(BFI) – Certes, l’arrivée des Fintechs a bousculé le métier de la banque, notamment dans une Afrique sous-bancarisée. Désormais, il s’agit d’allier deux métiers davantage complémentaires que concurrents, afin de répondre au défi de l’inclusion financière.
La crise sanitaire a montré l’intérêt des nouvelles technologies dans la transmission des informations et des données ; elle sert aussi d’accélérateur des décisions. Plutôt que de se lamenter sur la « sous-bancarisation » du continent, les entreprises de technologies financières, les « Fintechs », recherchent des solutions d’avenir : paiement sans carte de crédits, virements sécurisés en ligne, souscription à des microcrédits. D’abord méfiantes face à l’apparition de nouveaux concurrents, les banques traditionnelles semblent vouloir franchir le pas. Et si les deux modes de circulation et de conservation de la monnaie pouvaient cohabiter ? Et si, pour les banques, les Fintechs constituaient un pont supplémentaire avec la clientèle des entreprises ?
En Afrique du Nord, les banques marocaines, notamment, voient d’un bon œil l’arrivée des Fintechs, lesquelles, au fond, concurrencent davantage les géants des moyens de paiement comme Visa ou Mastercard. Pour sa part, la panafricaine Ecobank invite les Fintechs à se joindre à sa grande plateforme de tests (Sandbox) « à côté » de ses propres services. Tel est le sens du partenariat avec la togolaise Semoa
Au Sénégal, la banque a organisé, le 3 juillet, un atelier de travail sur ces questions. Pour Ecobank, comme pour toutes les institutions internationales, l’écosystème des Fintechs développe différents produits et services numériques. Ceux-ci favorisent l’inclusion numérique et financière. Un avis partagé par Driss Bennouna, de la marocaine CIH Bank, qui s’exprimait de son côté lors d’un séminaire organisé cette semaine par La Tribune Afrique. Les deux métiers évoluent davantage dans une logique de complémentarité que de concurrence, même s’il est vrai qu’en arrivant sur le marché, les Fintechs ont contraint les banques à ajuster leur stratégie de croissance.
Une offre de services à coûts réduits
Sans doute, cette logique de complémentarité se renforcera-t-elle au fur et à mesure que l’Afrique se tournera vers une économie cashless. CIH Bank organise d’ailleurs régulièrement des hackatons afin d’assurer pour son propre compte une veille technologique sur les innovations financières.
Objectif : créer de nouveaux services qui, en eux-mêmes, ne sont pas forcément très rentables, mais qui attirent et qui fidélisent une nouvelle clientèle.
Sahid Yallou, directeur d’Ecobank Sénégal, revient sur la stratégie de son groupe : « La banque dispose d’une plateforme technologique robuste. Nous avons la vision d’une Afrique digitale. Nous avons la licence bancaire et le savoir-faire en matière de services financiers. C’est pourquoi, nous voyons en vous une certaine complémentarité dans le sens de l’amélioration et de l’approfondissement de l’offre de services financiers à coût réduit et accessibles aux populations, aux entreprises et aux gouvernements. »
Cette logique de rapprochement est cultivée par les plus grandes instances. Telle la SFI, sous la houlette de son nouveau directeur général, Makhtar Diop : « C’est une priorité pour nous d’accompagner les start-ups. Priorité qui nous permettra d’appuyer l’inclusion financière et de créer ces licornes que l’on espère voir émerger d’Afrique », expliquait-il à l’occasion des AfricaTechs Awards, remis au Salon VivaTech de Paris.
Selon Makhtar Diop, l’une des leçons à retenir de la crise de la Covid-19 est que les Fintechs ont réussi à s’ajuster, en réduisant divers coûts pour s’adapter et répondre à la demande croissante émanant des secteurs moins traditionnels. « Pour aller plus loin, il est nécessaire d’adapter la réglementation », prévient-il. Les Assemblées annuelles de la SFI, qui se tiendront en octobre 2022 à Marrakech, auront précisément pour thème les Fintechs et l’innovation au service de l’inclusion financière.