(BFI) – Un rapport rendu public lundi dernier à Yaoundé recommande la divulgation de tous les acteurs de la chaîne pour éviter les détournements et blanchiment d’argent.
Beaucoup d’argent circule dans le secteur des industries extractives (mines, minerais, pétrole, etc.). Une partie de ces fonds est utilisée à des fins inavouées, notamment dans les détournements, le blanchiment d’argent et autres transactions transfrontalières frauduleuses ou illégales. Le plus souvent, l’on ignore celui qui se cache derrière les entreprises. Tout ceci fait perdre chaque année au Cameroun et à d’autres pays, des milliards de dollars américains. Et ce n’est pas tout ! La pandémie du Covid-19 a entraîné une chute de la demande des matières premières et des revenus extractifs. Des ressources financières sont donc nécessaires pour la mise en œuvre des projets en vue de l’émergence du Cameroun en 2035. D’où l’importance de la divulgation des propriétaires effectifs des entreprises extractives. C’est en substance ce qu’on retient du rapport sur la propriété effective publié lundi à Yaoundé.
Le ministre des Mines, des Industries et du Développement technologique (Minmidt), Gabriel Dodo Ndoke, vice-président du comité ITIE (initiative pour la transparence dans les industries extractives) a révélé que ce mécanisme de transparence sur tous les acteurs de la chaîne industrielle et les administrateurs des ressources extractives autour des bénéficiaires effectifs des ressources est recommandé, et même essentiel, pour garantir une certaine équité dans la gestion des sommes d’argent importantes qui circulent dans le milieu.
Selon Karim Lourimi du cabinet de consulting BDO qui a mené une étude, elle permet au pays de conceptualiser sa définition du propriétaire effectif et des personnes politiquement exposées. Il précise également que la publication d’informations sur les personnes physiques qui, au final, contrôlent une entreprise ou en tirent bénéfice, peut également contribuer à la lutte contre le détournement de fonds publics, les conflits d’intérêt et l’évasion fiscale. La publication de ce rapport intervient dans un contexte d’accélération de la mise en œuvre de la feuille de route sur la propriété effective adoptée par le comité ITIE en 2016 et de deuxième validation du Cameroun à l’ITIE. D’ailleurs, le respect de ce mécanisme de propriété effective sera pris en compte pour cette validation.
L’on révèle cependant que l’un des défis pour révéler les propriétaires effectifs se situe désormais au niveau des textes d’application pour le premier dispositif et des modalités d’application pour les deux autres. Après cet atelier, il sera question pour le Comité ITIE de réviser la feuille de route sur la propriété effective. Sa mise en œuvre permettra au Cameroun de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à l’anonymat des véritables bénéficiaires des entreprises extractives.
Rémy Ngassana