(BFI) – La Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), basée à Libreville, la capitale gabonaise, a marqué son accord officiel à l’Etat du Cameroun pour le lancement de son emprunt obligataire 2022 le 29 avril dernier. « L’État du Cameroun est autorisé à effectuer une opération d’emprunt obligataire par appel public à l’épargne, pour un montant de deux cents milliards de FCFA », peut-on lire dans la décision signée par le président de la Cosumaf, le Tchadien Nagoum Yamassoum.
Selon les responsables du ministère des Finances, ce quitus du régulateur de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac) ouvre ainsi la voie à la campagne de communication autour de cette opération de levée de fonds, ainsi qu’au road-show qui consistera à intéresser les investisseurs à souscrire. En plus de permettre l’enclenchement de la phase opérationnelle de l’emprunt, la décision du président de la Cosumaf révèle que l’appel public à l’épargne que se prépare à lancer l’État du Cameroun est assorti d’un taux d’intérêt de 6,25%, pour une maturité de 7 ans (dont 2 ans de différé).
La note d’information validée par le régulateur, et dont Investir au Cameroun a pu obtenir copie, révèle que les arrangeurs du 6e emprunt obligataire de l’histoire des finances publiques camerounaises ont ratissé large pour constituer le syndicat de placement. Au total, apprend-on, les souscriptions pourront se faire auprès de 27 banques et autres sociétés de bourse agréées dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale).
Cette armada de placeurs ne devrait pas avoir trop de mal à obtenir auprès des investisseurs institutionnels et du grand public, l’enveloppe de 19,5 milliards de FCFA restante pour compléter les 180,5 milliards de FCFA de prises fermes déjà garanties par les quatre arrangeurs de l’opération (BGFI Bourse, Afriland Bourse & Investissement, Société Générale Capital Securities Central Africa et Upline Securities Central Africa).
Plus de 141 milliards de FCFA pour les routes
Les 200 milliards de FCFA à mobiliser serviront à réaliser des projets d’infrastructures dans le pays. À en croire les détails contenus dans la note d’information, la plus grosse enveloppe sera allouée aux infrastructures routières. L’État du Cameroun entend y injecter un peu plus de 141 milliards de FCFA, soit 70,5% de l’enveloppe recherchée. 17 milliards de FCFA seront par exemple affectés au projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala (phase 1), 55 milliards de FCFA aux projets routiers en cours dans le cadre du Plan d’urgence triennal (Planut), 8 milliards de FCFA aux travaux de désenclavement du bassin agricole de l’Ouest, 5 milliards de FCFA aux travaux de bitumage de la route Mengong-Sangmélima (73 km), etc.
Dans le même temps, les travaux d’aménagement urbain devraient engloutir 19 milliards de FCFA, contre 17,4 milliards de FCFA pour les infrastructures énergétiques et d’adduction d’eau potable. Sur ce volet, apprend-on, une enveloppe de 7 milliards de FCFA sera par exemple allouée à la construction de l’usine de pied du barrage de Lom Pangar, tandis que 5 milliards de FCFA permettront de compléter la contribution de l’État pour le projet d’aménagement hydroélectrique de Memvé’élé (211 MW). La construction d’une ligne de transport de 400 kV entre le barrage de Nachtigal et Bafoussam engloutira un milliard de FCFA, contre 3 milliards de FCFA pour le projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé à partir de la Sanaga (Paepys)…
Par ailleurs, 15 milliards de FCFA seront dévolus aux travaux d’extension du port en eau profonde de Kribi (phase 2), tandis qu’une enveloppe de 4,5 milliards de FCFA est prévue pour le programme de reconstruction de la région de l’Extrême-Nord, qui a été partiellement détruite par les attaques de la secte islamiste nigériane Boko Haram.