(BFI) – Pour en arriver en 2023, le transport aérien a dû affronter d’immenses défis depuis sa vraie création après la deuxième guerre mondiale.
La sécurité d’abord. Il fallait disposer d’appareils suffisamment fiables pour traverser les océans et se poser dans des conditions météorologiques dégradées en toute sécurité. Cela n’a pas été sans mal. Faut-il rappeler les déboires des premiers avions à réaction, les atterrissages ratés, les angoisses qu’ont dû traverser les passagers et les équipages lorsque les appareils perdaient progressivement l’usage de leurs moteurs pendant la traversée de l’Atlantique ? Mais tout cela est maintenant derrière nous et deux moteurs seulement suffisent à assurer la sécurité de vols transpacifiques, c’est tout dire.
Le contrôle aérien est devenu très performant même s’il reste encore quelques améliorations à apporter dans certains pays. La gestion d’un vol dans un espace aérien même non contrôlé est assurée par les guidages à l’aide des satellites, à tel point que la séparation verticale des aéronefs a été divisée par deux. Alors que l’on craignait un encombrement de l’espace aérien, il n’en est plus question maintenant.
Le confort à bord s’est amélioré considérablement, même dans des avions très densifiés. Il suffit de regarder des films des années 1960 pour voir à quel point les passagers étaient alors tassés les uns sur les autres en classe économique à 6 fauteuils par rangée dans les Boeing 707 moins larges que les Airbus 320. La taille des avions s’est accrue tout en entrainant un séjour à bord plus confortable.
Le marché est toujours là et sa croissance, même ralentie, va encore se poursuivre sous l’impulsion des pays asiatiques, africains et sud-américains dont les populations manifestent un grand besoin de déplacements. Ils représenteront dans dix ans, la majeure partie des clients, sans que pour autant le volume des passagers des pays historiques soit en diminution.
L’écologie n’est plus un sujet de questionnement. Le transport aérien a pris largement ce défi à bras le corps depuis des années ne serait-ce que parce que moins les appareils n’émettent de CO², plus les trajectoires sont améliorées et plus les procédures d’approche sont simplifiées, moins les coûts sont élevés. Pourquoi le transport aérien serait-il réticent à atteindre la neutralité des émissions carbone alors que c’est excellent pour son économie ?
Mais il reste un dernier défi : celui de la communication. Pour des raisons qui sont sans doute proches de la jalousie, le transport aérien a été, et continue, à être montré du doigt comme l’emblème de la pollution terrestre. Et au nom de la préservation de la nature, il est sommé de disparaître ou tout au moins de stopper sa croissance. Ses ennemis sont puissants et très bien organisés. Les écologistes intégristes ont envahi les médias à coup de manifestations pourtant largement condamnables, comme par exemple lorsque certains ont forcé les clôtures de Roissy pour peindre un avion d’Air France en vert. Cette idéologie a même atteint les gouvernants. On a vu récemment la Première Ministre française défendre une écotaxe à payer par le transport aérien et dont le profit serait destiné … à son concurrent ferroviaire. On rêve !
Alors le transport aérien doit réagir, il doit reprendre l’offensive et finalement faire en sorte que son point de vue soit pris en considération. Voilà le grand défi des prochaines années. Les décisions sont prises sous la pression de l’opinion publique qui elle-même est fortement influencée par les médias. Alors il ne faut plus laisser les écologistes monopoliser l’accès à l’information avec d’ailleurs des arguments jamais documentés. Pour ce faire tous les acteurs du transport aérien doivent s’y mettre ensemble et non pas les uns contre les autres comme on a pu le constater dans le passé. Mais pour arriver à cette unité d’action et pour lever les fonds nécessaires, il faut que cette activité soit représentée par une personnalité indiscutable, agréée par tous les acteurs, depuis les constructeurs jusqu’au dernier des sous-traitants.
Qui va incarner la lutte du transport aérien contre non pas l’écologie, mais les écologistes ? Voilà la grande question. Chaque grand combat est incarné par un personnage. Que ce soit Volodymyr Zelinsky pour l’Ukraine, Churchill pour la Grande Bretagne ou Jeanne d’Arc pour la France dans les temps anciens il a toujours fallu personnaliser la résistance.
Le transport aérien attend son porte-parole, non pas pour un pays ou une compagnie, mais pour l’activité toute entière. Et ce n’est pas un mince défi.
Par Jean-Louis BAROUX, Chroniqueur