(BFI) – Le fonds panafricain Africa50 et l’agence américaine MCC vont constituer une plateforme commune d’investissements, MIIA. Laquelle permettra aux grands projets à fort impact social de trouver des financements.
La Millennium Challenge Corporation (MCC) et le fonds Africa50 ont signé un protocole d’entente en vue de la conception et du lancement d’une plateforme mondiale d’investissements. Millennium Impact for Infrastructure Accelerator (MIIA) vise à stimuler et attirer des investissements à impact en Afrique, au moyen d’accords d’infrastructure finançables à impacts sociaux et économiques mesurables.
Les investissements via MIIA concerneront des projets dans des secteurs tels que l’eau et l’assainissement, la santé, l’éducation, les transports, l’électricité et les télécommunications. « La MCC et Africa50 ont tous deux fait la preuve d’un engagement institutionnel fort à mobiliser des capitaux pour des projets à fort impact en Afrique », commente le directeur général de la MCC, Sean Cairncross. « Cette nouvelle collaboration permettra de tirer parti de nouvelles opportunités économiques sur le continent. »
De son côté, le directeur général d’Africa50, Alain Ebobissé, se déclare « ravi » de cette association. « Cette initiative importante facilitera notre travail de conception de projets financièrement viables dans toute l’Afrique, avec un impact significatif sur le développement. Elle contribuera également à encourager le financement des infrastructures, l’un de nos principaux mandats. »
Selon McKinsey, la demande mondiale annuelle en matière de développement des infrastructures est de 3 700 de dollars jusqu’en 2035, et les pays en développement devraient représenter environ les deux tiers de toutes les dépenses d’infrastructure.
La BAD (Banque africaine de développement) estime les besoins de financement à 130 à 170 milliards $ par an en Afrique, et les besoins insatisfaits à 68 à 108 milliards $.
Au cœur des partenariats public-privé
L’investissement à impact dans les infrastructures est limité, souvent en raison du manque de projets bancables et de la difficulté à mesurer l’impact des investissements sur le développement. Le MIIA aidera à surmonter ces obstacles grâce à des mécanismes tels qu’un processus de certification de l’impact social et environnemental des projets d’infrastructure.
La plateforme proposera des ressources pour préparer des projets à l’impact certifié, et un cadre permettant la rencontre entre ces projets et les investisseurs. MIIA sera lancé en Afrique conjointement avec Africa50 « qui justifie d’une solide expérience en tant que promoteur de projets et investisseur, d’une connaissance approfondie de la région et d’une influence importante », précise un communiqué de la MCC. L’expérience pourrait se dupliquer dans d’autres continents.
L’accélérateur MIIA s’inscrit dans le cadre de la stratégie de financement mixte de l’agence américaine MCC, qui vise à mobiliser des capitaux privés pour créer de meilleures opportunités et maximiser l’impact de projets qui stimulent la croissance économique et réduisent la pauvreté. Environ les deux tiers du portefeuille de l’agence se trouvent en Afrique.
Cet accord témoigne aussi du dynamisme d’Africa50, la plateforme d’investissement dans les infrastructures africaines. Laquelle regroupe 28 grands investisseurs du continent, Bank Al-Maghrib, BAD, BCEAO, etc.
Par exemple, la plateforme est au capital (33%) du futur aéroport international de Gbessia-Conakry, dont le président de la Guinée, Alpha Condé, a posé la première pierre le 10 octobre.
Le concessionnaire de l’aéroport est également détenu par le gouvernement de Guinée (34%) et le groupe ADP Aéroports de Paris (33%). Un contrat de partenariat public privé porte sur le développement et le financement du projet d’expansion et de modernisation de l’aéroport par la partie privée.
Le succès du projet repose sur la complémentarité des partenaires : le groupe ADP apportera son expertise dans le domaine de l’exploitation aéroportuaire, et Africa50 son savoir-faire en matière de développement, de financement de projets et de relations entre les investisseurs privés et l’État guinéen.
Grâce à cette nouvelle opération, l’aéroport sera en mesure, à la fin des travaux, de doubler la capacité d’accueil à plus de 1,5 million de passagers par an et de quadrupler sa capacité de traitement de fret.
André Noir