(BFI) – Du 28 octobre au 1er novembre 2024, Yaoundé accueille les réunions statutaires de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO). Ce rassemblement comprend la 19e réunion ordinaire du conseil exécutif et la 46e session ordinaire du conseil des ministres.
Parmi les thèmes centraux figurent la mise en place de la Banque africaine de l’énergie (AEB), initiative conjointe avec la Banque africaine d’import-export (Afreximbank). Elles se tiennent dans un contexte délicat, où l’industrie pétrolière et gazière fait face à des défis financiers accentués par la transition énergétique mondiale et les effets persistants de la pandémie de Covid-19. La création de l’AEB, une initiative conjointe de l’APPO et de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), vise à relever ces défis en compensant le retrait progressif des bailleurs de fonds traditionnels, qui deviennent de plus en plus réticents à financer des projets énergétiques, en raison de préoccupations croissantes liées au changement climatique.
Pour le Cameroun, l’établissement de l’AEB représente une opportunité unique d’attirer des investissements dans son secteur pétrolier. Avec ses vastes ressources en pétrole et en gaz, le pays doit surmonter des obstacles financiers pour moderniser et développer ses infrastructures énergétiques. Un meilleur accès aux financements pourrait faciliter la construction de pipelines, de raffineries et d’autres installations essentielles, stimulant ainsi la croissance économique durable et créant des milliers d’emplois directs et indirects. L’AEB n’est pas seulement une opportunité économique, elle constitue également une réponse aux préoccupations environnementales croissantes. En encourageant l’adoption de technologies plus propres, la banque alignera le Cameroun et d’autres nations africaines sur les objectifs globaux de transition énergétique. En intégrant des pratiques durables, le pays pourra mieux protéger ses ressources naturelles et se positionner comme un acteur responsable sur la scène énergétique mondiale.
Les discussions sur l’AEB ont débuté avec la signature d’un protocole d’accord en mai 2022 à Luanda, en Angola. Un groupe de travail a été mis en place pour élaborer les documents fondateurs de l’institution. Après un processus de sélection rigoureux, la ville d’Abuja, au Nigeria, a été désignée comme siège de la Banque lors de la 45e session du conseil des ministres de l’APPO. Le 4 juin 2024, l’Accord d’établissement et la charte de la Banque ont été signés au Caire, marquant une étape décisive dans la concrétisation de cette initiative. Actuellement, 45 % des 5 milliards de dollars prévus pour le capital social de l’AEB ont été mobilisés, comme l’a souligné le secrétaire général de l’APPO, Omar Farouk Ibrahim, lors d’un point de presse le 27 octobre dernier à Yaoundé. À moins d’un changement de dernière minute, le démarrage des activités de la Banque devrait être confirmé à l’issue de la 46e session du conseil des ministres prévue ce vendredi 1er novembre.
Fondée le 27 janvier 1987 à Lagos, au Nigeria, l’APPO a évolué d’une simple association de 8 pays membres à une organisation intergouvernementale regroupant aujourd’hui 18 États, dont le Cameroun, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Elle sert de plateforme de coopération entre les pays producteurs de pétrole et de gaz en Afrique, facilitant l’échange de meilleures pratiques et le développement de politiques énergétiques communes. La présidence de l’APPO est actuellement assurée par Adolphe Moudiki, administrateur directeur général de la SNH. Selon cette société publique de pétrole, le Cameroun a encaissé 174,2 milliards de FCFA de revenus pétroliers entre janvier et avril 2024. Sur cette période, 12,7 millions de barils équivalent pétrole ont été produits, dont 922,3 millions m3 de gaz naturel et 7,5 millions de barils de brut. Le pays prévoit de mobiliser 801,6 milliards de FCFA au titre de recettes pétrolières en 2024.