(BFI) – Covid-19, plan de résilience, soutien aux PME, front social… Dans cet entretien exclusif, le directeur général d’Ecobank Gabon, Nicholas Achiri Asangwe, fait le point sur la situation de l’établissement bancaire.
L’année 2020 a été marquée par un ralentissement quasi-général dans tous les secteurs de l’économie nationale. Quel a été l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les activités d’Ecobank Gabon ?
L’activité de la banque étant déclarée » service essentiel » par le gouvernement, nous avons privilégié en tout premier lieu la sécurité de nos employés ainsi que celle de nos clients en droite ligne avec les mesures instruites par le gouvernement à savoir : le respect de la distanciation sociale en agences et dans les bureaux ; le port du masque obligatoire ; la prise de température et la désinfection systématique des mains à l’entrée des agences, des GAB ainsi que des espaces de travail ou d’accueil clients. En parallèle, une cellule de gestion de la crise a été mise en place à l’échelle du groupe et pilotée par une équipe dédiée dans chacune de nos filiales pour sa mise en œuvre. Nous avons systématisé le télétravail avec des systèmes de rotation par équipe, réaménagé les horaires, digitalisé les réunions internes et externes, via des plateformes digitales tout en nous assurant de continuer à servir nos clients en agence tout en les encourageant à utiliser nos plateformes digitales. Les campagnes de sensibilisation développées en interne et en externe ont permis d’accompagner chacune des actions prises.
Comment se porte aujourd’hui financièrement la banque ?
Ecobank Gabon a amorcé une stabilisation de sa situation financière depuis près de 3 ans déjà. Nous avons garanti la mise en conformité de notre niveau de fonds propres sur le plan réglementaire. Nous avons également entrepris des actions d’optimisation des charges qui ont permis par ailleurs d’améliorer les performances financières en plus de l’amélioration du niveau de revenu.
Quel a été le soutien apporté par la banque au gouvernement dans sa riposte contre la pandémie ?
Comme tous les pays du monde touchés par la pandémie de Covid-19, le Gabon a vu et est en train de voir son économie prendre un coup, notamment dans les secteurs de l’exportation, du tourisme, des transports aérien et maritime, de la restauration et de l’hébergement, etc. Parallèlement, il y a des secteurs qui requièrent, au cours de cette période épidémiologique, un soutien important et qui restent à développer, je cite les secteurs de la santé, les grandes surfaces de commerce, le fret, l’agriculture, l’agroalimentaire, etc. La réponse d’Ecobank a été faite d’une manière consolidée. En effet, nous avons contribué à hauteur de 3 millions de dollars à des programmes d’aide et d’appui pour soutenir les efforts des gouvernements en matière de riposte sanitaire dans chacun des pays de notre implémentation géographique. Nous avons également contribué au fonds d’aide de solidarité de l’Union africaine à travers des campagnes de communication. Sur le plan stratégique, Ecobank a fait le pari du digital depuis 2015 à travers un investissement massif de transformation de ses plateformes bancaires sans penser à la Covid-19. L’avènement du coronavirus a placé le digital comme la norme et, donc, cela nous conforte dans notre stratégie de transformation bancaire. Notre vision pour la suite est d’aider à accélérer le marché de même que les entités de l’État vers une digitalisation massive des habitudes de consommation et de paiement.
La pandémie a-t-elle reconfiguré votre façon de travailler ?
Assurément oui. Sur le plan des produits, la crise liée à la Covid-19 a mis en exergue la nécessité pour le marché (les acteurs ainsi que les consommateurs) de s’orienter avec sérénité vers la dématérialisation des transactions financières, donc vers des solutions digitales car non seulement le contexte actuel nous l’impose mais aussi je suis persuadé que ce changement d’habitudes ne pourra que participer à promouvoir l’économie africaine. Notre orientation digitale initiée depuis 2015 ainsi que notre mission de promotion de l’inclusion financière ont permis de continuer de servir les clients à distance. Et cela grâce à nos plateformes de banque en ligne. Notamment l’application mobile qui permet aux clients particuliers de réaliser des transactions financières (transferts, retraits sans cartes au GAB), paiement par scan dans les magasins, paiement des factures et achats en ligne depuis leurs smartphones et ce, instantanément en Afrique et à l’international selon les limites réglementaires. Il y a aussi l’intégration avec de notre système bancaire à celles des opérateurs de téléphonie mobile Airtel money, en partenariat avec Airtel, et bientôt Mobicash en partenariat avec Moov Africa pour faciliter les opérations de dépôts et de retraits.
Il faut noter aussi le développement d’un réseau externalisé d’agences en partenariat avec les établissements de microfinance pour favoriser un environnement de proximité avec nos clients à travers le produit Agency Banking. Ce partenariat conclu avec Express Union, EDG, Cofina et Fréquence Services représente à ce jour plus de 60 points de vente physique présents sur l’ensemble du territoire national et offrant à nos clients la possibilité de faire des retraits et des dépôts à quelques minutes de leur lieu d’habitation.
À cela, il faut ajouter l’extension de notre réseau de GAB (43 GAB) dans les 5 principales villes du pays (Libreville, Port-Gentil, Franceville, Monda et Oyem). Réseau qui accepte toutes les cartes internationales (VISA, Mastercard, China Union pay et Gimac). Enfin, nous avons notre service clients pour une assistance 24 heures/24 des clients. Aujourd’hui, 86 % des transactions des clients se font par le digital contre 14 % via les canaux classiques (les agences et les caisses en autres).
Le Covid-19 a davantage fragilisé l’équilibre financier des PME/PMI. Quelle est la politique d’Ecobank en matière de soutien aux PME/PMI installées sur le territoire national ?
Les PME/PMI constituent une composante névralgique de l’économie africaine qui contribue pour près de 85 % des emplois du secteur privé. Les emplois vulnérables en Afrique se concentrent dans 5 secteurs : le commerce, l’agriculture, la fabrication, la construction et l’hôtellerie. En tout, 25 à 160 millions d’emplois en Afrique sont devenus vulnérables en raison de l’impact du Covid-19. Le Groupe Ecobank collabore avec l’Union africaine via le Nepad autour de l’initiative » 100 000 PME » visant à aider les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) à surmonter la crise de la Covid-19 et à se maintenir en activité malgré les difficultés structurelles inhérentes à ce type d’entreprises. L’objectif du groupe Ecobank étant d’aider à concevoir à court terme des solutions d’appui des PME/PMI et des secteurs les plus affectés par la pandémie.
La stratégie du Nepad est de fournir un financement direct aux PME/PMI avec des composantes de transformation du risque et de subvention des prix. Mais aussi d’aider les PME/PMI à accéder à de nouveaux marchés, et de les autonomiser en leur facilitant l’accès à des ressources cruciales. Sur le plan national, et de façon directe, nous continuons d’accompagner les PME/PMI, les grandes entreprises et l’État… Et ces entités ont des employés domiciliés dans nos livres. Que ce soit le gouvernement, les entreprises ou les particuliers, ces marchés sont aussi porteurs les uns que les autres en fonction du niveau de prise de risque. Enfin, notre politique de soutien des sociétés dont l’activité a été impactée par la crise actuelle cadre avec la politique gouvernementale à travers des reports d’échéances, le rallongement de la durée de remboursement pour ne citer que ces exemples.
Plusieurs rumeurs font état de licenciements jugés abusifs au sein de la banque. Qu’en est-il réellement de la situation ?
Comme vous le dites, il s’agit de rumeurs et la banque ne saurait commenter des rumeurs. La banque n’a pas de plan de licenciement déguisé. Comme toutes les institutions, il peut nous arriver de nous séparer de quelques collaborateurs pour des raisons bien spécifiques. Et lorsque cela intervient, nous le faisons dans le respect des dispositions du Code du travail en République gabonaise