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Vaccins et dette : un même combat pour l’Afrique

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(BFI) – Pour éviter une catastrophe sur le continent, les pays riches doivent accélérer sur l’aide médicale et l’allègement de la dette, et les États africains sur le renforcement de leur gouvernance, défend Rabah Arezki, économiste en chef de la BAD.

Alors que la reprise économique faisant suite aux conséquences économiques de la pandémie est en marche, les pays les plus riches semblent progresser plus rapidement que l’Afrique, où vivent 60% des pauvres du monde. L’Asie, notamment la Chine, mène la reprise mondiale, suivie des États-Unis et d’autres économies avancées.

L’inflation est à craindre

Derrière les meilleures perspectives de ces économies se cachent un accès disproportionné aux vaccins et l’utilisation de montants massifs de mesures de relance budgétaire et monétaire, totalisant des milliards de dollars.

L’inquiétude commence même à croître : le risque de récession fait place à la crainte d’un risque de surchauffe et d’inflation dans certaines économies en raison de la nature surdimensionnée des mesures de relance – en particulier les États-Unis, qui ont récemment adopté un paquet de 1,9 milliard de dollars pour lutter contre les effets du Covid-19.

En revanche, l’Afrique est rongée par l’incertitude de la reprise économique. En raison de sa population nombreuse – 1,2 milliard de personnes –, un développement de la maladie sur le continent pèserait lourdement sur le monde.

Mesures audacieuses et changement radical

La reprise post-Covid-19 en Afrique dépendra entre autres de deux facteurs: les vaccins et la dette. Sur ces deux points, les pays riches ont jusqu’à présent sous-estimé la nécessité de prendre des mesures plus audacieuses et plus rapides pour faire face à cette double crise. Ces actions de la communauté internationale devraient s’accompagner d’un changement radical de gouvernance des pays africains.

L’accès aux vaccins, aux niveaux à la fois mondial et africain, aidera à déterminer quand le continent pourra vraiment rouvrir ses portes aux entreprises, y compris au crucial secteur touristique, qui a été dévasté.

La reprise économique dans ce dernier secteur, en particulier en Afrique, sera lente, car il existe un risque de résurgence de la pandémie en raison de nouveaux variants, dont l’un s’est propagé de l’Afrique du Sud à ses voisins.

Nécessité d’une réponse élargie

La communauté internationale, en particulier les pays les plus riches, doit agir sur plusieurs fronts. L’expérience antérieure dans la lutte contre la variole suggère que le rapport avantages-coûts pour aider à son éradication dépassait 400:1.

De la même façon, le coût de l’inaction, à la fois économique et social, serait énorme. Les bénéfices d’une réponse élargie et coordonnée de la communauté internationale sont, eux, colossaux.

Il faut limiter la thésaurisation des vaccins par les pays plus riches et encourager la distribution en amont via le mécanisme Covax, l’effort multinational visant à fournir des vaccins aux pays pauvres et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.

Permettre la production de masse

Au rythme actuel, l’Afrique n’atteindra pas l’immunité collective rapidement. Ce retard pourrait favoriser l’émergence de nouvelles souches du coronavirus, ce qui risque de conduire à une catastrophe économique et humanitaire.

Les économies avancées devraient cesser de s’opposer à la levée temporaire des brevets pour permettre la production de masse de vaccins génériques.

Cela réduirait les prix et augmenterait l’offre de vaccins, ce qui contribuerait à garantir la fin de la pandémie et à éviter une catastrophe économique et humanitaire.

Transparence des gouvernements

Les pays africains doivent également œuvrer pour garantir une transparence et une équité maximales dans la distribution du vaccin, notamment en renforçant les chaînes logistiques.

Que ce soit pour la distribution de vaccins ou d’autres formes d’aide, comme les transferts de revenus, la crise du Covid-19 a mis en lumière que la transparence et la responsabilité des gouvernements constituaient des éléments fondamentaux de la confiance des citoyens dans leurs

En outre, comme l’a montré la lutte contre le virus Ebola, s’appuyer sur des approches communautaires peut aider à renforcer les efforts des gouvernements.

Le surendettement, l’autre obstacle à la reprise

Le surendettement est l’autre obstacle que le continent doit surmonter pour assurer la reprise. Plusieurs pays africains ont manqué à leurs obligations souveraines en 2020, notamment la Zambie, et ces défauts devraient s’accélérer en 2021 car les matelas budgétaires et monétaires sont épuisés.

Empêcher un endettement si élevé qu’aucun emprunt supplémentaire n’est possible et assurer une résolution ordonnée de la dette sont des priorités absolues. Le cadre commun du G20 adopté en novembre 2020 laisse espérer un allègement bilatéral de la dette publique, ainsi qu’un allégement des créanciers privés à des conditions comparables pour les pays les plus pauvres.

Mais la coordination aux niveaux régional et mondial sera essentielle. Certaines agences de notation ont averti les pays sollicitant l’aide du G20 qu’ils risquaient d’être déclassés. Cela renforcera probablement la peur que les pays ont généralement de perdre leur accès aux marchés financiers en sollicitant un allègement de la dette.

Historiquement, cependant, attendre trop longtemps pour restructurer la dette s’est avéré coûteux pour le continent. La justification de ces actions extraordinaires pour coordonner une réponse systématique à la crise de la dette est conforme à l’impératif d’une coordination mondiale pour éradiquer le virus.

Promouvoir à la fois la discipline et la solidarité

Les banques régionales de développement peuvent jouer un rôle important dans la coordination et le soutien aux pays qui tentent de faire face au fardeau de la dette et de relancer la croissance. Mais, encore une fois, les pays en développement doivent prendre leur part.

La reconstruction de systèmes de gouvernance solides, peut-être par le biais de règles budgétaires et de conseils budgétaires – aux niveaux national et régional – pour promouvoir à la fois la discipline et la solidarité sera cruciale.

Il est essentiel de veiller à ce que les fonds soient utilisés de manière appropriée en éliminant la corruption et la fuite des capitaux grâce à une plus grande transparence dans les flux de fonds. Une gouvernance plus solide aiderait à relancer la croissance et à aligner les incitations des débiteurs et des créanciers. Seule la croissance économique peut permettre une résolution systématique et ordonnée de la dette.

Par Rabah Arezki, Économiste en chef et vice-président chargé de la gouvernance économique et de la gestion des connaissances de la BAD

Rédaction
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