(BFI) – L’édition 2024 du Rapport de la Commission économique pour l’Afrique des nations Unis (CEA-AC) sur l’état de la diversification économique en Afrique central (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, République Centrafricaine, Tchad) vient d’être publiée. Dans ce manifeste de plus de 80 pages, il ressort que la diversification dans ces pays d’Afrique reste un défi malgré les réforme visant à l’accélérer et en dépit de son abondance en ressources naturelles, notamment pétrolière.
Selon le rapport de la CEA, l’activité économique en Afrique centrale en 2023 a été relativement moins dynamique qu’en 2022. La croissance moyenne du PIB réel y était de 3,4 % contre 4,9 % l’année précédente. Ce ralentissement de la croissance s’explique par plusieurs facteurs internes et externes parmi lesquels la faiblesse de la demande mondiale qui a eu une incidence sur la performance des exportations, les phénomènes météorologiques induits par le changement climatique qui ont compromis la production agricole, ou encore des poches d’instabilité politique et de conflits dans certains pays de la sous-région. L’Afrique centrale continue de faire, néanmoins, preuve de résilience avec une croissance du PIB réel qui devrait atteindre en moyenne 3,5 % sur la période 2024-2025.
Cette croissance, qui reste caractérisée par la prédominance des produits primaires dans le système productif ainsi qu’un faible niveau d’inclusion, révèle que la diversification économique constitue toujours un défi pour les pays d’Afrique centrale, malgré les réformes visant à accélérer cette dernière.
Faisant suite aux travaux de la deuxième session conjointe du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et d’experts (CIE) d’Afrique centrale et de l’Est qui s’est tenue à Bujumbura en septembre 2023, le rapport se focalise sur « les questions de recherche et d’innovation technologiques » en étendant le champ d’application de ces dernières au processus d’industrialisation et de diversification économique en Afrique centrale. La présente édition soutient que « si l’industrialisation, à travers l’essor d’un secteur manufacturier dynamique, est essentielle pour bâtir des économies plus résilientes et ainsi pérenniser le développement à long terme de l’Afrique centrale, il est tout aussi important de se doter d’une politique déterminée et volontariste d’appropriation des technologies, utiles au processus d’industrialisation et de diversification économique ».
L’Afrique centrale a également fait preuve de résilience en 2023 face aux multiples chocs internes et externes avec une croissance moyenne du PIB réel qui s’est établie à 3,4 % contre 4,9 % en 2022. Ceci est dû à plusieurs facteurs, parmi lesquels la faiblesse de la demande mondiale qui grève les performances des exportations.
S’agissant de l’évolution des prix, le rapport note que « la sous-région reste toujours confrontée à de fortes pressions inflationnistes. Le taux d’inflation en 2023 s’est établi à 12,1 % en moyenne annuelle reflétant la persistance des prix élevés des denrées alimentaires due notamment aux déséquilibres entre l’offre et la demande sur les marchés alimentaires nationaux et mondiaux. Par ailleurs, les prix élevés de l’énergie avec les effets d’entraînement sur les coûts de production (transport, etc.), ont contribué à maintenir les pressions inflationnistes. L’inflation resterait élevée en 2024 et 2025 en moyenne et atteindrait 13,5 % ».
Au de-là de ces aléas, l’institution onusienne souligne que la diversification économique reste un défi de taille pour les pays d’Afrique centrale, malgré leur dotation abondante en ressources naturelles, notamment pétrolières. Étant donné la complexité du processus de diversification économique, lequel désigne l’expansion des capacités productives d’une économie à travers une gamme plus large de secteurs, de technologies et d’intrants, « il est crucial pour la sous-région de développer des capacités solides en matière de recherche et d’innovation » recommande le rapport.
L’atteinte de cet objectif nécessite notamment de : renforcer les systèmes nationaux et régionaux de recherche et d’innovation (à travers notamment l’augmentation des investissements publics dans la R-D), développer le capital humain et les compétences essentiels en sciences et technologies, promouvoir l’adoption des technologies numériques, favoriser l’innovation dans les secteurs prioritaires pour la diversification (agro-industrie, énergies renouvelables, industrie manufacturière, services à forte valeur ajoutée), mobiliser des financements innovants pour la recherche et l’innovation.
Paul Nkala