(BFI) – Une session du Conseil d’administration de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), le fonds de pension du Cameroun, a validé le 19 mars 2021, le rapport de gestion de cette entreprise publique pour le compte de l’exercice budgétaire 2020. Ce rapport révèle un résultat net bénéficiaire de 72,3 milliards de FCFA, en légère baisse (-1,5 milliard de FCFA) par rapport aux 73,80 milliards de FCFA de l’année en 2019, apprend-on de sources internes à l’entreprise.
La CNPS maintient ainsi son résultat net au-dessus de la barre des 70 milliards de FCFA pour la 2e année consécutive. Selon les données financières de l’entreprise, cet indicateur est continuellement à la hausse, parfois de façon exponentielle, depuis l’année 2016 (43,78 milliards de FCFA en 2016, 54, 27 milliards de FCFA en 2017, 62,31 milliards de FCFA en 2018).
Sur l’année 2020, la CNPS réalise quasiment un exploit, au regard du contexte sanitaire, qui a conduit l’État du Cameroun à solliciter son fonds de pension dans le cadre des mesures visant à accompagner les entreprises et les ménages, pour les aider à se relever des ravages de la pandémie du coronavirus. En effet, nombre des 19 mesures édictées dans ce sens par le Premier ministre camerounais, le 30 avril 2020, devaient avoir des incidences sur la trésorerie de la CNPS.
Augmentation des charges
Il s’agit notamment de l’annulation des pénalités de retard de paiement des cotisations sociales dues à la CNPS, du paiement entre mai et juillet 2020 des allocations aux travailleurs dont les employeurs peinaient à s’acquitter des cotisations sociales, de l’augmentation des allocations familiales de 2800 à 4500 FCFA, ou encore de la revalorisation des pensions de 20%. « S’il faut chiffrer tout cela, le relèvement des anciennes pensions nous coûtera 12 milliards de francs et les allocations familiales 5 milliards de francs. Le report d’encaissement des cotisations sociales est quant à lui évalué à environ 15 milliards », avait indiqué Alain Noël Olivier Mekulu Mvondo, le directeur général de la CNPS.
Mais, en dépit de cette augmentation des charges (hausse des allocations et des pensions, paiement des allocations aux salariés des entreprises insolvables…), dans un contexte de réduction des recettes (report du paiement des arriérés de cotisations, extension des délais de paiement…), le fonds de pension du Cameroun a pu remplir ses missions au cours de l’année 2020, parfois avec des résultats plus probants qu’en 2019.
« En 2020, le niveau des prestations sociales payées est de 110,85 milliards de FCFA, en augmentation de 11,9% par rapport à 2019, et de 76,87% par rapport à 2010. Ces prestations sociales ont été payées par la CNPS au profit de 120 819 pensionnés (contre 118 604 en 2019), 76 006 allocataires pour 234 287 enfants (contre 81 283 allocataires pour 226 711 enfants en 2019), et 5 197 crédirentiers contre 5 453 en 2019 », renseigne une source autorisée.
Risque budgétaire
Ces performances de la CNPS recoupent le classement effectué par la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) dans son rapport 2019 sur les entreprises publiques camerounaises. En effet, sur un échantillon de 50 sociétés d’État (la Société nationale des hydrocarbures n’y figure pas), dont les performances ont été analysées, la CNPS est la première des neuf entreprises dites « à potentiel ». Il s’agit, explique la CTR, des seules sociétés d’État ayant « dégagé un résultat d’exploitation et un résultat net positif au 31 décembre 2019, avec des dividendes générés ».
Au demeurant, en dépit de sa bonne santé financière, la CNPS est également classée parmi les entreprises à capitaux publics présentant un risque pour le budget de l’État, à cause d’un endettement jugé élevé. Selon les pointages de la CTR, organisme spécialisé du ministère des Finances, le fonds de pension du Cameroun cumulait des dettes de plus de 250 milliards de FCFA à fin 2019.
Pour rappel, les entreprises publiques au Cameroun produisent généralement de « piètres résultats », selon une analyse du Fonds monétaire international (FMI). En plus de ne pas procurer de dividendes à l’État-actionnaire, et de vivre pour la plupart sur des subventions qui représentent 1% du PIB du pays, selon le ministère des Finances, nombre de ces entreprises affichent un endettement abyssal (2 624,4 milliards FCFA pour 37 entreprises en 2017, NDLR), qui constitue un véritable risque budgétaire pour le Trésor public, selon diverses analyses officielles.
Omer Kamga