(BFI) – La Commission pour le dialogue social dans le secteur des hydrocarbures était censée, le 13 octobre 2025, relancer des travaux qui peinent à avancer. Alors que les différentes parties s’étaient accordées sur un chronogramme, le 3 octobre dernier, TotalEnergies EP Gabon a décliné sa participation à la rencontre prévue jusqu’au 17 octobre prochain. Aussitôt, l’Onep, informée de cette décision par le président de la Commission, n’a pas été d’accord. Et elle l’a fait savoir.
Dans un courrier daté du 10 octobre 2025, Sylvain Mayabi Binet, secrétaire général de l’Organisation nationale des employés du pétrole, a adressé un avertissement ferme à la filiale gabonaise du groupe pétrolier français par l’intermédiaire de la Commission, dénonçant son refus de participer aux travaux censés apaiser un climat social qui s’est peu à peu tendu ces derniers mois, notamment sur la question de la sous-traitance et de la mise à disposition des travailleurs. Si la multinationale pétrolière a bel et bien justifié son absence, ses raisons sont jugées «dilatoires» par le syndicat. «La raison évoquée par TotalEnergies relève du dilatoire habituel qui caractérise la direction générale de cette entreprise», fustige l’Onep dans sa lettre officielle.
Il faut reconnaître que le refus de TotalEnergies EP Gabon intervient dans un contexte tendu, marqué par deux années de négociations laborieuses entre les partenaires sociaux et les opérateurs pétroliers. Le syndicat rappelle que les ministres du Pétrole et du Gaz, ainsi que du Travail, attendent un point d’étape sur l’application des résolutions issues de la rencontre du 10 septembre 2025. Ces engagements, censés mettre fin à une série de conflits sociaux, doivent être pleinement mis en œuvre d’ici décembre.
Ce désaccord intervient alors que le gouvernement de transition, engagé dans une réforme de la gouvernance économique, cherche à instaurer un dialogue social structuré dans le pétrole et le gaz. Selon la Banque mondiale, le secteur a représenté près de 50 % des recettes publiques et 65 % des exportations nationales en 2024.
Créée par l’arrêté présidentiel n°024/PT-PR du 16 avril 2024, la Commission du dialogue social vise à renforcer la concertation entre gouvernement, syndicats et opérateurs pétroliers. Rattachée directement à la présidence de la République, elle dispose d’un accès aux informations nécessaires auprès des entreprises et est habilitée à proposer des réformes en matière de conditions de travail, de sous-traitance et de statut des personnels mis à disposition.
Alors que les rencontres avec les ministres concernés approchent, le bras de fer entre l’Onep et TotalEnergies EP Gabon pourrait raviver les inquiétudes sur la stabilité sociale du secteur.
Antoine Mboussi