(BFI) – Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime à 87,9 milliards Fcfa (156,2 millions de dollars) les ressources nécessaires pour mener ses opérations au Cameroun en 2026. Or, à ce jour, les contributions des bailleurs ne s’élèvent qu’à 7,1 millions de dollars, laissant un déficit critique de 82,3 milliards FCFA (149,1 millions de dolalrs), soit 95 % du financement attendu. Ce constat, rendu public le 5 décembre lors de la mise à jour opérationnelle du PAM au Cameroun, fait peser une menace sérieuse sur la continuité de l’aide humanitaire dans le pays.
Ainsi, en raison d’un manque important de ressources, le PAM prévoit la suspension de « tout soutien nutritionnel » à un an de la fin de son Plan stratégique national (CSP 2022-2026). L’organe envisage aussi de réduire de moitié le nombre d’écoliers bénéficiant de l’alimentation scolaire. Le comité explique que « sans financement immédiat, 428 000 personnes parmi les plus vulnérables risquent de perdre l’aide alimentaire qui leur est vitale ; 210 000 enfants et mères risquent de perdre un soutien nutritionnel vital et 60 000 enfants cesseront de recevoir des repas scolaires » dès l’année prochaine.
Le programme onusien avait déjà procédé à une réduction de 50% des rations distribuées pour l’aide d’urgence en avril 2024, entraînant une réduction considérable du nombre de personnes aidées. Ainsi, ayant tout juste mobilisé 15,7 millions de dollars durant toute l’année, ce sont 1,08 million de personnes (dont 108 080 réfugiés centrafricains et nigérians) qui ont bénéficié de l’action du PAM durant l’année 2024, sur 2,6 millions de nécessiteux. A date, ce nombre a encore reculé pour tomber à 797 026 bénéficiaires entre janvier et octobre 2025.
Une situation sensible quand on sait que l’insécurité alimentaire s’est accentuée de 3 points de pourcentage du fait des graves inondations qui ont entraîné des pertes de production et de moyens de subsistance, la hausse des prix des denrées alimentaires de base et les conflits. Selon l’Institut national de la statistique, le coût des denrées alimentaires au Cameroun a augmenté de 6,8 % en juin 2025 par rapport à la même période il y a un an.
Toutefois, l’organe humanitaire se dit optimiste et déterminé à maximiser l’impact des ressources disponibles. Il assure de fait que si des fonds supplémentaires sont obtenus entre décembre 2025 et mai 2026, la priorité sera donnée au maintien des opérations vitales pour les réfugiés, les personnes déplacées, les rapatriés et les enfants souffrant de malnutrition les plus vulnérables. « Le PAM lance un appel urgent aux donateurs afin de permettre la poursuite de l’aide alimentaire et nutritionnelle aux personnes touchées par la crise au Cameroun, qui reste le pays avec la crise de déplacés la plus négligée au monde », a exprimé Aboubacar Guindo, responsable adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM) au Cameroun.
A noter que le Cameroun est le 2e pays de la CEMAC, où le PAM est sur le point de cesser toute activité à cause des contraintes financières. Le premier étant le Tchad. L’organe onusien avait annoncé en mars 2024 la possible suspension de son aide humanitaire dans le pays de Toumaï face à un important déficit de financement atteignant alors 242 millions de dollars américains (environ 145,7 milliards FCFA).




