacer chez un vendeur spécialisé lorsque son compte mobile est fourni.
D’ailleurs, c’est le service le plus utilisé dans l’ensemble de l’Afrique centrale. «L’achat de crédits téléphoniques par Mobile Money est le premier service de paiement marchand offert par tous les opérateurs, y compris les banques n’ayant pas d’opérateur téléphonique comme partenaire technique. Avec 289 millions de transactions en 2020, ce service constitue la majorité des opérations de paiement », explique le rapport. Une aubaine donc pour cette importante frange de la population, exclue et réfractaire au système bancaire classique.
Et pour couronner le tout, ceux qui permettent au Cameroun d’atteindre un taux de bancarisation d’environ 20%, peuvent également bénéficier des services du Mobile Money, puisque grâce aux évolutions permanentes, l’interopérabilité permet désormais des transactions entre comptes bancaires et comptes Mobile Money. Et ce ne sont pas les abonnés de ces opérateurs qui s’en plaindraient, eux dont la vie est désormais plus facile grâce à cette innovation. « Le principal atout de ce mode de paiement, à mon avis, c’est le gain de temps. Avec mon compte Mobile Money, je ne m’aligne plus nulle part pour payer une facture. Surtout celle de l’eau et de l’électricité pour lesquelles il m’est arrivé de passer deux heures dans les rangs », se réjouit Lysette Nembot, mère de famille.
hSeulement, ce nouveau service, encore en cours de développement, suscite interrogations, craintes et plaintes. Pour ce qui est des plaintes, nombreux sont les utilisateurs qui déplorent les failles dans le système permettant à des tiers, de mauvaise foi, de dépouiller les détenteurs de comptes de de leurs dus. Mais des mesures sont tout de même prises par les opérateurs pour limiter les dégâts. D’un autre côté, la gestion des contentieux pose encore des problèmes dont les solutions tardent à être trouvées, notamment en cas de perte inexpliquée de fonds, de décès du propriétaire d’un compte Mobile Money grassement fourni, etc.
L’Etat quant à lui ne semble pas vraiment satisfait des dividendes qu’il tire de cette activité. Dans certaines administrations, on déplore en effet l’absence de recettes fiscales directement générées par cette activité. Mais à côté, il ne faut pas ignorer les autres taxes imposées à ces acteurs. Outre la Taxe sur la valeur ajoutée, les opérateurs de téléphonie mobile affirment reverser à l’Etat et ses démembrements une partie des frais des différentes transactions. Ceci en attendant l’adoption de textes réglementaires spécifiques.
Omer Kamga
