(BFI) – L’année dernière, une personne sur cinq a souffert de la faim en Afrique. Le rapport annuel sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde montre que les niveaux de sous-alimentation sont comparables à ceux d’il y a quinze ans. En cause notamment, un manque de financement. C’est pourquoi le Fida en charge du financement des projets des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture cherche des solutions innovantes.
Pour atteindre l’objectif « faim 0 » dans le monde d’ici 2030, l’organisation estime qu’il faut investir 480 millions de dollars par an. « Traditionnellement, le Fida est financé uniquement par les contributions des États membres, explique Natalia Toschi, responsable de l’unité financements du Fida (Fonds international de développement agricole), l’argent en provenance des États membres stagne autour de 5% du total de l’aide publique au développement. Et cela est bien sûr dû au fait qu’il y a de nombreuses priorités qui se percutent et pour lesquelles les États membres doivent investir. Il y a des guerres, il y a des crises migratoires. L’agriculture a aussi été considérablement sous-financée. »
« Imaginer des nouveaux instruments »
Il faut donc innover. En 2020, le Fida devient la première institution des Nations à recevoir une notation de crédit sur les marchés. Et en 2022, il émet ses premières obligations durables. « Notre innovation participe à imaginer des nouveaux instruments pour pouvoir investir dans le secteur rural, détaille Bernard Hien, le directeur régional Afrique de l’Ouest et du Centre du Fida, et ces instruments nouveaux, ça peut être par exemple les obligations durables. Le Fida est la première institution spécialisée des Nations unies à recevoir une notation de crédit et à émettre des obligations durables. Nous l’avons commencé en 2022 et jusque-là, nous avons levé 480 millions de dollars auprès des fonds de pension et des assurances. Aujourd’hui même, en réalité, nous avons émis notre première obligation nutrition de 50 millions avec un partenariat avec une mutuelle d’assurance japonaise. Donc ça va nous permettre de mieux prendre en compte les questions de malnutrition dans le projet et de mieux accompagner les pays. Il y a d’autres innovations en matière de financement. Ce n’est pas des instruments d’atténuation des risques ça ? Par exemple les garanties, les financements mais que les cofinancements, les co-investissements donc voilà autant de possibilités qui peuvent accompagner les États. »
Recours au secteur privé
L’objectif est d’attirer le secteur privé à investir dans l’agriculture et les activités rurales. Il existe, pour cela, plusieurs leviers possibles. « Les gestionnaires d’actifs ont de manière croissante un objectif explicite d’investissement dans des titres sécurisés et qui respectent les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, poursuit Natalia Toschi, nos investisseurs typiques sont des fonds de pension, des compagnies d’assurance, qui ont très souvent un mandat social. » Les investisseurs veulent connaître l’impact de l’argent qu’ils nous prêtent. Les projets de la Fida soutiennent 16 des 17 objectifs de développement durables. Et nous disposons d’un cadre de finance durable qui est aligné sur les principes de l’Association internationale des marchés des capitaux.
Pour plus d’efficacité, le Fida expérimente des instruments d’atténuation des risques pour l’investissement, des garanties, des financements de type mixte. Si la tendance n’est pas renversée, le Fida estime que le coût de la malnutrition dans le monde coûtera 12 000 milliards de dollars à la communauté internationale.
Félix Victor Dévaloix