(BFI) – Dans son rapport 2019 sur les entreprises publiques, la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), logé au ministère des Finances (Minfi), dresse un tableau alarmant de la Société nationale de raffinage (Sonara), victime d’un grave incendie fin mai 2019.
À en croire cet organe de l’État, chargé du suivi des entreprises publiques, au 31 décembre 2019, cette entreprise pétrolière publique affichait une dégradation de ses fonds propres, passant de -60,3 milliards de FCFA en 2018, à -167,6 milliards de FCFA en 2019.
Après avoir précisé que cette situation « entretient une situation de faillite » au sens de l’Acte uniforme de l’Ohada, la CTR rappelle que les fonds propres de la Sonara sont « inférieurs à la moitié du capital social depuis 2014 ».
Mais, cette diminution progressive des fonds propres n’est pas la seule source d’inquiétude soulignée par la CTR dans son rapport 2019. Cet organe spécialisé du ministère des Finances revient également sur l’endettement de la Sonara, qui, apprend-on, « demeure préoccupant ». En effet, au 31 décembre 2019, cet endettement est évalué à un peu plus de 781 milliards de FCFA, apprend-on.
Cette dette colossale comprend 196,5 milliards de FCFA de dettes financières ; et 454,4 milliards de FCFA de dettes à court terme, dont 351,9 milliards de FCFA de dettes fournisseurs et 139,8 milliards de FCFA de dettes bancaires. De plus, fait remarquer la CTR, les charges de personnels de cette entreprise ont absorbé 2,26% du chiffre d’affaires de l’entreprise de l’exercice 2019.
Propositions
« Compte tenu de la situation actuelle de la Sonara, marquée par un arrêt de la production sur une durée de plus de 15 mois et d’une situation de faillite », la CTR suggère un ensemble de solutions. Il s’agit notamment de « l’ajustement des effectifs en fonction des nouvelles activités de la Sonara, en vue de la réduction de ses charges d’exploitation ; la recapitalisation de la Sonara, à travers la cession partielle des actions de l’État à ses démembrements et/ou aux privés ; l’élaboration d’une structure des prix des produits pétroliers, qui intègre une ligne de “soutien à la raffinerie” assurant une marge minimale de 47,88FCFA/L (déjà26 milliards de FCFA mobilisés au 30 novembre 2020, NDLR), tous produits confondus ».
En outre, selon l’organisme en charge de la réhabilitation des entreprises publiques, le salut de l’unique raffinerie du Cameroun passe par « la finalisation de la restructuration de sa dette ; et l’ouverture à la BEAC nationale d’un compte spécial destiné à recevoir les recettes générées par ce poste “’soutien à la raffinerie”’, avec pour principal objet le paiement des charges liées au remboursement des dettes contractées auprès de ses partenaires et investisseurs financiers, notamment les établissements de crédit locaux, ainsi que les fournisseurs de pétrole brut et des produits pétroliers finis ».
En dehors de ce plan de sauvetage de la Sonara, le gouvernement camerounais ambitionne de reconstruire cette raffinerie, pour un coût estimé à 250 milliards de FCFA. Pour ce faire, l’État du Cameroun a, depuis plusieurs mois, ouvert des discussions avec des partenaires russes.
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