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Jean Tchoffo « Pour tirer avantage de cet accord, nous devons diversifier nos exportations »

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(BFI) – 9 mars dernier 2021. Une date à retenir dans les relations entre le Cameroun et le Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord. C’est ce jour en effet à Londres, que le Haut-commissaire du Cameroun dans ce pays, Albert Njoteh Fotabong et le sous-secrétaire d’Etat parlementaire au ministère britannique du Commerce international, Ranil Jayawardena, ont signé l’Accord de partenariat économique (APE) bilatéral entre les deux pays. Une nouvelle étape dans les relations entre ces deux pays membres du Commonwealth of Nations, après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le 31 décembre 2020.

Il s’agit donc d’une opportunité pour le renforcement des relations économiques et diplomatiques entre les deux pays, sans la mesure où, grâce à cet accord, le Cameroun continuera de bénéficier d’un accès préférentiel sans droit de douane et sans contingentement pour la totalité de ses produits sur le marché britannique. Mais quelques mois plus tôt, en décembre 2020, un protocole d’accord avait été signé à Yaoundé entre les deux parties, pour assurer cette continuité. Initiative qui a fait l’objet de la signature, par le président de la République, d’une ordonnance adoptée il y a peu au parlement. Jean Tchoffo, président du comité de suivi et de mise en œuvre de l’APE bilatéral entre le Cameroun et le Royaume-Uni, revient plus en détail sur les contours de cet accord bilatéral.

Monsieur le président, le Cameroun a signé le 9 mars dernier avec le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, un Accord de partenariat économique. Qu’est-ce qui justifie un tel accord ?

L’Accord de partenariat économique signé à Londres le 9 mars 2021 par le Cameroun et le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord vise à assurer la continuité des relations commerciales entre nos deux pays, après le Brexit intervenu le 31 décembre 2020 avec la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il convient également de souligner que le Cameroun n’est pas le seul pays ayant signé un tel accord avec le Royaume Uni.

C’est le lieu de rappeler qu’avant le Brexit, la Grande Bretagne était membre de l’Union Européenne et bénéficiait de ce fait des préférences commerciales découlant de l’APE Cameroun-Union européenne que notre pays a ratifié en 2014. Parallèlement, notre pays bénéficiait de l’accès de ses produits à l’ensemble des pays de l’Union européenne en franchise des droits de douane et sans contingentement.

Comment aurait évolué les relations entre les deux pays sans cet accord ?

Le Royaume-Uni étant sorti de l’Union européenne, en l’absence d’un APE bilatéral, ce pays aurait pu appliquer au nôtre le système de préférences généralisées de l’Organisation mondiale du commerce, moins favorable à nos opérateurs économiques. Car, ceux-ci auraient alors payé des droits de douanes pour leurs exportations vers la Grande Bretagne, ce qui aurait renchéri nos produits et les aurait rendus moins compétitifs. A titre d’illustration, la banane camerounaise, qui représente 28% des exportations hors pétrole vers le marché britannique, aurait payé des droits de douane à concurrence de 115 euros par tonne. Pour un volume de 30 000 tonnes, cela aurait représenté à peu près 2,7 milliards de Fcfa. Vous pouvez donc imaginer le préjudice que cela créerait en termes de perte d’emplois dans le secteur de la banane. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le président de la République a bien voulu, à titre conservatoire, prendre une ordonnance prolongeant à l’égard de la Grande Bretagne, les effets de l’APE avec l’Union européenne, en attendant la signature de l’accord du 9 mars dernier. Nous avons bon espoir que, maintenant que cette ordonnance a été adoptée au cours de la présente session du Parlement, l’accord proprement dit sera tout aussi ratifié avant le 30 juin 2021, date à laquelle cessent les effets de l’ordonnance.

En quoi l’APE Cameroun-Royaume-Uni diffère-t-il de celui que le Cameroun a signé avec l’Union européenne ?

En réalité, il n’y a pas de changement majeur, les dispositions de l’APE avec l’Union européenne signé le 15 janvier 2009, ayant été transposées en vue d’assurer la continuité des échanges avec la Grande Bretagne. Ainsi, le Cameroun va libéraliser 80% de ses échanges avec le Royaume-Uni, en excluant les produits sensibles ou à haut rendement fiscal tels que les articles de friperie, le malt, les viandes et abats, les produits de mer, le maïs, le riz, certaines huiles végétales, les parfums et savons, pour ne citer que ceux-là. En revanche, en dehors des armes que nous ne fabriquons d’ailleurs pas, tous nos produits auront accès au marché britannique, sans paiement de droits de douane, ni contingentement. A la différence de l’APE avec l’Union européenne, nous avons négocié en même temps les protocoles sur les règles d’origine qui font partie intégrante de l’Accord.

Que doit faire le Cameroun pour tirer pleinement avantage de cet accord bilatéral, quand on sait que les deux pays ne sont pas au même niveau de développement ?

Nos exportations en direction du Royaume-Uni restent peu diversifiées et dominées essentiellement par les produits de base, notamment les hydrocarbures, le bois et les ouvrages en bois ainsi que les fruits, en particulier la banane. Pour tirer avantage de cet accord, nous devons diversifier nos exportations. On pourrait d’ores et déjà mieux valoriser certains groupes de produits déjà exportés vers le Royaume-Uni, mais à l’état quasi brut, à l’instar du cacao et de ses préparations, des produits du caoutchouc et du café. A cet égard, la Grande Bretagne, à travers une initiative dénommée UK Trade Programme, va aider le Cameroun à booster ses échanges commerciaux avec le Royaume-Uni. Dans le cadre de ce programme, deux produits à fort potentiel d’exportation ont déjà été identifiés, à savoir le cacao et le poivre de Penja. Plus globalement, grâce à la mise en œuvre de notre politique d’import/substitution en droite ligne de la Stratégie nationale de développement (SND30), une importante gamme de produits à haute valeur ajoutée pourrait être fabriquée localement pour le marché britannique. Ce faisant, nous veillerons à ce que des obstacles non tarifaires ne viennent pas freiner la dynamique des échanges. Enfin, comme dans les accords de libre-échange similaires, il est prévu que la partie britannique contribue à l’absorption de l’impact fiscal net découlant de l’application de l’APE Bilatéral Cameroun-Royaume Uni.

Rédaction
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