(BFI) – La Norvège va verser 17 millions de dollars pour récompenser le Gabon pour le carbone séquestré et d’autres mesures de lutte contre la déforestation.
La promesse en avait surpris plus d’un. C’était en septembre 2019, la Norvège venait de signer avec le Gabon à New York un accord inédit qui stipulait que le pays africain couvert de forêts se verrait payer pour ne pas déforester et ainsi réduire les émissions de carbone. Dix-huit mois plus tard et après un audit en bonne et due forme, le Gabon est devenu le premier État africain à être payé par des fonds internationaux.
« Après que des experts indépendants ont vérifié les résultats obtenus par le Gabon en matière de réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts, un paiement de 17 millions de dollars américains rétribue les réductions réalisées par le Gabon en 2016 et 2017, par rapport aux niveaux d’émission annuels de 2006 à 2015 », selon un communiqué du ministère gabonais de l’environnement.Les fonds sont délivrés par l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (Cafi), un organisme lancé en 2015 par l’ONU, qui rassemble des pays d’Afrique centrale et des bailleurs de fonds internationaux.
Le Gabon, ce bon élève
Les forêts d’Amazonie, d’Afrique équatoriale ou encore d’Indonésie sont de grands réservoirs de carbone. Les arbres et la végétation absorbent et en stockent des quantités massives. La communauté internationale est focalisée sur des zones très déforestées comme l’Amazonie, mais quid des bons élèves qui n’ont que peu déforesté, comme c’est le cas du Gabon ?
Les forêts gabonaises « absorbent un total de 140 millions de tonnes de CO2 chaque année, ce qui équivaut au retrait de 30 millions de voitures de la circulation dans le monde », écrit le ministère gabonais de l’environnement. Le Gabon, dirigé depuis 2009 par Ali Bongo Ondimba, est situé en plein cœur de la forêt tropicale d’Afrique centrale, appelée « le deuxième poumon de la terre », après l’Amazonie. Cela fait plus de dix ans que le pays trace sa propre trajectoire environnementale.
Le contrat signé entre Norvège et Gabon stipule que la Norvège paiera 10 dollars pour chaque tonne de carbone non émise, par rapport à la moyenne récente des émissions du pays (2005-2014). Si le Gabon poursuit ses efforts, il pourrait percevoir un montant maximal de 150 millions de dollars soit 136 millions d’euros sur dix ans. Mais surtout, ce premier geste marque un tournant et fait naître l’espoir qu’en acceptant de payer 10 dollars la tonne, la Norvège poussera le prix mondial du carbone à la hausse.
Une trajectoire environnementale assumée
Plus concrètement, les fonds reçus seront notamment consacrés à des investissements dans la foresterie communautaire. « L’objectif est d’améliorer les revenus, les moyens de subsistance et le bien-être des communautés au Gabon », selon le communiqué. « Le pays a démontré qu’avec une vision, un dévouement et un dynamisme fort, des réductions d’émission peuvent être réalisées dans la forêt du bassin du Congo », s’est félicité au nom du Cafi Sveinung Rotevatn, ministre norvégien de l’environnement.
Pour autant, le pays n’est pas exempt de scandales, comme celui qui a éclaté il y a deux ans autour de stocks de bois précieux de kevazingo illégalement abattu, et qui a montré l’ampleur de la corruption dans l’administration. Ce bois très cher sert à fabriquer des meubles, exportés notamment vers la Chine.Depuis plusieurs années, les autorités gabonaises ont développé une politique de conservation relativement poussée pour l’Afrique centrale. Il possède 13 parcs nationaux, qui couvrent 11 % de son territoire, et 20 aires marines protégées.
Le Gabon héberge près de 60 % des éléphants de forêt qui subsistent en Afrique, récemment inscrits sur la liste des espèces en danger critique d’extinction.